C'est un peu la disette vidéoludique depuis la fin du mois de mai. Pas de jeux mémorables en Juin à part Metal Gear Solid : Peacewalker. Et rien avant Starcraft 2. Crackdown 2, ne compte pas vraiment... Sauf qu'il y a une petite lumière qui s'agite. En fait, ça ressemble surtout à un pirate blond maigrichon avec une barbichette... Mais oui, Guybrush Threepwood est de retour. Enfin, de retour, tout est relatif. Je vous raconte tout dans ce mini-test (c'est nouveau) des Pifboum Chronicles. Sans bourre-pifs, ni explosions (ou si peu) pourtant...

Monkey Island 2 : LeChuck's Revenge - Special Edition

Plates-Formes : disponible en téléchargement sur Xbox 360, PS3 et PC .
Test effectué sur : Xbox 360 et voix anglaises
Date de sortie PAL : 6 Juillet 2010
Editeur : LucasArts
Développeur : LucasArts

Il y a un an, Lucasarts nous offrait l'édition spéciale de Secret of Monkey Island. . Décors et personnages refaits, rajouts du voice acting, système d'indices pour les quichons et les feignasses, nouvelle interface de navigation et d'interaction. Le tout sans toucher aux énigmes ou aux dialogues d'un poil. Un "remake" tout ce qu'il y a de plus fidèle du premier épisode (datant de 1990) d'une saga mythique du point & click. Le deuxième épisode (sorti lui en 91) a subi le même traitement.

"I can't make the one thing this island could really use... a voodoo doll of Largo LaGrande!"
Guybrush Threepwood, pirate de son état, se rend compte que la terre entière commence un tout petit peu à avoir marre de l'entendre raconter comment il a battu le pirate fantôme LeChuck a la fin du premier épisode. C'est pourquoi il est actuellement sur Scabb Island à la recherche d'un bateau et d'indices pouvant le mener au légendaire trésor de Big Whoop. Ses recherches sont malheureusement interrompues de manière assez rude quand Largo Lagrande lui rackette ses effets personnels et son argent. Guybrush se retrouve alors à suivre à nouveau les conseils de Lady Voodoo pour récupérer ses affaires et foutre le camp. S'il n'y avait que ça...

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la série. Monkey Island c'est toujours un scénario qui part dans tous les sens mais intelligent, un héros faible mais très fourbe et des énigmes logiques dans leur non-sens. Cette fois-ci, bien que vous ne posiez jamais les pieds sur la fameuse ile aux singes, le scénario justifie assez bien les extravagances des énigmes tout en se payant le luxe d'être aussi une métaphore pour un spoiler que je ne dévoilerai pas ici. Je m'arrête là, je ne veux pas vous gâcher les dernières minutes du jeu et l'une des fins les plus discutées de l'histoire du jeu vidéo. Sans compter que vous allez rire. Entre les dialogues impeccables, les suppression du 4eme mur, les références à d'autres licences Lucasart, ou les situations idiotes, on s'amuse en continu des (mes)aventures de Mr Threepwood...


L'antre de Mama Vaudou. On dirait pas comme ça, mais c'est surement là qu'on se bidonne le plus.

"If I could just reach my pirate utility belt... "
Le principe est simple et limpide. En combinant des objets, les utilisant avec d'autres élements et en discutant avec les habitants, vous progressez vers la suite de l'histoire. C'est tout bête et pourtant, c'est diablement fonctionnel.

Le moteur de jeu SCUMM a cette fois ci été parfaitement adapté à l'êre "Acheuday". On déplace toujours notre souris à l'endroit où l'on veut que Guybrush se rende. Mais en cliquant sur un objet ou une personne, une roue des actions disponibles s'affiche, il ne vous reste plus qu'à sélectionner celle qui vous fait de l'oeil. Ca s'utilise très instinctivement, même à la manette. Seul bémol, sur certaines actions limitées dans le temps, ça peut ruiner votre opération. Mais vu leur faible nombre, on passera l'éponge. Un nouveau mode de déplacement a été mis en place pour ressembler à un plate-former 2D mais c'est assez désagréable.


C'est toujours quand j'ai besoin d'une blague sur les gros qu'aucune ne me vient en tête.

