... et surtout à accepter les mêmes défauts qu'il y a 22 ans ?     Car ce Splatterhouse 2010 est finalement le digne héritier de son aïeul de 1988.

 

Le genre des Beat them all connait un nouvel âge d'or depuis son évolution mise en place via Devil may cry et God of war sur Ps2. Les titres de qualité sont aujourd'hui nombreux. Alors pourquoi s'ennuyer à jouer à Splatterhouse qui a plutôt mauvaise presse ? Figurez-vous qu'il y a des raisons !

 

 

Il était une fois...

En 1988, le premier Splatterhouse sortait en arcade.

Même remis dans le contexte et son année de création, Splatterhouse était un jeu intrinsèquement faible en terme de gameplay. Répétitif et plutôt (très) difficile, il avait malgré tout les ingrédients qui ont fait prendre la mayonnaise :

Techniquement réussi (animations, bestiaire , palette de couleurs, sons et musiques), c'est surtout son ambiance surfant allègrement sur le succès de « Vendredi 13 » qui en a fait un titre emblématique. Ce coté gore défoulant saupoudré d''horreur/fantastique a su faire accepter ses défauts et pleuvoir les pièces dans les bornes d'arcade... avant de sévire sur console pour 2 autres épisodes.

 

Comment  faire couler des hectolitres de sang bouillonnant ? [gameplay]

Dans son gameplay, Splatterhouse 2010 arrive à faire le mix entre les 3 épisodes sortis en arcade ou sur console. Les orbes à ramasser du 3ème épisode sont  remplacées par une jauge de sang récolté, permettant des actions spéciales liées au masque.

Ces actions nécessitent toutes plus ou moins de sang, accumulé en annihilant les ennemis. Plus la méthode est violente/gore, plus la jauge se remplit. Des QTE déclenchées une fois les ennemis groggy vous permettront de magnifier le gore des mises à mort. Passé un certain niveau, LB enclenche le mode berserk où vous pourrez occire rapidement et aisément pour un temps limité.

D''autres actions telles que la revitalisation pomperont moins de capital sang et seront lancées par l'appui simultané sur RA et les touches d'action de base.

Au niveau des actions de base on a , X = coups circulaires, Y = coups directs plus puissants, A = saut, B = projections, RA = course, RB = roulades.

Le stick analogique gauche sert aux mouvements du perso, le droit à la caméra.

Enfin, un réceptacle destiné à l'achat de nouveaux combos/capacités via les menus se remplit selon la qualité, la longueur de vos combos et le type d'ennemi éradiqué.

 

Pourquoi  faire couler des hectolitres de sang bouillonnant ? [histoire]

Non que l'histoire soit originale, c'est par sa narration qu'elle tient en haleine.

Le masque nous parle et nous explique la présence et le but des damnés. Il commente également nos actions, nos pensées et nous assène les siennes ; parfois folles, parfois cyniques mais toujours dans le ton et « agréables » à écouter.

De manière plus classique, des indices dissémimnés dans les différents niveaux (sous forme de journal) reviendront sur la genèse du super-vilain « Dr West » et de son monde horrifique, histoire de remettre peu à peu les pièces du puzzle en place jusqu'au dénouement final.

Enfin, les bribes du tout début d'histoire vous reviennent en mémoire au moment où vous voyagez dans le vortex qui lie chaque niveau.

 

Mais alors c'est bon ou pas de faire couler des hectolitres de sang bouillonnant ?

Contrairement au titre de 1988, celui-là ne restera pas dans les mémoire au niveau technique. Tous les tests que vous lirez vous le diront :

-         il n'est pas beau : en tous cas très inégal, certains environnements étant acceptables tandis que d'autres sont immondes dans le mauvais sens du terme.

-         il est mal animé : les animations des personnages sont correctes mais le frame rate est bas, la caméra trop peu dynamique et parfois très mal placée

-         il est linéaire : les niveaux font simplement alterner couloirs et grandes aires de combat avec des interactions quasi inexistantes (et des chargement notables, même avec le jeu installé sur HDD).

 

Très loin également d'un Castelvania L.O.S. ou d'un God of War en terme d'arborescence de combos, Splatterhouse est toutefois correct à ce niveau puisqu'il nous permet d'alterner suffisamment les moyens de réduire les damnés au silence. On peut couper, éclater, écraser, broyer, empaler, éviscérer, pilonner, projeter, faire s'entrechoquer, démembrer et même "toucher-rectaliser" les centaines d'ennemis en lisse.

C'est dans ce registre que Splatterhouse prend tout son sens car tout concourre à en faire un exutoire. Les musiques hardcore, les bruitages, la simplicité du level design, la non gestion d'inventaire sont autant de choses qui rendent sa (re)prise en main aisée et très arcade.

A la manière du héros Rick qui prendra peu à peu plaisir dans ces mers de sang, chaque nouvelle partie est une bouffée d'air frais pour qui ne veut pas trop se triturer les méninges.

Oui, les QTE sont souvent mal fichues, oui les musiques ne sont pas toujours placées au bon endroit, oui parfois les commentaires explicatifs du masque tombent à un moment où vos coups de machette vous empêchent d'entendre. Il m'est même arrivé de devoir relancer la partie pour cause de perso bloqué ou de script non déclenché.

 

Le jeu a donc des défauts et on a clairement le sentiment d'être en face d'un petit jeu qui aurait pu être meilleur avec un  peu plus de finition. Sans trahir sa fibre arcade, un meilleur calibrage des coups et du rythme de l'histoire auraient en effet pu parfaire l'expérience. Pourtant, le titre remplit son contrat.

 

Du plaisir pour tous... à condition d'avoir 18 ans (et 21€)

Certains pourraient taxer le jeu de jouer sur la fibre nostalgique pour excuser un gameplay simpliste.

Les phases de gameplay 2D, aussi rigides et mal calibrées soient elles, constituent effectivement un véritable vortex temporel menant 20 ans en arrière, musique comprise. La récupération des photos de Jennifer (plutôt dénudée) renforcent cette invitation à la régression adolescente. Le déblocage des 3 premiers épisodes est également un appel du pied aux dinosaures du JV.

Ces vieux joueurs qui n'ont plus le temps de jouer régulièrement apprécieront de ne pas se perdre dans les inventaires, les combinaisons d'orbes, les multiples twists scénaristiques en plein milieu de l'histoire, les niveaux à retourner pour trouver LE pouvoir qui permet d'accéder à telle ou telle partie, ou les caméras tellement virevoltantes qu'elles vous donnent des maux de tête...

Les plus jeunes ou les moins occupés, avides de défoulement rapide, le placeront entre deux gros titres plus aboutis à d'autres niveaux. Ils le retourneront en se gaussant devant les défauts d'un jeu qui vous envoûte malgré vous, tel un nanard au ciné qui retient devant l'écran par ses gaucheries.

 

Le plaisir procuré par Splatterhouse n'est donc pas seulement conditionné par votre âge. Arcade à souhait, droit dans ses baskets en terme d'univers, il remplit son contrat et complète sans honte ni brio la trilogie initiale.

A condition de le prendre pour ce qu'il est et de l'acquérir au prix adéquat (21€ en import UK, il les vaut) , on y passe un bon moment (coupable) et on se surprend même à y revenir ou à prolonger une partie qu'on avait pourtant décidé d'arrêter... C'est généralement bon signe.