Je n'ai plus le temps d'écrire autant que je le voudrais, mais de temps en temps, je me force à reprendre le clavier et à vous parler du dernier jeu à la mode. Je retrouve cette envie d'écrire principalement quand j'estime que j'ai des choses à dire, que mon avis diverge radicalement de la masse. Et c'est justement le cas avec le jeu dont je vais vous parler aujourd'hui : The Last of Us.

 

Grand fan de Naughty Dog et de la série Uncharted, je n'attendais pourtant pas impatiemment, contrairement à beaucoup, ce jeu plus mature, plus sombre. Peut-être parce que je ne suis pas un grand fan des univers post-apo, et que la relation entre Joel et Ellie m'attirait bien moins depuis que j'avais suivi Lee et Clementine dans Walking Dead. Mais in fine, je me suis laissé tenté par la patte Naughty Dog, les graphismes magnifiques et la volonté du studio de progresser sur la profondeur de l'histoire qu'ils racontent. Quasiment tous les tests parlent de jeu culte, du jeu auquel il faut avoir joué. J'ai donc tenté l'aventure. Ce que j'en retiens ? Qu'après être arrivé au bout de 20h de jeu, j'ai peut-être trouvé ma déception de l'année...

Oui, je n'ai pas aimé Last of Us. Posons néanmoins le décor : Cela reste un bon, voir très bon jeu, largement au dessus même de ce qui se fait habituellement. On est pourtant loin du jeu « parfait » ou « culte » que l'on retrouve dans les tests et autres commentaires, et ce pour plusieurs raisons sur lesquelles je vais revenir.

 

C'est l'histoire d'un beau jeu sur lequel je ne me suis pas amusé...

Rentrons dans le vif du sujet. Ceux qui me lisent savent que j'attache une importance toute particulière à la direction artistique et à l'implication émotionnelle d'un jeu. Le gameplay n'est à mes yeux au final que secondaire. Ce sont 3 points déterminants dans mon appréciation de Last of Us, car quasiment les 3 ont été synonymes de déception.

 

L'ambiance, les graphismes et plus globalement la DA sont quasi irréprochables

Prenons le plus irréprochable à mon gout : La direction artistique. Graphiquement d'abord, Naught Dog a toujours été la pointe. LoU ne déroge pas à la règle est impressionnant de bout en bout. Les anims faciales, les cut-scènes, les paysages en fond, ou encore l'animation : Tout est nickel. La PS3 et clairement poussé au maximum de ce qu'elle peut donner et nous offre un jeu qui est une merveille visuelle.

La musique est plutôt sympa, bien que trop discrète à mon gout, ce qui fait qu'elle ne restera pas comme must have à mes yeux. On ne peut s'empêcher néanmoins de remarquer la mélancolie et la panique qui ressortent des morceaux qui réussissent à assez bien coller à l'ambiance

L'ambiance, parlons-en : Graphisme et musique aidant, on s'imprègne assez facilement de la mélancolie et de la tristesse qui transpirent des différents décors (assez varié) du jeu. Naughty Dog a réussi à rendre vivant et puissant ce monde (du moins ces USA) ou les villes sont abandonnées, ou la nature reprend ses droits, et ou chaque décor est une histoire de la catastrophe. Les décors sont beaux, mais ils sont aussi évocateurs d'une civilisation qui disparaît, d'une société qui été vivante mais qui se meurt depuis 20 ans. C'est réellement le point que j'ai préféré de Last of Us, le seul qui n'ait pas déçu mes attentes. 

Le gameplay est très perfectible et souffre de nombreux petits défauts qui font sortir du jeu 

Je ne peux pas en dire autant du gameplay.  Encore une fois, je suis le premier à dire que ce n'est pas un facteur déterminant pour un jeu, tant que l'histoire nous en met plein la tête, mais l'honnêteté m'oblige à dire que le gameplay de The Last of Us assez ennuyé.

