Vous aviez un
rendez-vous avec votre petite amie chez vous, mais voilà : l'heure tourne,
et elle n'arrive pas. Vous aurait-elle posé un lapin ? Soudain, la terre
tremble, verres, assiettes, bouteilles, tout tombe à terre : vous voilà
dans la tourmente d'un ... Ah non, excusez-moi, j'ai dû confondre. Soudain, le
toit s'envole, sous l'effet d'un rayon tracteur d'aliens aux visages
belliqueux, qui s'empressent de vous ... Ah non, excusez-moi, j'ai dû confondre.
Mais en fait, il se passe quoi, dans Dinner Date ?
Rien. Autant le dire tout de suite : il ne se passe
rien d'exceptionnel pendant la demi-heure de jeu que dure Dinner Date. Vous
incarnez en vérité le subconscient de notre jeune paumé, ce qui vous donne la
possibilité de lui faire effectuer quelques actions dont il ne sera pas
forcément lui-même conscient, mais qui influeront sur son humeur :
regarder l'horloge, taper du doigt, s'étirer, voire même manger un bout de
pain. Vous entendrez en retour toutes ses pensées les plus sincères, sans aucun
fard, comme si notre héros se retrouvait téléporté dans Vie Privée, Vie
Publique.
Vis ma vie
(de merde)
M'étant lancé dans le jeu sans en savoir rien, j'ai tout
d'abord été assez séduit par le concept. Les actions que vous pouvez effectuer
s'affichent sous forme de bulles, avec noté en-dessous la touche
correspondante. Ces bulles apparaissant petit à petit, on ne se sent pas perdu
lorsque l'écran en est rempli, on se souvient au contraire assez bien des
touches.
Dinner Date est une simulation de lapin (non, pas l'animal),
elle se veut donc réaliste, et l'est : on s'ennuie. Ferme. Alors on
s'occupe comme on peut, on trempe le pain plusieurs fois dans la soupe avant de
le reposer, on s'étire pendant une dizaine de minutes, etc. , et l'on se rend
compte que le jeu atteint l'un de ses buts : on agit comme si l'on était à
la place de ce pauvre bougre qui n'a rien à faire, dans l'attente vaine de sa
petite amie.
Je crois bien que Dinner Date est le premier jeu où l'on peut se tordre les doigts ...
Tout ce que
vous avez toujours voulu savoir sur l'abstinence
Dans une interview accordée à Rock, Paper, Shotgun, Jeroen
Stout, créateur du jeu, disait qu'il avait essayé de ne pas penser à des
scénarios de jeu vidéo. Il y a en effet dans toute l'écriture du jeu une
volonté de simplicité extrême ... peut-être même trop. Vous en apprendrez ainsi
de plus en plus sur votre hôte (puisque vous êtes son subconscient), mais rien
de bien exceptionnel : un quasi-trentenaire désabusé qui cherche
tristement l'amour chez les jeunettes ... Long monologue qui laissera s'installer
chez vous un peu de mélancolie à la fin du jeu, mais sans plus.
Rien d'autre dans le jeu ne vient rehausser le tout :
une musique d'ambiance très calme et sans grand intérêt ; des graphismes un peu
cartoonesques mélé à un petit côté cinéma vieillot, qui évoqueront probablement quelques souvenirs de Ratatouille
chez certains, sans en gagner un véritable intérêt pour autant, ;un doubleur qui
a compris le désenchantement de son rôle : non, rien ne vient briser cet
ennui que l'on ressent en jouant à Dinner Date.
Partant d'une idée au
départ assez séduisante, Dinner Date réussit plutôt bien ce qu'il cherche à
faire : un jeu fade, sans goût, comme un dîner où elle n'est pas venue.
Une expérience assez à part, que je ne peux vous déconseiller si vous voulez
vous y aventurer, mais que je ne vous conseillerais pas non plus : passer
à côté du jeu de Jeroen Stout et économiser par la même occasion 5 € ne
vous sera pas reproché. Surtout si vous les réinvestissez dans un VVVVVV.
On serait mélancolique devant la fin vieillotte, regrettant ce que Dinner Date aurait pu être s'il ne s'était pas interdit l'ambition