Vous aimez les fouets et les donjons ? Le pied c'est de souffrir en pleurant "promis, je ne le referais plus, maitre" ? Non, vous n'êtes pas forcément porté sur le BDSM, mais juste fan de Castlevania et de sa difficulté légendaire. Comment la saga légendaire s'en tire-t-elle sur Console "Next-Gen" ? La réponse dans ce Pifboum Chronicles toujours made in Fureur.

Castlevania : Lords of Shadow

Plate-Forme : Xbox 360 / PS3
Test effectué sur : Xbox 360 et voix anglaises.
Date de sortie : 7 Octobre 2010.
Editeur : Konami
Développeur : Mercury Steam / Kojima Productions

Considérés comme des classiques en format 2D depuis la NES, les essais 3D de la série Castlevania ont donné des épisodes honorables sur PS2 et des désastres sur N64. Rien de concluant cependant. Entre temps, Dracula a été vaincu à toutes les époques depuis l'an 1000 et la frange chronologique devenait colossalle et peu compréhensible pour les néophytes. Et puis au fil des années, la saga a perdu de son aura, ne fait plus vendre autant qu'avant. Alors on reprend tout à zéro, on reboote, on se la joue "spectacular first issue" comme les comics et c'est parti et on ajoute du Kojima Prod dedans. Oh et laissez vos préconceptions sur la saga de coté, c'est un conseil d'ami.

An Epic of epic epicness
Nous sommes en 1047. La fin des temps. Le lien entre la terre et le ciel a été rompu et désormais ce sont les monstres et les bêtes sataniques qui font la loi. Loup-Garous, trolls, vampires et autre zombies terrorisent les humains.
Gabriel Belmont membre de la confrérie de la lumière est à la recherche du Masque de Dieu qui devrait lui permettre de redonner vie à sa femme et restaurer un semblant de paix dans le monde. Epié par son allié Zobek et armé de sa croix de combat, sorte de grand fouet métallique et, il part en quête d'un masque bien mieux gardé qu'il ne le pense.

On a dit reboot. On repart sur de nouvelles bases et visiblement au début. Pas forcément de mention de Dracula, les Belmont ne sont pas considéré comme des légendes et la fameuse croix n'obtient son surnom de Vampire Killer que vers le milieu du jeu. Ce n'est pas pour ça que l'on a pas le droit à une histoire correcte portée par Robert Carlyle et Patrick Stewart. Si l'on finit par soupçonner un twist de fin, on est tout de même surpris par l'enchainement de ceux-ci avant et après le boss final. La dernière séquence est d'ailleurs bien abusée. C'est dommage les 20 dernières minutes ruinent un peu une histoire autrement solide -bien que simpliste- de rédemption et de descente aux enfers. Reste une ambiance impeccable nous emmenant dans des endroits variés et un univers riche qui ne se livre vraiment qu'à ceux qui voudront bien l'effort d'être attentif et de retenir les détails. Sans compter la lecture de l'encyclopédie disponible dans les menus et les parchemins retrouvés sur les corps des soldats.


Et puis mince, le retour à un héros mal rasé à la mâchoire carrée et bien viril, ça fait plaisir. J'aime bien Alucard et ses potes mais les bishonen, ça va 5 minutes.

Taper ou ne pas taper.
Il y a réellement 3 types de gameplay dans Lords of Shadow. La baston, la plate-forme et les énigmes. Les 3 éléments ont toutefois la politesse d'être clairement séparés sur certains niveaux ou profondément entrelacés et complémentaires dans d'autres. Il y en a pour tous les gouts.

La base du jeu reste tout de même le combat. Le système de départ est assez simple. Un bouton pour les attaques verticales, puissantes mais localisées et les attaques horizontales, moins dévastatrices mais couvrant une plus large surface. Un bouton de de protection qui peut servir également de contre si pressé au moment où l'ennemi vous attaque. Il permet aussi de faire moult roulades et esquives. Bien sûr, avec l'XP gagnée, on peut acheter de nouvelles attaques et combos. La vie ne se régénère pas, il faut trouver de rares fontaines. C'est du déja vu. God of War, Devil May Cry, tout ça. En plus les caméras étant fixes, elles viennent parfois gêner l'action en nous cachant un ennemi crucial. Ca reste rare, mais les quelques évènements de ce type vous irriteront au plus haut point.


Dit comme ça, on pourrait croire que les bastons fouettent.