Pour commencer, passé une scène d'intro magistrale (j'y reviendrai), le jeu se lance dans une sorte de tuto qui va s'étendre sur au moins 2 bonnes heures. Les tutos, c'est important, mais ça casse aussi le rythme qui était pourtant bien lancé avec l'intro. Le souci c'est que le rythme va mettre très longtemps avant de s'emballer à nouveau. C'est à mon sens un des gros problèmes du jeu : son rythme, tellement évident, tellement convenu. Déjà dans les Uncharted, ces problèmes ressortaient. On avait, du moins dans le dernier, cette palpable sensation qu'on ne faisait qu'enchainer les arènes, les moments de calmes, les arènes, etc... Le problème, c'est que dans Last of Us, on ressent vraiment cette alternance et qu'on sait à l'avance qu'on va avoir des infectés, parce que là on vient d'avoir des bandits. Ça tue un peu le rythme et nous sort un poil de l'ambiance pourtant quasi parfaite.

Le jeu a un gros problème de rythme qui veut qu'on enchaine moments calmes, arènes avec humains, moments stressants avec les infectés, et tout en boucle

Ce problème de rythme est assez lié à un autre défaut du gameplay : Cette impression de « déjà vu » qui ne nous lâche pas quand on se retrouve dans une arène. Par déjà vu, je comprends surtout l'existence de mécaniques éculées de nombreuses fois comme choper les ennemis un par an pour les étrangler dans un coin, ou jeter un brique pour les attirer dans tel ou tel direction, tirer à l'arc. Tout ça, j'ai eu l'impression de l'avoir déjà fait trop de fois auparavant pour ne pas éprouver une certaine lassitude en jouant. Attention, ce que Last of Us fait, il le fait bien, c'est indéniable. Les muntions sont assez limités, la vie également. On stress un peu à chaque rencontre car on sait qu'on risque sa peau à chaque confrontation. Mais voilà, ce gameplay a beau être bien huilé, il est aussi sans réelle originalité.

Le système de crafting est decevant car simpliste

Il y a bien la tentative de crafting pour donner un aspect plus « survivor » au gameplay, mais là encore, je trouve la chose beaucoup trop simple, voire simpliste. Au final, on ne confectionnera que 6 ou 7 objets, pour lesquels on ramassera inlassablement des paires de ciseaux, des bandages ou de l'alcool. Là encore c'est sympa, mais ça ne vous retournera pas la tête et au final, je l'ai assez peu utilisé en dehors du crafting de trousse de soins. Dommage, parce que j'en attendais beaucoup pour l'ambiance survie.

 

Arrêtons de dire que l'IA ou Ellie sont parfaites : Ce n'est pas vrai ! Surtout quand Ellie court au milieu des ennemis et que personne ne la voit n'y ne l'entend !

Enfin, l'autre gros défaut du gameplay, qui a tendance a un peu tuer l'ambiance, c'est l'IA. Alors qu'on nous vend dans les tests une IA géniale, avec une Ellie « parfaite »,  on oublie de dire que le jeu souffre du syndrome de l'IA fantôme. Vous êtes bien dans le trip, vous évitez les clickers en marchant tout doucement, quand soudain Ellie se met à courir au milieu des bestioles pour vous rejoindre... et ne déclenche aucune réaction. Ça, je suis désolé, dans un jeu d'infiltration qui se fonde totalement sur son ambiance « ne faisons pas de bruit, ils vont nous entendre », ce n'est pas pardonnable. Ce n'est pas un gros défaut de gameplay en soit, mais c'est une énorme faille dans l'ambiance. Perso, je perdais toute immersion devant une telle scène, me rappelant que, oui, j'étais juste en train de tenir un pad...

Finalement ce gameplay, ce manque de rythme, auront été les premiers et plus gros défauts que j'aurais remarqués dans mon expérience. En plus de me lasser assez rapidement, les mécaniques de jeu ont réussi à me sortir de l'ambiance et de l'immersion.

Le scénario n'est pas mauvais... Il ne tient juste pas la comparaison avec ce qui se fait déjà en termes d'implication émotionnelle 

Le dernier point qu'il me faut aborder, c'est évidemment le scénario. Je pardonnerais les pires défauts de gameplay à un jeu profond qui me prendrait aux trippes. Seulement voilà, si le gameplay reste le plus gros problème de Last of Us à mes yeux, le scénario n'est pas exempt de reproches non plus...

