Aujourd'hui, j'aimerais revenir sur un anime qui n'a pas fait l'unanimité. Parut l'hiver dernier en simulcast sur Wakanim, Space Dandy faisait partie des animes que le net attendait et que je vais tenter d'interpréter dans cet article.
La promesse : C'était le nouveau projet de Shinichiro Watanabe qu'on ne présente plus pour l'intemporel Cowboy Bebop et Samourai Shamploo. Mais aussi avec la participation de Yoko Kanno (si si) sur la musique. Et pas seulement! Space Dandy est avant tout, et ça fait partie de ses forces, un projet choral, en retrouvant plusieurs des petits camarades de Watanabe ( Dai Sato, Keiko Nobumoto ayant tous les deux travaillés sur Cowboy Bebop et Samourai Shamploo) dans l'écriture et presque la totalité des épisodes sont storyboardés et dirigés par une personne différente! Ce n'est pas nouveau dans l'animation japonaise mais ce n'est clairement pas la norme non plus.
Le postulat de départ avait aussi de quoi mettre tout le monde d'accord :
Dandy est un chasseur de prime de l'espace. Avec ses camarades QT, le robot ménagé obsolète et Meow, le chat de Bételgeuse, ils vont devoir capturer des espèces aliens exotiques pour récupérer le pactole et mener la belle vie. Pour une raison inconnue, l'empire Gogol les pourchasse à travers l'univers
Tout un programme.
Revenons un peu maintenant sur les personnages :
Ce héros est un cliché aberrant du looser et empreinte sa faciès au loubard japonais comme on en voit souvent dans l'animation japonaise. Maladroit mais chanceux, paresseux et dragueur, son passe-temps favori est d'aller siroter un verre, le regard lubrique, dans un des nombreux restaurants de la franchise BooBies.
Meow :
Le chat de Bételgeuse est un side-kick qui joue la carte du Lolcat ultra connecté. Coïncidence? C'est avec lui que Dandy passe la plupart de son temps et s'accorde pour se chamailler joyeusement.
QT :
Le robot ménagé obsolète parodie gentiment le mecha et fait office de tsukkomi quand ses compères sont des boke. Le Manzai étant une forme de comédie japonaise basé sur un duo, sureprésenté dans les animes. L'un est intelligent et rationnel, l'autre est un idiot fini. QT joue largement la rationalité, préférant "calculer" avant d'agir.
Pour le reste, on retrouve le Dr. Gel (et son acolyte), ce grand singe savant mais brut d'apparence qui échoue à attraper Dandy et son équipage. Ou encore deux personnages féminins dont l'une, Scarlet, s'occupe de répertorier les aliens, l'autre, Honey, est une serveuse du BooBies.
Du coup, même si certains épisodes sont centrés sur les personnages principaux (qui a dit Cowboy Bebop?), l'anime donne plus volontiers place à l'action et à l'interaction des personnages entre eux. On veut que ça swing baby!
Space Dandy joue la carte du conte humoristique. C'est toujours très varié. Et cette variété, on la doit notamment à une direction artistique fulgurante et définitivement barrée. Des couleurs, des couleurs et...du WTF. Certaines références m'ont surement échappé tellement l'impression de virulence visuelle et thématique est prégnante. J'ai vu du Hokuto no Ken, du Beebop, du Romero, du Gundam, La Planète des Singes et j'en passe. On a cette furieuse impression que la créativité au sein de l'équipe a été en roue libre. Des aliens qui ne ressemblent à rien, au milieu de planètes qu'on dirait tout droit sortie du Petit Prince ou d'un Mario Galaxy. C'est très plaisant à voir tant l'esthétique captive.
Chaque épisode justement, donne la part belle à un thème : tantôt l'écologie, les zombies, les réseaux sociaux, le western moderne, les mechas, la dualité du taoïsme, le jour sans fin, la filiation parentale, l'amnésie, les kaijus, les courses galactiques, etc. Même la situation actuelle de l'animation japonaise en prend implicitement pour son grade.
Space Dandy est un espace hétéroclite où il est possible de tout y trouver. L'anime est un véritable terrain de jeu. Et le point suivant, à mon avis, n'a pas été suffisamment pris en compte car l'anime se moque de tous les genres, tourne à la parodie le moindre sujet et cumule les clichés. On ne peut pas prendre cet anime au premier degré sous peine de ne rien piper et de trouver ça fade. Sauf dans les quelques passages plus terre à terre où une certaine tendresse peut poindre, quand même. Alors même si tous les épisodes ne sont pas ultra réussis à cause d'un manque de profondeur ou un humour pas toujours pertinent, on voit bien la démarche de toujours vouloir se renouveler et proposer un divertissement différent.
A mesure que les épisodes passaient, j'ai trouvé une grande ressemblance avec Gintama, un autre anime qui joue aussi sur l'auto-dérision, parodiant les codes de l'anime traditionnel, et de l'absurde des personnages anachroniques qui doivent cohabiter.
Space Dandy n'est certainement pas ce à quoi on s'attendait, moi le premier, et c'est justement ça qui est génial. Bariolé et punchy, plus rarement tendre, loin des conventions et pourtant si proche par ses thématiques, il a su me divertir et m'étonner le temps de 13 épisodes bien différents avec un sourire non dissimulé.
Les producteurs ont décidé de faire une seconde saison prévue pour juillet prochain (au même moment que le nouveau projet de Watanabe, Terror in Tokyo!) Il faut croire que Dandy n'a pas encore fini de nous faire voyager. Et je replongerai avec plaisir dans cet univers ouf-dingue pour peut-être en apprendre plus sur l'intrigue. L'espace s'ouvre de nouveau à nous, baby!
P.S. : on se quitte en musique avec une opening version longue qui fait plaisir avant le week-end.