Presque 8 ans jour pour jour après la sortie de Mafia : The City of Lost Heaven, sa suite voit le jour. On nous promet une histoire d'une rare qualité pour un jeu vidéo, une ambiance fifties parfaite et un vrai tour d'horizon de la vie de gangster. Alors, faut-il rejoindre la Cosa Nostra ? La réponse dans ce nouveau Pifboum Chronicles. Oh et j'ai un invité de marque cette fois.
MAFIA II
Plate-Forme : Xbox 360, PS3 et PC
Test effectué sur : Xbox 360 et voix anglaises
Date de sortie PAL : 27 Aout 2010 .
Editeur : 2K Games
Développeur : 2K Czech
Aaaah Lost Heaven, j'en ai des souvenirs émus. Des vieilles voitures, une ambiance années 30 impeccable, un réalisme rare dans la gestion des voitures et de la police. Même si le mode free-roam était quasi absent, on jouait pour la campagne, surtout composée de missions épiques comme celle du mariage ou de l'aéroport, le tout soutenu par un scénario bien construit et assez impressionnant pour l'époque. Et oui, il y a longtemps, les GTA n'étaient pas vraiment ces petits bijoux de précision narrative qu'ils sont maintenant. Ce nouvel épisode peut-il continuer sur les traces de son ainé tout en incorporant une partie "libre" qui a pu faire le succès d'autres jeux récents comme Red Dead, Saints Row ou Just Cause ?
When Vito Comes Marching Home
Empire Bay, Fevrier 1945 , Vito Scaletta, fils d'immigrés italiens revient de la guerre. Sa mère et sa sœur l'encouragent à trouver un travail honnête comme son défunt père mais très rapidement, il plonge dans les combines de son vieil ami Joe. Il enchaine les jobs pour la mafia locale. Cambriolages, passages à tabac, vols de voitures, assassinats, tout y passe. Jusqu'à ce que ce mode de vie le rattrape.
L'histoire est véritablement mise en avant et agit comme le moteur du jeu, prenant parfois un peu trop le pas sur le gameplay. Quand un jeu choisit cette approche, ce qu'il lui faut c'est une narration et une histoire impeccable. Et comment dire... ce n'est pas vraiment le cas.
C'est un peu bête à dire, mais à part Vito, aucun personnage ne tire son épingle du jeu en termes de charisme ou d'attachement. Soit parce qu'on passe trop peu de temps avec eux, soit parce que leurs caractères ou interventions ne provoquent aucun élan de sympathie de ma part et que leurs vannes tombent à plat. Dommage pour une histoire qui au final cherche à traiter surtout du choix entre deux "familles". Obeir aux ordres ou aider ses potes, venger X ou respecter ses obligations de mafieu... etc.
Certes les cinématiques sont bien réalisées et au final, la construction de l'histoire est très correcte, mais comme le pathos échoue lamentablement, une partie de l'implication du joueur disparait.
En parlant d'implication, le jeu vous fait parfois jouer des passages idiots comme le nettoyage de vitres mais vous force à rester spectateur de scènes d'extorsions ou deals de drogue... J'aurai préféré l'inverse.
L'impression que les petits gars 2K Czech ne savaient pas comment raconter leur histoire est vraiment trop pesante pendant tout le jeu.
-Tu crois pas qu'on se force à trop avoir la classe, là Henry ?
-Nan je te dis c'est bon. Naturel, mec, naturel.
Des missions que vous ne pourrez pas refuser
Par contre, ce qu'ils ont réussi, c'est l'ambiance. Que ce soit l'hiver 45 ou l'été de 1951, c'est parfait. On s'y croit vraiment. Que ce soient les habits, les bâtiments, les voitures ou la musique, on est rapidement dépaysé, on y croit, c'est la fête, on chantonne Rhum & Coca-Cola, en dérapant dans la neige pendant qu'un passant mort de trouille en imper et chapeau m'insulte. L'univers est saisissant et c'est le gros point fort du jeu.
Ca nous change de tous ces environnements ultra modernes, militaires ou futuristes, on revient à une époque ou tout était plus simple et où une bière coutait moins d'un dollar.
Et ce pendant 16 missions. On commence par un passage en Italie pendant la guerre en guise d'introduction au tir. Les prochains chapitres sont surtout des mini tuto scénarisés, crocheter une serrure de voiture, combattre à mains nues etc...
Autant les objectifs sont relativement variés et bien amenés, autant la base du gameplay "conduite-shoot-tape" reste la même et vous ne ferez pas souvent plus. Vous me direz, en achetant un jeu avec des flingues et Mafia en gros sur la boite, je m'attendais pas à autre chose.
Who's your daddy now, beeeeyotch ! Hmm, pardon, je souffre d'anachronie aigue.
Surtout vu le squelette des missions, quasi identique à chaque fois.
