Hello tous,

Dans la petite famille des grands monstres de cinéma, il arrive sans doute loin, très loin devant les autres. L'Alien de Ridley Scott a marqué des générations entières de cinéphiles. Il représente l'inconnu par excellence, le cauchemar de la connaissance. Il est, surtout, infiniment plus complexe que cette image de xénomorphe bas du front peut laisser imaginer de prime abord. Mais pour le comprendre, il faut suivre les quelques indices laissés au fil du long métrage par un metteur en scène à l'époque aussi fasciné par l'explicite que par le non-dit. Et ne jamais oublier que dans l'espace, personne ne vous entendra crier...

 

I. De Dark Star et Dune... à Alien

Deux films sont à citer dans la genèse du script d'Alien : Dark Star et Dune. Mais il faut les lier à une seule et même personne : Dan O'Bannon. Le scénariste n'est en effet pas un inconnu lorsqu'il débarque devant les studios d'Hollywood avec son histoire de créature extraterrestre belligueuse. Il a en effet rédigé dès 1974 le script d'un long métrage de 82mn (version longue d'un court métrage de 40 mn conçu quatre ans plus tôt) réalisé par son copain de fac John Carpenter : Dark Star. Or, Dark Star pose certaines des idées forces du script d'Alien : un équipage envoyé au fin fond de l'espace, chargé de détruire des planètes instables menaçant des convois spatiaux, mais aussi une séquence de course-poursuite espiègle avec un alien dans le vaisseau, qui servira de fondement direct à l'idée force du film de Scott. Dark Star est un pastiche des space-opéras, un hommage parodique à 2001 odyssée de l'espace, un pur moment de bravoure transposant l'absurde attente d'un En attendant Godot au beau milieu de la galaxie. Il est aussi le film le plus inattendu et novateur de la filmographie de Carpenter, au point d'éveiller l'intérêt de pas mal de monde dans le milieu du cinéma, à l'époque. Dont celui d'un certain Alejandro Jodorowsky.

Jodorowsky découvre Dark Star en 1975. Et s'en trouve durablement marqué par le travail de Dan O'Bannon sur le script. Un an plus tard, il décide donc de faire appel à ce dernier lorsqu'il se met à plancher sur le projet Dune. Attention, nous ne sommes pas encore sur la piste du long métrage qui sera finalement porté à l'écran par David Lynch, mais bel et bien sur l'idée originale d'un film très ambitieux, porté par les accents ésotériques et surréalistes de la pensée de Jodorowsky, libre penseur, romancier, poète autant que réalisateur. De grands noms sont associés à cette aventure, dont celui d'Orson Welles, celui des Pink Floyd pour la musique ou même celui de Salvador Dali, qui doit à l'époque incarner à l'écran l'empereur Padisha Shaddam IV. Et puis, surtout, il y a le design général de l'oeuvre. Il est confié aux bons soins de Moebius, mais aussi d'un Suisse dont on n'a à l'époque encore guère parlé: un certain H.R. (Hans Ruedi, ou Rudolf) Giger. C'est en Europe, là où se prépare le tournage, qu'O'Bannon rencontre Giger. Il travaillera à ses côtés jusqu'en 1977, lorque le projet sera finalement abandonné, victime de ses ambitions démesurées. Jodorowsky voulait en faire une épopée fleuve de dix heures, les investisseurs n'ont pas suivi.

O'Bannon rentre chez lui lessivé, dans tous les sens du terme, de cette expérience avortée. Sans le sou, sans travail, il file s'installer chez un ami proche, Ron Shusett, enchaîne quelques petits boulots en effets spéciaux (une autre de ses compétences) pour le Star Wars de George Lucas, puis se lance finalement dans la rédaction d'un nouveau scénario, avec l'aide de son hôte. L'écrit reprend un vieux script d'O'Bannon, intitulé "Memory", et lui adjoint divers éléments de classiques de la production horrifique comme "It, the terror from beyond" ou d'un roman de Van Vogt, "La faune de l'espace" (Vogt touchera d'ailleurs 5000 dollars d'indemnisation en 1978, et portera plainte devant la justice dans les années 1980 pour plagiat. L'affaire se réglera à l'amiable). Trois mois plus tard naît le script de Star Beast, qui raconte l'histoire d'un organisme extraterrestre capable de se reproduire dans un corps humain et qui menace l'intégrité d'un cargo de marchandises spatial. Très vite rebaptisé Alien, le scénario est également rapidement repéré par les producteurs. Et la Fox, alertée par la société de production Brandywine qui a la primeur de la lecture du scénario, se montre intéressée. Nous sommes en 1977,  et après quelques retouches effectuées notamment par Walter Hill (Ash, c'est son idée), le tournage peut commencer.