Pourtant on démarrait très bien, avec une des meilleures intros que j'ai pu voir dans un jeu vidéo. Le tout se passe donc au début de l'épidémie, quand Joël fuit, comme tout le monde, au milieu de la panique générale. C'est parfaitement mis en scène et ça pose dès le début les 3 éléments caractéristiques du scénario de The Last of Us : Tristesse, Violence et Peur. Seulement voilà, cette scène a le défaut de sa qualité : Elle atteint un pic d'implication émotionnelle du joueur que jamais le jeu ne parviendra à atteindre encore jusqu'à la fin. J'ai adoré cette scène et je pensais que le scénario allait me prendre aux trippes de bout en bout : Il n'en a rien été. Attention le scénario n'est pas mauvais, loin de là. L'inspiration de La Route est très présente et apporte ce côté sale, violent et décadent au jeu. Alors oui certaines scènes m'ont d'ailleurs redonné espoir avec quelques passages ou j'ai réussi à vraiment partager la haine de Joël ou la peur pour Ellie (L'Hiver est probablement la meilleure section du jeu), mais ces passages étaient trop peu nombreux. Jamais l'histoire n'aura réussi à me mettre un poing dans la gueule (après l'intro) comme l'avait fait Walking Dead ou Bioshock Infinite. Ça en fera probablement hurler certains, mais j'ai vraiment mieux apprécié Bioshock Infinite, autant en termes de gameplay que de scénario !

Pourtant après une intro pareille, j'étais persuadé que le jeu allait tout déchirer...

Sans spoiler, je dois avouer que la fin, même si on ne pourra pas lui reprocher d'être convenu (ce que je craignais), m'a surprise, et pas forcément dans le bon sens du terme. Elle arrive à un moment où on ne s'y attend pas forcément, et sincèrement j'en attendais bien plus.

Le jeu des acteurs est absolument nickel, rien à redire là dessus

 Concrètement, ce que je retiens du scénario, c'est qu'on a quand même une belle histoire de survie, avec ce qu'il faut de violence, de moments un peu plus décontractés, et de stress. Les dialogues et doublages sont parfaits, et on ne tombe jamais dans le ridicule. Alors que lui reprocher me direz-vous ? C'est certes absolument subjectif, mais il y a je trouve un gros problème d'intensité et d'implication émotionnelle du joueur passé la superbe intro. A trop peu de moment je me suis dis « ça y est, je commence à rentrer dedans », et quand je commençais enfin, la fin m'a fauché en plein vol, entrainant aussi bien incompréhension que frustration. C'est le deuxième aspect qui m'a un peu pourri mon expérience, et on peut dire qu'il est fondamental, tant j'accorde plus d'importance à un jeu bien écrit qu'à un jeu bien ficelé.

 

Malgré un bon twist, la fin est loin d'être aussi prenante que celle d'un Walking Dead ou d'un Bioshock Infinite

Après avoir écrit ce long test, je me pose une question, que toi aussi lecteur, tu te seras posé au moins une fois en le lisant : Suis-je blasé ? J'avoue, je ne suis pas certains de la réponse. Clairement, Last of Us est un bon jeu, un très bon jeu même. C'est beau comme rarement, et c'est une belle histoire pas trop clichée. Malheureusement des problèmes de rythmes, et surtout de gameplay m'ont fait sortir de l'expérience régulièrement, me rappelant que je jouais « simplement » à un jeu vidéo.  Last of Us n'est donc pas à mes yeux le jeu culte qu'on décrit. J'ai largement préféré Bioshock Infinite par exemple, ou Walking Dead pou rester dans le monde post-apo.  Peut-être en attendais-je trop après la magnifique intro. Pour tout vous dire, même si Last of Us est le projet de Naughty Dog le plus abouti, visuellement, scénaristiquement etc..., j'ai largement préféré Uncharted 3 et son ton plus léger, plus spectaculaire.  En un mot comme en 100, je n'ai pas pris un pied monstrueux en jouant. N'oubliez cependant pas que tous mes tests se veulent très subjectifs, relatant mon expérience, ma vision des choses. Vous pourriez, comme 90% des joueurs, adorer et hurler au scandale devant ce test ! Le mieux est encore d'y jouer et de vous faire votre propre avis.