Répondre au téléphone en vous levant du lit. Oui, Vito se fait toujours réveiller par le téléphone, à croire qu'il passe sa vie à dormir. Conduire jusqu'à tel pour prendre machin en voiture. Cinématique. Conduire jusqu'à un, deux ou trois endroits pour avoir droit à d'autres cinématiques. Tuer des gens. Cinématique. Redéposer machin, rentrer chez soi. Fin.
Je ne parle même pas de la mission 7, qui n'est composée que de cut-scenes entrecoupées de conduite d'un point A à un point B. C'est tout. En début de jeu, c'est normal, en plein milieu, ça fait pitié. Enfin, on aura quand même le droit à des mises en situations plus qu'efficaces comme le niveau dans l'hôtel ou le kidnapping dans un immeuble en construction.
Et si vous avez envie d'acheter un nouveau costume et des armes, customiser sa voiture, vous arrêter boire un verre ou vendre des voitures au port, cela doit être fait en plein entre deux checkpoints. De préférence sur le chemin du retour ou au tout début. Pourquoi ? Car il n'y a pas de mode Free Roam. Quand vous rentrez chez vous, ce n'est pas pour sauvegarder et ressortir faire des blagues aux agents de police, non, vous allez dormir et commencer un nouveau chapitre immédiatement ! Une simple option de sauvegarde et de déclenchement de mission aurait été appréciable.
D'un autre coté, les activités que j'ai cité plus haut sont les seules disponibles en dehors des missions. Pas de tournoi de combat à mains nues, pas de courses de rue ou de racket. On a vaguement quelques objectifs secondaires de temps en temps, mais ils se comptent sur les doigts de la main d'un lépreux.
Je vous rassure, parfois vous tuez vraiment des gens.
As far back as I can remember, I always wanted to be a gangster
Heureusement, le reste du jeu est solide.
Pour vous parler des voitures, j'invite monsieur Hulkwabon, jacky sans permis, à la barre.
Envoyé par Hulkwabon
Interlude Jackie au milieu de la mafia, détaillons la conduite du dernier Free Roaming de Take 2.
Les joueurs du premier opus se souviennent certainement de la Ford T du début, qui ne grimpait pas toutes les côtes, et peinait à atteindre la vitesse limite autorisée.
Heureusement, Mafia 2 se déroule dans les années 50, époque qui voit l'apparition de voitures performantes et relativement abordables.
Alors certes, ça va plus vite, mais est ce que ça en devient pour autant plus simple à manier ?
Pas vraiment. Le jeu dispose de deux réglages pour la conduite, Normal et Simulation.
Normal permet au joueur d'apprécier les burns et un peu de survirage tout en lui offrant quelques aides à la conduite, notamment au niveau de la stabilité du véhicule.
Simulation prend par les couilles.
N'importe quelle caisse un peu rapide patine au démarrage et demande un petit contrebraquage, chaque virage doit être calculé sous peine de se manger le premier platane venu...
Le pire, c'est que tous les véhicules n'ont pas le même comportement.
Une réplique de Chevrolet Bel Air par exemple aura tendance à survirer toute seule, et à patiner fort à la moindre réaccélaration.
A l'inverse, une copie de Dodge Luxury, avec plus de poids sur l'avant et moins de puissance, tapera des tout-droits.
Du coup, le choix du véhicule avant une mission est important, notamment si on a pris le temps de les customiser.
Car oui, il est possible dans Mafia 2 de rajouter de la puissance, puis de rigidifier le châssis.
Le changement est visible, (la voiture est rabaissée), et sensible, (Meilleur temps de réponse, plus de stabilité) donc à tester.
Un peu d'histoire, de la technique, de l'enthousiasme. Sacré Hulkwabon, je vais finir par lui laisser mon tablier. A propos de tablier, n'hésitez pas à lire son dernier Fureur Miam.
Je viens ternir le tableau quelquepeu.
On ne peut pas tirer de l'intérieur de la voiture. Petit ratage, surtout quand le héros de Mafia 1 le faisait très bien. Peut-être qu'ils sont moins handicapés à Lost Heaven.
Autre point gênant, les autres automobilistes sont tous très idiots et quand roulez un peu trop du coté de inverse de la route, plutôt que de partir dans la direction inverse, ils vous foncent directement dedans. Bravo, les mecs, bravo, pour éviter une collision imminente, on la provoque. Bel esprit.
Je l'avoue : je ne peux pas enlever au jeu son impression de vitesse et ses dégâts sur véhicules, très réussis.
Le tir est jouissif, les armes répondent bien, les impacts sur les corps des ennemis se font sentir et le Fusil à Pompe est surement le plus satisfaisant de ces dernières années. Mais ce qui fait tout son charme, ce sont les environnements destructibles. C'est pas forcément Stranglehold, mais démonter des piliers ou un bar à la Thompson , ça a son charme et une impression de puissance très efficace.
On varie un peu dans les armes mais rien d'exceptionnel, quelques mitraillettes et flingues de base ainsi qu'un seul shotgun. Quelques rares grenades aussi, mais on en trouve trop rarement. Point positif à mon sens, on tue vite, 3 balles maxi, et on meurt vite. Ca nous force à tirer pleinement parti du système de cover...