 

II. Le casting

La grande question qui taraude la production, c'est de trouver la bonne personne pour mener à bien cette aventure. Plusieurs noms de réalisateurs circulent, à l'époque, dont celui de Walter Hill. David Giller est également un temps évoqué. Mais les solution envisagées initialement doivent l'une après l'autre être abandonnées. Jusqu'à ce que Giller découvre Les duellistes au festival de Cannes. Le film, premier long métrage de Ridley Scott, fait forte impression et l'auteur-réalisateur de retourner chez Brandywine pour proposer son nom.

Scott se montre enthousiaste, et prend très vite le projet à son compte. Malin, il intègre O'Bannon à l'équipe de préproduction et s'attelle avec lui à la réalisation d'un storyboard assez détaillé. Un choix payant : à la vue de ce dernier, les producteurs décident de doubler le budget alloué, Alien passant d'une enveloppe de 4 millions de dollars à plus de 8 millions.

O'Bannon amène beaucoup en matière de choix esthétiques. C'est lui qui fait venir Ron Cobb, l'un de ses proches, pour travailler sur le design des intérieurs du Nostromo. C'est lui, aussi, qui insiste pour obtenir le côté usé, décrépi des décors, dans ce judicieux souci de réalisme qui préoccupe les films de genre dans les années 1970, ainsi que j'en ai déjà parlé dans un autre post. Surtout, c'est lui qui associe Moebius et Giger à l'aventure. Le premier se charge des costumes des personnages, le deuxième doit donner corps à l'univers du film, mais aussi à la créature. Mais ses dessins préparatoires ne parviennent pas à convaincre, et c'est O'Bannon, encore lui, qui finit par trouver la solution dans les travaux précédents de l'artiste suisse, et notamment un recueil de peintures intitulé Necronomicon. Les toiles Necronom 4 et 5 font mouche et convainquent Ridley Scott de tenir la "bête". L'alien tel que nous le connaissons, étrange créature biomécanique  dotée d'une sensualité et d'une humanité cachées - regardez bien les dessins - vient d'être identifié. Et la dimension érotique du monstre, qui sera sous-jacente dans tout le film, est d'ores et déjà posée dans sa conception même. Giger affinera le concept, réalisera à partir de cette base (et de nombreux vrais ossements humains et animaux) les différentes phases de développement de l'alien (oeuf, larve facehugger et adulte). Il produira également le croquis préparatoire servant à créer le pilote, ainsi que l'intérieur du vaisseau inconnu visité sur LV4-26.


Alien se présente comme un huis-clos, pour l'essentiel, et met en scène tout juste sept personnages. Le choix des artistes pour les incarner est donc crucial. Ridley Scott souhaite, pour le film, faire appel à de jeunes acteurs, encore relativement inconnus sur grand écran. Il est un temps envisagé de donner le rôle de Ripley à Veronica Cartwright. Mais celle-ci est finalement prise pour incarner Lambert. Sigourney Weaver débarque un peu malgré elle au casting, envoyée par son agent. Sa stature, son allure, plusieurs détails d'importance font dire à Scott qu'elle était choisie pour incarner Ripley avant même d'ouvrir la bouche. Pourtant, l'actrice n'a à l'époque jamais tenu de rôle principal dans un long métrage. Elle écume les planches à Broadway, certes, mais hésite à se lancer devant les caméras. La possibilité de jouer dans des décors quasiment achevés, déjà, lui permet cependant de visualiser le film. Ce qui finit par la convaincre. Ripley a un visage.

Pour compléter le casting, Tom Skerrit s'impose rapidement pour incarner Dallas, et John Hurt est approché dès le départ pour interpréter Kane, la future victime du facehugger. Indisponible, l'acteur cède cependant sa place à Jon Finch. Celui-ci se plaindra de violentes douleurs dès le premier jour du tournage, au point d'être évacué du plateau pour finir à l'hôpital, à devoir se battre contre la diabète. John Hurt reviendra alors dans la course grâce à un concours de circonstances : annoncé sur un tournage en Afrique du Sud, l'acteur est confondu avec un autre artiste, John Heard, connu pour ses positions anti-apartheid. Hurt est refoulé à la frontière sud-africaine et rentre aux USA. Juste à temps pour remplacer Finch au pied levé.