Contrairement aux autres opus où vous réglez toutes les énigmes d'une ile avant de passer à la suivante, toute la partie centrale du jeu est consacrée à 3 iles. Vous pouvez aller librement de l'une à l'autre, mais certains objets de l'une sont nécéssaires à la résolution d'un cas de l'autre qui en retour doit donner un outil impératif pour un dernier casse-tête sur la 3e. Et rebelotte. De quoi péter une durite. Mais c'est ce qui fait le charme des point & click, vous êtes là pour réfléchir, vous creusez les méninges, essayer de comprendre la façon tordue de penser des développeurs et faire progresser Guybrush pas à pas. Surtout que comme dit précédemment, tout est drôle, même les échecs. Le seul moment du jeu où l'on peut mourir donne d'ailleurs droit au visionnage d'un des segments les plus idiots du soft. Sachez cependant que rien n'est éliminatoire. Pas besoin de recharger une sauvegarde d'il y a 2h car vous aviez oublié un os caché dans un coin du cimetière.

Et puis vraiment si vous êtes mauvais ou juste un peu perdu, un système d'indice progressif à 3 ou 4 étapes est implémenté. Sans jamais trop vous donner la réponse, le jeu essayera de vous guider en vous faisant comprendre la démarche intellectuelle à adopter sans jamais tout vous vous offrir sur un plateau. A cela s'ajoute la possibilité de surligner tout ce avec quoi il est possible d'interagir, afin de ne rien louper. De quoi plaire aux plus hardcore comme aux débutants. J'en déconseille l'utilisation, voir les pièces du puzzle s'assembler petit à petit, surtout dans un environnement très large comme celui-ci, est un vrai plaisir.


Ici, j'utilise un singe caché dans mon veston pour actionner cette pompe et faire disparaitre la cascade. Quand je vous dis que c'est logique...

"Have you ever tried conditioner on that beard?"
Techniquement, il ne faut pas s'attendre à un truc qui vous explosera les yeux. Non, c'est beau et l'adaptation des bouts de pixels est efficace, on en restera là. Surtout que les animations n'ont pas été vraiment rattrapées donc c'est toujours haché. Par contre, il suffit d'un bouton pour revenir aux graphismes et à l'interface de 1991 et ça c'est bisou, comme on dit par chez nous. Comparer les deux est un excellent témoin du travail fait par les équipes de Lucas Arts pour donner une seconde jeunesse à Guybrush. On se rend cependant compte à cette occasion que il y a eu quelques mouches dans le potage. Certains objets sont clairement moins discernables dans la nouvelle version. J'ai perdu quelques cheveux sur l'énigme du rat à cause de ça mais je pardonne.
J'ai le pardon facile, pas comme Roger Hanin (attention nanard).

Dominic Armato reprend à nouveau le rôle de Guybrush est nous délivre encore et toujours une belle performance de voice-acting. Il est bien accompagné. Adapter des dialogues qui n'étaient qu'écrits dans la version originale n'a jamais paru aussi simple. Toutes les musiques gérées par Imuse (premier moteur de son synchronisant la musique d'ambiance avec les actions du joueur) sont également présentes en version remastérisées. Et si elles ne sont pas toutes mémorables, elles adhérent parfaitement à l'esprit du jeu.
Petit bonus supplémentaires, certaines scènes disposent d'un director's cut ou 3 des créateurs du jeu se rappellent des origines de certaines scènes... Certaines sont intéressantes, d'autres sont juste des private jokes. Un peu gadget mais on apprécie l'idée.

Ah oui, tiens, sur le Xbox Live, il y a des succès. Comme sur le précédent, rien d'intéressant. On vous incite bien sûr à faire le jeu sans indices et à accomplir certaines taches qui semblent "naturelles" lors de la progression du jeu. Honnêtement qui ne tombera pas sur le téléphone pour la hotline de LucasArt ? Pire, celui demandant de faire le jeu en 3h ruine le jeu pour les nouveaux, vu que pour cela, il faut soit connaitre le jeu presque par coeur (ou cheater), soit zapper la moitié des dialogues.
Pas vraiment une bonne liste. Surtout vu que la découverte fait tout le sel des point & click.
Un petit mot sur la durée de vie, elle dépendra essentiellement de votre habilité et connaissance de la logique "Monkey", ça peut aller de 5-6h à 15...


Une comparaison en images est plus parlante que milles mots. La prochaine fois je fais une chronique tout en screenshots.

En conclusion. Avec juste un petit lifting, 19ans après, Monkey Island 2 tient encore la dragée haute aux point & click d'aujourd'hui. Énigmes de qualité, humour idiot, réalisation digne, tout est là. A 10euros, vous auriez tort de vous priver. Les vieux fans apprécieront le traitement d'un des plus grands jeux d'aventure de tous les temps et les jeunes auront le plaisir de le découvrir dans une version un peu plus "user-friendly". Et puis tant que vous y êtes, si vous découvrez la saga, prenez le 1er aussi, il est au même prix et vous profiterez encore mieux du second. Merci Lucasarts. [8]