Imparfait.
En 2010 un système de couverture sans possibilité de tirer à l'aveugle semble impensable. C'est assez souvent inutile, mais parfois quand l'ennemi est cachée derrière la même caisse que nous, un bon coup de pompe et c'est réglé. Cette fois, les développeurs ont décidé que ce n'était pas la peine. Ok, pourquoi pas. Mais dans ce cas, pourquoi les autres gangsters peuvent-ils le faire ? Vito c'est un mec comme ça, soit il est tout à couvert, soit il s'expose totalement. Il fait pas dans la demi-mesure. Il déconne pas, Vito.
Également, le système de réticule de visée pourrait être perfectionné. Passer du blanc au rouge quand on vise un ennemi c'est bien, mais encore faudrait-il qu'on puisse vraiment toucher le dit antagoniste. Le tout donne des signaux contradictoires et la frustration s'ensuit. Enfin, à part ces deux défauts, les gunfights sont des petits moments de joie.
Et le combat à main nue est pas mal non plus, avec un système de coups faibles et forts, d'esquive et de contre attaque puis de combos de finish, on a quelque chose de plus complet que la plupart des jeux de ce type. On finit juste par se lasser de toujours voir les mêmes attaques encore et encore, mais sinon, c'est solide et les quelques moments basés sur ce mode de jeu sont un petit vent d'air frais.
Des environnements glamours et classes.
Enfin, aucun jeu de ce type ne serait complet sans une police. Qui vous verbalisera si vous allez trop vite mais se fout des feux rouges. C'est bête Mafia 1 était plus cohérent à ce niveau là. Bon par contre, le système vous permet de vous laisser arrêter et payer une amende pour des infractions mineures ou de graisser la patte pour des choses un peu plus sérieuses comme montrer arme en public. Il y a bien une gestion de reconnaissance de la voiture ou des fringues portés si vous leur échappez, bien pensé.Mais leur détection des crimes est plus qu'incohérente. J'ai cassé des carreaux de voiture puis trafiqué les fils pour la démarrer devant eux, ils s'en foutent. Par contre rouler avec la vitre pétée à leur niveau les fera vous poursuivre.
Tiens, tant que j'y suis. Un détail énervant qui finit un peu par ruiner l'ambiance. Toutes les transitions d'extérieur vers intérieur et vice -versa sont gérées par un écran noir de 2 secondes et la téléportation de Vito dans l'autre environnement. Même pour un bar de 10m². C'est comme ça, paye ton immersion.
Mesdames et Messieurs : la tape.
And it's more like a hotel at Captain Teeb's!
Il parait que sur PC c'est plus beau, mais en tout cas, la version 360 s'en tire très bien. On touche pas au magnifique ou au sublime mais on apprécie les détails apportés à la ville et aux NPC. Et puis c'est fluide. D'un coté, on a jamais trop de personnages ou de voitures à l'écran, Empire Bay c'est pas si peuplé que ça. Les doublages sont bons mais certains accents italiens font vraiment trop forcés par moments. Dommage que la plupart des vannes tombent à l'eau. Bruitages impeccables, rien à redire. Musicalement, c'est le pur bonheur. Muddy Waters, Dean Martin, Bing Crosby... Il est vrai que j'apprécie particulièrement la musique de cette époque mais quelle que soit la station ou moment où j'allumais la radio, mes oreilles étaient ravies.
Et avant que vous ne le demandiez, oui il y a un succès pour être habillé classe.
Those achievements are "made" for you.
La plupart des succès viennent avec la progression naturelle. Certains vous demanderont de remplir quelques objectifs secondaires mais rien de très excitant. Quelques autres sont relatifs aux taches "free roam" comme la vente de voiture de luxe ou survivre 10 minutes aux policiers. Les rares qui soient intéressants concernent la conduite. Atteindre 125mph ou rouler pendant 5 minutes à plus de 30, ça ce sont des défis qui ont du charme. Et puis double dose de collectibles. Autant les pages centrales de playboy trouvables à certains moments des missions, c'est toujours plaisant, autant les posters wanted bien planqués dans la ville, on s'en moque royalement. Linéaire et peu original.
La saga Mafia n'a pas vraiment progressé depuis 8ans, elle a même perdu sur quelques détails. 2k Czech n'a pas su tirer l'enseignement des autres franchises évoluant dans la cour des "GTA-like". Il se réfugie, aux dépends du jeu en lui même (qui dispose pourtant de bases solides), derrière une emphase sur un scénario qui n'a rien d'exceptionnel. Ok, c'est une saga mafieuse mais ça aurait très bien pu être raconté sous forme d'une série ou d'un film. Et je sens que si j'ai envie d'une série parfaite sur le même sujet, Boardwalk Empire commence dimanche soir et s'annonce formidable... [6]