Enfin, Ian Holm, acteur shakespearien avant tout, est sélectionné pour donner vie à Ash. Harry Dean Stanton devient Brett et Yaphet Kotto sera Parker. Ces derniers forment un duo redoutable à l'écran, particulièrement complice, au point que Scott s'appuiera plusieurs fois sur ces seconds rôles pour caractériser la vie à bord du vaisseau, et la complicité entre les hommes qui y règne. Quand à l'alien, c'est un étudiant nigérien de 2,10m, Boladi Badejo, qui lui donnera vie.

 

 

III. Le tournage

Le tournage se déroule à l'été et à l'automne 1978, sur une durée de quatre mois, du côté des studios Shepperton, en Angleterre. Pas de remarques bien particulières à faire sur le sujet, si ce n'est que Ridley Scott a des idées précises en tête, et qu'il s'est entouré d'une' équipe de pros qui savent très eux aussi où ils veulent aller. Quelques frictions sont donc à siganler, mais rien de bien méchant. Pour les acteurs en revanche, la tension est permanente, selon une volonté de Scott. La musique originale de Massacre à la tronçonneuse passe en boucle sur le plateau avec pour seul objectif de stresser ceux qui sont appelés à passer devant la caméra. Pour plusieurs scènes, Scott décide par ailleurs de donner une information fragmentaire aux acteurs. Ainsi en va-t-il de la scène d'éventration précédant la naissance de l'alien: à aucun moment il n'avait été précisé que du sang jaillirait de la plaie, d'où l'air horrifié si réel de Veronica Cartwright, aspergée de sang durant la scène, à sa grande surprise.

Le budget relativement modeste du film n'empêche pas non plus Scott de faire preuve de pas mal d'exigence sur le plan technique. Les décors, souvent faits de vieilles pièces de récupération (dont un hélicoptère!), doivent avoir l'air usé, rouillé. La lumière joue également un rôle essentiel dans l'ambiance que veut obtenir le réalisateur. Les teintes bleu-vert sont le fruit de  petites lampes placées à travers tout le plateau et dont la diffusion de la lumière tient beaucoup à la présence d'une fumée uniforme voulue, là encore, par Scott. Bâtonnets d'encens, carton en flammes... Tout est bon pour  opaciser légèrement l'air sur le plateau, sans pour autant créer de petit nuage. Scott refuse de tourner avant d'obtenir le résultat parfait.

Le film est tourné en anamorphique, ce qui permet d'obtenir un format panoramique et de donner une impression de gigantisme que recherche Scott pour ses prises de vue (pour la sortie du vaisseau, à la découverte de LV4-26, un décor de 12 mètres de long a d'ailleurs été créé, et ce sont des enfants qui sont dans les scaphandres, afin d'accentuer l'effet de gigantisme de la scène). Autre avantage du format - du moins un défaut transformé en avantage - les sources de lumière produisent un halo qui donnent un effet très particulier à la prise de vue. Scott en use et en abuse durant tout le film. Tout comme il utilise régulièrement les effets de shaki-cam (caméra secouée), pour accentuer l'illusion du mouvement et de vie de sa caméra.

L'enjeu prioritaire du long métrage, c'est de coller au réel, même si l'affaire se déroule au beau milieu de l'espace. Pour ce faire, toute l'équipe de tournage est au diapason. Outre la recherche de véracité dans chaque décor, dans chaque scène - on demande aux acteurs de "jouer" très peu leur rôle, on essaye de s'aventurer sur le terrain de la chair, pile là où les autres films ne sont jamais allés. Pour donner une consistance au contenu des oeufs découverts sur le vaisseau alien, on ainsi utilise la paroi d'un estomac de vache. Ce qui est projeté vers le visage de Kane, c'est un intestin de mouton, dont on a découvert pendant le tournage sa capacité à fouetter l'air si on souffle dedans. Plus tard, lors de l'autopsie du facehugger, c'est même une huitre qui donne l'illusion du réel. Cela n'a rien d'anodin. Il en ressort pour le film un aspect presque organique, aussi fascinant que repoussant. C'est une volonté, ici encore. Si la créature doit terrifier, elle doit aussi pouvoir amener sa compréhension à un autre niveau. L'antagonisme attraction/répulsion est l'un des fondements d'Alien.

Alien est conçu, par ailleurs, comme un thriller. Ce qui explique le choix au montage de raccourcir le long métrage de 12 minutes. Scott ne souhaite pas s'embarasser à trop caractériser les personnages, à trop expliciter certains détails. Pour lui, l'important tient à la trame principale, et le reste, les non-dits, participe du mystère dans lequel baigne le film. C'est ce qui explique le montage initial particulièrement sec, sans temps mort ou presque. Le director's cut de 2003 réintrduira ces douze minutes coupées, qui sont pour l'essentiel des phases d'exposition et d'explication, notamment en dévoilant le destin des coéquipiers de Ripley capturés par le xénomorphe. Une démarche d'explication parallèle à l'évolution de Ridley Scott lui-même, qui se pose dès cette époque la question des origines du vaisseau et du pilote, dans le commentaire réalisé par ses soins sur blu-ray. Les prémices de Prometheus sont ici.

