Sans mentir je peux affirmer que Mirror's Edge reste et restera à jamais une de mes expériences vidéo ludiques les plus poignantes, pour ne pas dire la seule à ce jour. Alors quand je réfléchis un minimum au pourquoi du comment, pourquoi cet OVNI fantasmagorique na t'il pas été vendu à des millions d'exemplaires, pourquoi est-il passé à côté d'une gloire qui lui était due je ne vois qu'une poignée d'explications plausibles; le doute, la paresse, l'argent ...
Un jeu dit réussi est un groupement, de facteurs. L'expérience délivrée, la trame scénaristique, le game design et le gameplay. Si ME regroupe sans problème les deux derniers critères, les autres semblent être passés à la trappe, happés par on ne sait quoi. Des personnages au charisme plat, un scénario bâclé au possible, une profondeur de narration aussi profonde que le c*l d'un poulet constipé et de ce fait une immersion aux côtés des personnages approchant le zéro absolu (0 K soit -273.15 C°. Ouaip c'est froid).
De base le jeu était-il donc voué à l'échec ? Pas forcément. Certains jeux comme Portal premier du nom ont connu un grand succès malgré un scénario pas si profond que ça et une expérience de jeu au final assez courte. Là où ça a merdé c'est que ME a voulu se montrer comme étant un jeu complet alors qu'il aurait mieux fait de faire sa promo en tant qu'expérience vidéo ludique à part entière. Reprenons notre ami Portal 1 qui a mit l'accent sur ses énigmes et la manière de les résoudre pour le moins originale. Ce premier opus m'a plus laissé le souvenir d'avoir joué à un jeu de réflexion qu'un jeu complet avec un bon scénar (ce que le 2 a par la suite plus réussi bien que cela soit resté encore (hélas ?) un peu faible).
ME aurait donc du suivre l'exemple et se vendre comme tel auprès du public, comme un jeu original qui se démarque des autres.
L'autre grosse aberration des développeurs est la durée de vie du jeu. Entre les cinématiques style manga-dessinés-par-un-mec-rentré-tard-de-soirée et sa minuscule durée de vie le tout ne doit pas excéder les 5 heures de jeu. Alors quand l'immersion d'un bon scénario disparaît pour laisser place complète à une expérience de jeu excellente au possible mais dont on ne profite finalement qu'une petite après-midi, j'ai envi de coller une ou deux baffes aux responsables pour les réveiller. Lorsque l'on sort une pépite, que l'on a construit une perle, on l'accompagne jusqu'au bout, jusqu'à son affinage finale. Faire de Mirror's Edge Le jeu de l'année semblait tout tracé si seulement il n'avait pas été bâclé d'une manière à la limite du supportable.
Peu de choses finalement auraient été à ajouter.
• L'univers choisi, un monde parfait contrôlé par un gouvernement omniscient aurait put laisser place à un scénario magnifique. La source d'une remise en cause de l'humanité ; l'analyse de la surveillance totale de la population au service de la création d'une société dite « parfaite », libérée du joug des truands et autres bandits mais à quel prix ? Celui de la liberté personnelle ? Est-ce un bien pour un mal ?
• Les personnages avaient du potentiel. Faith (l'héroïne incarnée) possédait une histoire au finale assez sombre et en relation direct avec les débordements du gouvernement. Son histoire et sa psychologie aurait véritablement pu être étudiés et devenir intéressant. Elle, représentative d'un courant de pensée rebelle et déterminé à prendre son sort en mains, en opposition contre toutes les personnes se fourvoyant et se confinant dans les belles paroles de ce gouvernement ayant la main mise sur tous les moyens de communications, dont sa sœur. Ce dernier agent de police travaillant au service de la ville. Deux jeunes gents si proches et pourtant si différents, à l'histoire si parallèle et pourtant tellement contradictoire.
• La ville elle-même est à peine décrite. Comment est-on passé d'une société décadente, en proie à des violences quotidiennes à une dictature à peine cachée ? Le sujet est à peine abordé, effleuré pour tout dire.
Mais non, il a jugé été bon de laisser tout ça en plan et de créer à la place une petite dizaine de niveaux avant de vendre le tout à un prix aberrant pour le travail fourni. Je ne parlerais d'ailleurs pas de l'OST (simplement excellent cela dit au passant) qui creuse encore plus le fossé entre le potentiel d'immersion et ce qui a été au final fait.
Si l'impression que je dénigre le jeu semble transparaître c'est que je suis énervé et profondément incompréhensif face à l'assassinat d'un tel bijou. C'est mon amour pour Mirror's Edge qui me pousse à le détruire publiquement, pour montrer que son potentiel était grand et que rien n'a été fait pour le hisser au panthéon des jeux.
Les responsables sont des assassins.