Rayman... un héros que j'ai découvert à ses débuts, dans les années '90. Le coup de génie : des graphismes très recherchés, à mi-chemin entre le dessin animé et l'art, des animations rigolotes, une belle variété de paysages à découvrir, sans parler des diverses actions que peut faire Rayman. Tous les ingrédients sont réunis pour faire un best-seller. Les épisodes suivants, même en 3D, sont très réussis. L'univers merveilleux de Rayman 2, avec ses pirates et son ambiance conte de fée, tranche un peu avec Rayman 3 et son humour omniprésent, dans une aventure riche en coup de poing téléportés dans la face des méchants. Les Rayman ont pourtant tant évolués, on se demandant bien ce qu'Ubi Soft a pu réserver aux joueurs. Au final, ce fut un épisode 2D qu'Ubi nous a proposé en fin d'année dernière. Bien entendu, quand on parle d'un Rayman en 2D, on pense à Rayman premier du nom. C'est un fait : les jeux en 2D (ou gameplay 2D, en tout cas) ont la forme dans notre génération de console actuelle ! Et RO est tout à fait le genre de jeux qu'on aimerait voir plus souvent.

Il est en même temps absurde de comparer RO avec ses ancêtres puisqu'en fin de compte, tout est nouveau ! Le gameplay, les graphismes, les mondes, les trucs à débloquer... C'est particulièrement osé de proposer autant de changement, mais l'ensemble s'avère harmonieux.

Parlons déjà de gameplay. Premier constat : la maîtrise de nos différents protagonistes est précise. La vitesse des déplacements, la hauteur des sauts, la gravité, tout est judicieusement calibré, afin de ne pas avoir la désagréable impression de jouer avec des personnages hyper lourds ou évoluant sur la Lune. Un soin très important a été accordé au level design : rare sont les passages pas très clairs. Chaque niveau est l'occasion de découvrir une manière de progresser différente. Tantôt on vous demande de bons réflexes, tantôt il va falloir s'habituer à bondir sur des « bumpers » et à glisser sur des cordes. La gestion de la course est également intéressante : on ressent un peu l'influence des Mario, mais malgré tout, RO a son style bien à lui, au point de dépasser les jeux du plombier ! Tout en étant accessible, évoluer dans les niveaux riches est très plaisant. Et même si on ne maîtrise pas son personnage à 100%, le level design aide pas mal le joueur : il suffit de comprendre la logique du niveau et de progresser comme si de rien n'était. C'est tellement simple qu'on se surprend parfois à faire un passage qu'on a cru hyper spectaculaire, alors qu'en fin de compte, il n'y avait rien de bien sorcier. C'est valorisant !

Concernant les règles du jeu, là aussi il y a du nouveau. Influence Mario oblige, on peut faire l'aventure à quatre (Globox et deux Ptizètres accompagneront Rayman). Pour avoir fait le début de l'aventure à plusieurs, le jeu demeure très intéressant. Au contraire de New Super Mario Bros Wii, autre figure de la plate-forme multijoueur, un peu trop chaotique durant les parties à quatre. Il n'y a pas de lag lorsque quelqu'un meurt ou récupère un bonus, ce qui ne casse pas le rythme des parties et ne perturbe pas le joueur durant les phases délicates. D'autre part, ça n'empêche pas de progresser assez rapidement. Une autre spécificité, presque inédit dans un jeu de plateforme : vies illimitées ! Vous pouvez recommencer un passage autant de fois que vous le voulez, tant que vous ne changez pas d'écran (ça en revient à passer un checkpoint). Que ce soit en solo ou en multi, tout le monde est soumis à cette règle, et ce n'est pas un mal en soi, puisqu'à un moment ou à un autre, on va forcément pester contre un petit passage de rien du tout. L'avantage en multi, c'est que si tous les joueurs sont morts sauf un, et qu'il change d'écran, tout le monde va reprendre à partir du point de contrôle le plus récent, au lieu d'être renvoyé à perpète.