Quelques mots sur la musique. Celle-ci est confiée pour l'essentiel à Jerry Goldsmith. Mais au montage, une partition de sa partition sera évacuée. La musique de la scène d'ouverture, ainsi, était à l'origine celle du film "Freud", mis en musique par Goldsmith également, révèle commentaire audio du blu-ray director's cut de 2003. Quant à la fin, les monteurs préfèrent la Symphonie n°2 d'Hanson à la partition de Goldsmith. Ce qui créera quelques tensions. Il n'en reste pas moins que le travail du compositeur est remarquable, très obsessionnel (de plus en plus, d'ailleurs, à mesure que le huis-clos se transforme en mano a mano). La bande originale contribue grandement à la montée en tension du film, symbolisée par ailleurs par la démence naissante de Lambert, le personnage incarné par Cartwright devant représenter l'état d'esprit du public.

Enfin, le budget du film passe in extremis de 8 à 11 millions de dollars. Ridley Scott obtient quatre jours de tournage supplémentaires, en effet, pour ajouter un quatrième acte à son oeuvre, à savoir la survie du xénomorphe à la destruction du Nostromo et son expulsion finale dans l'espace. Ce qui aura son importance symbolique, nous le verrons un peu plus loin, mais introduira également une toute nouvelle pratique dans le cinéma hollywoodien : les fins à tiroir.

III. Les sens cachés

Alien se conçoit aisément au premier degré, mais le long métrage, à force de visionnages, interroge sur nombre d'aspects, notamment sur la mythologie qui entoure la créature et dont il sera plus largement fait état dans Prometheus.

Sex in the stars.- Pour commencer, le mode de reproduction du xénomorphe reste mal connu, si l'on se limite à ce premier opus - il est entendu que je ne parlerai pas ici des trois suites, que Scott critique en partie, notamment sur la présence d'une reine qui aurait selon lui dévoyé sa pensée initiale de modes de reproduction de la créature. C'est important, car cette inconnue renvoie directement au travail de Giger, dont je parlais plus haut. La créature porte en elle une dimension presque érotique, et montre certains comportements assez lascifs, notamment dans ses phases de dissimulation et de repli. Ridley Scott l'a reconnu : le film devait au départ intégrer des éléments plus explicites renvoyant à la sexualité du xénomorphe, dont la seule vocation, finalement, tient à se nourrir et à se reproduire (du moins, de prime abord). Le métrage sous-entend, ainsi, le potentiel "viol" de Lambert par le monstre (une scène a d'ailleurs été tournée qui montre le corps mort, violé, de Lambert, retrouvé par Ripley, mais elle n'a jamais été diffusée), et une scène de conclusion, malheureusement non tournée faute de temps, devait permettre à l'Alien et à Ripley de se confronter, le premier s'attardant sur la peau de la seconde, la humant, la désirant. Un ersatz de scène de viol, là encore, précise le commentaire audio de la version director's cut du film.

La sexualité au fond de l'espace, ainsi, est l'un des points majeurs du film, alors même qu'elle est en apparence absente. Une relation est ainsi suggérée entre Ripley et Dallas - elle figurait de manière plus directe dans le script initial, et Scott brosse discrètement l'éventualité d'une relation de type homosexuelle entre certains des membres de l'équipage, loin de tout pendant trop longtemps. Scott a d'ailleurs convenu, dernièrement, que ce serait une thématique qu'il aborderait plus frontalement s'il devait refaire le film aujourd'hui. Enfin, Ash lui-même semble témoigner de la curiosté pour la chose, lorsqu'il tente d'étouffer Ripley avec un journal enroulé enfoncé dans sa gorge. Un symbole phallique, là encore, qui ouvre nombre de questions quant aux pulsions potentielles d'une créature robotisée à l'intelligence avancée.