Et puis on finit par gagner deux médaillons. Un pour la lumière, un pour les ténèbres. Cela fait deux jauges, respectivement bleue et rouge. Si vous optez pour la "light magic" votre vie remontera avec chaque coup, si vous choisissez l'inverse, vos attaques feront beaucoup plus mal. Bien sûr, ces jauges se vident très rapidement. Comment les remplit-on ? Avec des orbes qui apparaissent à chaque mort d'ennemi. Libre à vous de les attribuer sur la barre de lumière ou d'ombre.
Seulement, elles ne sont pas assez nombreuses à chaque fois pour permettre à notre héros de ressourcer sa magie efficacement. Alors pour ça il y a le focus. Plus vous tapez sans vous faire touchez, variez les combos, balancez la bonne parade au bon moment, et plus cette jauge de focus augmente. Une fois pleine, chaque coup vous donne plusieurs orbes. Par contre, faites vous touchez et vous êtes bons pour recommencer à zéro.
Et oui, il faut donc vraiment jouer intelligemment pour espérer survivre. Ne pas griller trop vite sa magie, combattre de manière parfaite pendant plusieurs instants juste pour pouvoir vous ressourcer ou déchainer toute la puissance de votre fouet. Le jeu vous invite à ne pas button masher, à réfléchir, à développer vos reflexes et à apprendre comme il faut les modes d'attaques de vos ennemis. Stressant mais efficace.


Mais en fait, elles claquent bien comme il faut..

En plus de tout ça, 4 types d'armes secondaires chères à la série viennent agrémenter l'arsenal de Gabriel. Dagues d'argent, eau bénite, Crystal Noir et fées.
Certains sont plus ou moins efficaces (voir pas du tout) selon les ennemis. Les dagues font un malheur contre les loups garous, sur les vampires préférez l'eau.
Il est même possible d'en alterer les propriétés selon le type de magie actif.
Vos adversaires sont bien dignes de ce nom d'ailleurs. De la vraie variété dans un beat them all, ça fait plaisir. Aucun type de racaille n'est un copié collé de l'autre. Alors certes, on retrouve forcément des attaques communes comme la vague d'énergie sur le sol pour les gros balourds, mais dans l'ensemble, chacun a sa façon de faire, son design bien à lui, ses forces et ses faiblesses. On retrouve bien évidemment le bestiaire classique Castlevania : Squelettes, goules, vampires et autre loups. On nage en plein Medievel-Fantastique.. Les boss vous rappelleront aussi des souvenirs : Malphas, Death ou Carmilla pour ne citer qu'eux, ils sont tous revampés (ahah) pour mieux coller à la direction artistique de cet épisode. Même le monstre de Frankenstein vient pointer le bout de son nez sous un jour... nouveau, disons. C'est clairement là qu'on prendra le plus son pied, à esquiver comboter, analyser les meilleures façons d'éliminer un groupe d'ennemi donné. Le système de combat est décidément solide. Un petit mot sur certains boss "géants". Je ne vous ferai pas l'affront de la vanne "Lords of Shadow of the colossus", mais oui, on sent l'inspiration du coté du jeu mythique de la PS2... Je rappelle quand même que les ennemis qui font la taille de l'écran, ce n'est pas forcément nouveau dans la saga de Konami.


Tout de suite, oui, ça fait son effet.

Telle est la question.
La plate forme, elle, s'inspire fortement des mécanismes d'Uncharted avec cette manie qu'à notre Belmont pour se pencher dans une direction donnée s'il y a un saut possible dans ce sens. Ca rend les passages de plate-forme instinctifs et faciles à maitriser. Si vous venez à mourir, ce n'est pas parce que le soft a été salaud avec vous, c'est parce que vous avez échoué. Pas de saut millimétré, tout est pensé pour que chaque passage soit faisable avec un minimum d'adresse. Rien à dire. Surtout que ces moments sont bien placés et permettent efficacement de souffler entre deux rixes bien tendues.

Enfin les énigmes.
Généralement, je suis le premier à râler sur "l'intellectualisation" du beat them all. Je veux dire, mince, j'ai acheté le jeu pour TAPER. Peut-être taper de manière intelligente, mais TAPER quand même. Alors quand on me dit, "résout ce puzzle mon ami", ou "trouve la clé magique pour ouvrir la porte magique à l'autre bout du niveau" je vois clair dans le jeux des développeurs. Des sales feignasses de hippies qui plutôt que de rajouter des vrais phases de jeu ont eu envie de casser les couilles aux honnêtes gens qui aiment juste détruire des monstres. Mais là, pas de soucis. Les énigmes étaient bien faites, logiques et jamais trop dures. On est pas venu pour se la jouer professeur Layton. La plupart sont aussi bien intégrées à la structure du niveau et son ambiance. Oh et si vraiment ça vous gave, vous pouvez demander la solution tout de suite. Vous ne gagnerez pas d'XP, certes, mais vous pourrez vous empêcher un claquage de cerveau.


