Et maintenant le fameux True Grit des frères Coen!

« Mattie, je suis ton père ». A propos de True Grit, de Joel et Ethan Coen

Après le polar (No country for old men), la comédie (Burn after reading), le film de gangster (Miller's crossing) et le road movie (O'brother). C'est au tour du genre du western de susciter l'intérêt des deux fameux frères Coen. En effet, True Grit est l'adaptation d'un roman écrit par Charles Portis qui avait déjà été porté à l'écran par Henry Hathaway en 1969 (Cent dollars pour un shérif).

Film de western ? « Okay, j'vais chercher le pop corn et m'empiffrer pendant tout le film parce que de toute façon ça ne sera ni très intelligent, ni vraiment passionnant ! » Et non ! Car l'humour et la folle violence qui composent le style inimitable de nos chers frères en font un très bon film sans prétention. Pourtant, le film aurait pu être un pur fiasco, avec une histoire aussi simpliste : une jeune fille veut retrouver l'assassin de son père et fait appel à un marshal et à un Texas Ranger pour l'aider.

Mais comme nous le savons, le plus important dans un film n'est pas forcément l'histoire mais la manière dont elle nous est contée et là les frères Coen font mouche et rajoutent au western leur propre dimension qui n'est pas pour nous déplaire. Tout cela arrive aussi grâce à des acteurs fantastiques. Nous retrouvons notre cher Dude, revenu faire coucou après The Big Lebowski (Jeff bridges). Après George Clooney, Brad Pitt, j'en passe et des meilleurs, c'est au tour de Matt Damon de jouer un personnage qui est aux  antipodes de ses dernières prestations ! Un Texas Ranger plus ridicule qu'imposant mais tellement drôle ; la moustache lui va si bien. Bon, nous avons le Marshal Dude (Jeff Bridges) et le Texas Ranger (Matt Damon), il ne nous manque plus que la jeune fille ! Mattie Ross est jouée par la délicieuse Hailee Steinfeld. Et n'oublions pas non plus un autre habitué des frères Coen, Josh Brolin (No Country for Old Men) ! Dans cette œuvre, les frères Coen jouent beaucoup sur la symbolique des éléments. Attention ! moment de philosophie extrême, vous êtes prêts ?...

C'est parti ! Les serpents (de la dernière partie du film) peuvent nous rappeler le péché originel, péché qui nous a mené à un monde aussi impitoyable que celui du western, pas de pomme dans ce monde, enfin si! Mattie lance bien une pomme sur un homme pour pouvoir rejoindre son marshal et son ranger qui ne veulent pas d'elle au début. La corde que les personnages se mettent au tour d'eux la nuit pour se protéger des serpents nous fait penser au cordon ombilical que notre père coupe à la naissance. La grotte, dans laquelle Mattie tombe, sera comme une renaissance pour la jeune fille, grotte chaude, humide et réconfortante. Mais, dangereuse si on y reste trop longtemps, (ben oui, y a des serpents !).

Enfin, la figure du père, le père mort, le père sauveur, qui sera là pour nous sortir de notre pétrin, ce père borgne, qui même saoul, tire plutôt bien. Mattie aura plusieurs pères dans cette histoire, plusieurs modèles à suivre ou à ne pas suivre. Elle n'aura pas besoin de faire de choix, mais juste de s'enrichir de tout ce qu'ils ont à lui apporter. Car en fait, c'est à ça que servent nos parents, ils nous élèvent, nous protègent et nous donnent finalement les clés pour (essayer) de survivre dans ce monde impitoyable.

Voilà, j'ai fini de vanter les mérites de ce film. Malgré tout, j'ai trouvé que la fin était vite envoyée et manquait d'émotion, nous sommes trop mis à distance et c'est bien dommage, car le sujet traité par le film nous regarde tous. Je vais maintenant prendre mon Colt, mon cheval, remercier mes parents et rentrer dans ce monde impitoyable. Mattie est une lonesome cowgirl et moi : I'm a poor lonesome cowboy.

OGB