Vous vous demanderez sans doute à quoi bon tant de références à la sexualité. Il n'y a pas de réponse claire et définitive à la chose. J'y vois, pour ma part, une manière d'expliciter une vérité fondamentale, qui tient à la nature même de notre psyché. Le sexe est le moteur de notre inconscient, il en va de même pour toutes les espèces de l'univers. Et c'est une manière quelque part de dédouaner la créature de sa propre nature. C'est aussi une façon d'opposer le corps à l'esprit, une dualité qui a cours durant tout le film. Que serait-il advenu en effet si à la pulsion sexuelle l'équipage avait répondu par autre chose que la pulsion de la peur, qui mène à l'envie de détruire l'objet de cette peur ? C'est le sens de la question posée par Ash : "Avez-vous essayé de communiquer avec elle?" Car la créature pourrait être capable de compréhension et de communication. C'est une piste sérieuse : la fin souhaitée initialement par Ridley Scott voyait Ripley massacrée par l'Alien, et ce dernier prendre la voix de l'héroïne pour transmettre un message rassurant vers la Terre. Un épilogue que la production a jugé cependant trop sombre pour être validé. Mais convenons que le champ de possibles ouvert par cette fin est de nature à modifier toute la vision que l'on porte d'ordinaire sur le film et ses séquelles.

Vous avez dit égyptien ? .- Un autre aspect qui mérite d'être explicité tient à la présence, en plusieurs points du films, de références à la culture pharaonique égyptienne. Un exemple parmi d'autres, ce sont notamment les "ailes" gravées au-dessus de l'ordinateur lorsque Ash discute avec Ripley de son acte de désobéissance à un ordre direct (45e minute). Ici encore, pas d'explication claire de la part de Ridley Scott, mais la suite de son travail, en l'occurrence Prometheus - laisse à penser qu'il s'agit d'une première évocation, voilée, de la théorie des "Anciens astronautes", ces aliens qui seraient venus sur terre pour devenir les dieux des civilisations proto-historiques. C'est cette thèse qui sera reprise dans Prometheus, qui pour sa part multiplie les références à la culture mésopotamienne. Le fait que ces symboles soient présents dans le Nostromo renvoient à la persistance de la croyance chez l'homme, et peut-être, donc, à son devoir de comprendre ce qu'il a sous les yeux en pénétrant le vaisseau alien sur LV4-26.

Un film de monstre, vraiment ? .- Selon Walter Hill, le sujet d'Alien ne serait pas le monstre, mais les sociétés, les entreprises humaines qui ont permis sa naissance. De fait, le long métrage distille savamment cette idée de manipulation à distance de l'équipe du Nostromo. La visite de la planète LV4-26 semble être presque prévue d'avance, et les ordres que suit Ash sont sans équivoque ceux d'un complexe militaro-industriel intéressé par le potentiel destructeur de la découverte effectuée par l'équipage. L'Alien prend plus de valeur que la vie de tous les hommes et toutes les femmes présents sur le Nostromo. Une critique à peine dissimulée de la mainmise des multinationales sur l'économie américaine, sur leur inhumanité. Mais il y a plus, car la créature, interroge le film, peut être aussi bien un hôte indésirable qu'une création de cette autre race encore non rencontrée au moment d'Alien, celle du space-jockey (le pilote). De là à imaginer que ce peuple voulait en faire une arme de guerre et que la créature aurait finalement échappé à son créateur, il n'y a qu'un pas... que Prometheus franchira.

 

IV. L'épilogue

Alien, à sa sortie, connaîtra un succès considérable, tant critique (un oscar, celui des effets spéciaux, lui sera d'ailleurs attribué) que public. Le film connaîtra trois suites (Aliens, de James Cameron, Alien III de David Fincher et Alien resurrection de jean-Pierre Jeunet), deux spin-of (Alien VS Predator I et II) et une préquelle (Prometheus, de Ridley Scott). Autant dire que depuis plus de trente ans, la créature hante les nuits de générations entières d'adolescents. Car le film a de plus ceci de remarquable qu'il ne subit pas les outrages du temps. La marque d'une oeuvre culte, assurément.

 

Sources

https://www.cinetrange.com/2009/11/dark-star/

https://www.allocine.fr/film/fichefilm-62/secrets-tournage/

https://www.scifi-universe.com/dossier_contenu.asp?dop_id=213&do_id=43

https://www.planete-alien.net/realisation_5.php

https://www.paperblog.fr/5598463/secrets-de-cine-alienvert-de-rage-sur-le-plateau/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alien_(film)

https://www.prometheusfranceforum.com/t191-theories-alien-le-8eme-passager-le-cocon

https://horrormad.wordpress.com/dossiers/saga/alien/

https://www.cafardcosmique.com/Dan-O-Bannon-le-scenariste-Alien

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alejandro_Jodorowsky

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Ruedi_Giger

https://www.denofgeek.com/movies/alien/14883/alien-the-history-of-the-nostromo-by-ron-cobb

https://www.planete-alien.net/art/cobb1_1.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Giraud