 

Les mondes à explorer sont constitués de différents niveaux. Si le premier de chaque monde (en tout cas dans la première partie du jeu) permet de récupérer un nouveau pouvoir, on peut également prendre part à un petit niveau de shoot'em up, sur le dos de Moskito, le premier boss du premier Rayman. Vive la nostalgie ! Il y a toujours ces cages à détruire afin de compléter le jeu à 100%. Il y a toujours une caisse à détruire à la fin du niveau, par contre pour trouver les quatre autres, il va falloir d'une part ramasser le plus de lums possible, et d'autre part découvrir les salles secrètes, quelquefois soigneusement dissimulées. Les lums risquent de vous donner du fil à retordre, ne serait-ce que pour atteindre le fameux score des 350 lums à la fin de la plupart des niveaux. Bien entendu, il n'est pas nécessaire de tout ramasser ou tout détruire pour aller jusqu'à la fin du jeu, mais ça va vous permettre de prendre part aux niveaux les plus éprouvants du jeu : ceux du fameux « coffrapatte » ! Imaginez une dizaine de niveaux où il faut courir tout le long et faire des sauts très précis, sous peine de recommencer depuis le début... nos gènes de PGM sont mis à rude épreuve, mais une fois tous les coffrapattes réussis, on peut se sentir fier !

Les coffrapattes sont loin de constituer le point fort du jeu. J'apprécie l'ambiance particulière qui nous accompagne tout le long du jeu : très dépaysant ! Une forêt luxuriante, un désert musical, une banquise gourmande, une eau tantôt joyeuse, tantôt ténébreuse... De très gros efforts ont été faits avec les graphismes, et l'ensemble est réellement somptueux. Que ce soit les décors de fond ou la bouille des ennemis, tout a été dessiné avec soin. Sur ce point, je n'ai rien à dire : la réalisation est largement à la hauteur ! Certainement l'un des plus beaux jeux en 2D de tous les temps.

En termes de durée de vie, RO est un bon élève. Si atteindre la fin du jeu ne prend pas trop de temps, le finir dans son intégralité est une tout autre histoire : seuls les meilleurs auront la patience de tout débloquer, mais ce n'est pas pour autant surhumain. Au pire, on peut refaire le jeu avec ses potes (mais sachez que RO s'apprécie tout aussi bien seul !) avec un certain plaisir. Rien que pour ces niveaux aquatiques, les plus réussis depuis Donkey Kong Country <3 ! Un mot sur le rythme du jeu, assez bien pensé mais je reproche le fait qu'en seconde partie de jeu, on ne puisse pas acquérir de pouvoir, et qu'en première partie, les boss sont rares à affronter. De même, je n'ai pas tant apprécié que ça le fait de refaire des niveaux dans des environnements connus, d'autant plus qu'ils n'apportent pas grand-chose en terme de difficulté ou de level design.

Puisqu'on en est aux reproches, parlons des combats un peu confus. Je reproche le manque de précision des coups que donnent les personnages. On se surprend quelquefois à se faire toucher plutôt que toucher. Et je n'ai pas compris l'intérêt de transformer tous les ennemis de base en bulles, si ce n'est le plaisir de rebondir dessus. D'autre part, en multi, lorsque tout le monde est regroupé au même endroit, il est impossible d'éviter le bordel lorsque quelqu'un frappe son camarade. La storyline est un peu trop légère et négligée à mon sens, pourtant l'histoire a toujours été intéressante dans les Rayman. Mais c'est quoi ce boss de fin fait à l'arrache ? -_-'

Reste enfin un reproche plus léger concernant l'ambiance en général. On peut se rendre compte de certains clins d'œil au premier Rayman (tel que Moskito ou le chasseur qui tire avec ses missiles) mais pourquoi ne pas être allé un peu plus loin dans les références en insérant des références aux épisodes un peu plus récents ? Bien sûr il y a Globox et les Ptizètres qui sont apparus dans Rayman 2, sans oublier Murfy. Donc pourquoi ne pas rajouter une version revue et corrigée des pirates du 2 ou des hoodlums du 3?

 

Coup de cœur ? Assurément ! Mais ce n'est pourtant pas suffisant pour en faire mon Rayman préféré, car il y a quelques micro-lacunes de gameplay et peut-être de rythme. Ce jeu est en revanche incontournable pour son ambiance hors normes (que ce soit musical ou environnemental) et son dépaysement, malgré une difficulté bien soutenue. La nostalgie est encore très présente, mais cet épisode (qui n'a pas grand-chose de vieux en fait) est un petit bijou de la plateforme, à découvrir si ce n'est pas déjà fait !