Bien, sur, on ne nous épargnera pas les éternels "tiens en équilibre"

Et ces 3 éléments sont savamment organisés pour que le combat reste l'aspect le plus important du jeu mais balancé par le reste. Le tout est supporté par un level design impeccable. Ca reste assez linéaire avec une partie exploration relativement limitée. Aller à gauche à la place de la droite pour trouver un bonus de vie, etc... Mais les différents niveaux sont cohérents. Le tout fait parfois moins penser à des "stages" de jeu qu'à des endroits pouvant réellement exister dans l'univers de ce Castlevania. Je pense par exemple au château, décidément une des meilleures parties du jeu. Le seul défaut de cela, c'est la présence trop évidente de murs invisibles. On aimerait aller "par là" et visiter le lointain, mais... non. Alors, certes on abandonne l'esprit "Metroidvania" instauré par Symphony of the Night et Simon's Quest pour se rapprocher de la logique derrière le premier opus. Et ça fonctionne.

D'ailleurs la logique de ne pas nous enfermer dans une seule et même structure pendant toute l'aventure permet d'offrir des environnements variés : foret sous la pluie, château et village enneigés, marais "tropical", environnements désolés etc. On est constamment dépaysé d'un chapitre à l'autre et on en redemande. Oui, c'est du medieval-fantastique, et non du "gothique" pour l'ambiance et l'architecture. Mais l'univers transpire tellement la cohérence qu'on n'y prête plus vraiment attention.


La boite à musique un niveau en forme casse tête efficace, mêlant plate-forme et réflexion.

Chomeur de luxe, beauté numérique.
C'est d'ailleurs là que le jeu montre sa prouesse graphique. C'est beau et chatoyant. Pour un jeu console, ça s'en tire à merveille. On apprécie vraiment évoluer dans les différents paysages. Et puis dieu merci, on a là une palette de couleurs variées et vives, ça change de l'eternel gris/marron pour faire "vrai". On retrouve cette vision des choses vers la fin, mais c'est assez limité. Le tout vient au détriment du framerate. On reste à 30FPS tout de même. Pour ce type de jeu, c'est largement suffisant. Musicalement, Oscar Araujo, le compositeur nous fournit de vrais perles d'héroïsme et d'épique. Malgré l'absence des thèmes mythiques de la saga (sauf Vampire Killer sous une forme inhabituelle), la bande son nous immerge complètement. Pareil pour les bruitages et le voice acting, impeccables. Ah si, quand Gabriel se déplace suspendu à une corniche, il émet des petits râles me rappelant certains acteurs pornos. Mais ça doit être juste moi, sur ce coup.


Si c'est pas magnifique ça.

Pas un franc succès...
Le jeu est long, 15 à 20h et tiens même sur deux DVD pour la version 360. A une époque où les jeux typées actions lorgnent plus vers les 8h, ça fait plaisir. Par contre, les succès... Un pour chaque fin de niveau, d'autres foutus presque au pif selon certaines actions (accumuler X points d'XP, acheter X combos, etc)... Et bien sûr, d'autres pour les collectionneurs acharnés ou ceux qui voudront faire chaque défi (un par niveau)... Rien de sexy, rien d'intéressant. il y'avait tellement de trucs sympa à faire. "Tuer 10 ennemis d'afillée uniquement avec des attaques verticales, "bruler 20 vampires à l'eau bénite"... On aurait pu se marrer. Ben non.


Plein de lyrisme et fort inspiré, je répondit au vampire : "Qu'est-ce qui y'a maintenant ? Wala, wala ! C'est qui le patron ?".

Pour finir. C'est le beat them all surprise de l'année. J'en attendais un rip-off de God of War comme l'était Dante's Inferno en début d'année. Et bien non. Level design au poil, gameplay répondant au doigt et à l'œil (ou presque) et durée de vie conséquente. Seules les angles de caméras, murs invisibles et faiblesses de l'histoire viennent ternir le tableau.
Le jeu est pour tout ceux qui veulent un bon BTA et n'ont pas peur d'oublier leurs préconceptions sur Castlevania (bonnes ou mauvaises). Si vous considérez que la série ne peut exister qu'en singeant (bien) Metroïd ou que vous n'avez pas 20h à consacrer à un jeu, passez votre chemin. Les autres, venez que je vous serre dans mes bras et découvrons ensemble ce que le futur de la saga nous réserve. [8]