Cela fait plus de six/sept ans maintenant que les joueurs ont découvert pour la première fois MotorStorm. Sony, qui d'habitude nous présente un Ridge Racer à chaque fois qu'une nouvelle PlayStation déboule sur le marché, mise plutôt sur une nouvelle approche. Il faut rappeler que durant les années 2000, la franchise Ridge Racer a mal vieillie, et le sixième épisode sur Xbox 360 (une première!) n'était pas des plus flatteurs...Si par la suite un septième épisode a vu le jour histoire de remettre un peu les choses dans l'ordre, Ridge Racer n'est plus le jeu de course qu'on veut insérer dans sa PlayStation fraîchement déballée. Par contre, MotorStorm a pu remplacer la vieillissante franchise avec brio. La PS4 étant récemment annoncée, on peut donc s'attendre à un retour de MotorStorm dans un avenir proche... pour l'occasion, jetons un coup d'oeil dans le rétroviseur et revenons sur le premier épisode d'une série qui rencontre un certain succès.

 

MotorStorm, c'est déjà une ambiance. La chaleur du désert, l'ivresse de liberté et de vitesse. Des fous du volant des temps modernes ont choisi ce décor post-apocalyptique pour faire des courses de tout-terrain. Le terrain étant particulièrement hostile, mieux vaut laisser sa Lamborghini au garage et choisir parmi sept catégories de véhicules, s'étalant de la motocross au semi-remorque, en passant par les buggies et les 4x4. Chacun des véhicules a ses forces et faiblesses. Certains ne seront pas trop ralentis par la boue, d'autres peuvent atteindre des endrois inaccessibles grâce à des petits tremplins. Tandis que d'autres peuvent tirer profil de leur vitesse ou robustesse. Cet élément de gameplay est fondamental et décidera de la réussite ou non de vos courses.

En effet, les circuits de MotorStorm disposent de multiples embranchements, et très souvent vous pouvez tomber sur une section du circuit qui convient très bien aux caractéristiques du véhicule... ou pas! Une connaissance approfondie du terrain est nécessaire: au fur et à mesure des courses, le pilote retient les directions les plus sûres et permettant de gagner du temps. Si vous êtes censés pouvoir gagner avec tous les véhicules sur tous les circuits, vous vous rendrez compte que quelquefois appliquer les principes de bases ne suffisent pas: certains véhicules sont plus avantagés que d'autres, ou alors le circuit est trop exigeant par rapport à votre monture. On ne fait pas du bon travail... sans avoir du bon matériel!

Venons-en au point faible du jeu: sa durée de vie. Le mode solo est en effet assez court, ou vous vous contenterez de participer à des courses de plus en plus difficiles, le choix du véhicule étant souvent imposé. Durant les (longs) temps de chargement, vous aurez le loisir de suivre certains conseils sur la course à venir. Certains ont un ton humoristique assez amusant. Et vient le moment de la course, qui peut réunir jusqu'à seize concurrents! Une belle prouesse d'afficher autant de chauffards il y a quelques années... Pad en main, on apprécie un ressenti du véhicule assez agréable. On se rend compte très vites de la dureté des suspensions, de la nervosité du véhicule, son agilité. Mais c'est surtout les notions d'adhérences qui surprennent: selon que vous êtes sur le sable, le roc ou la boue, votre véhicule se comporte d'une autre manière. Si la surface n'est pas adaptée aux caractéristiques de la monture, soit vous peinez à prendre de la vitesse (la boue) soit vous glissez et vous déviez de votre trajectoire... hélas le travail apporté à l'adhérence s'est atténué dans les épisodes suivants. Mais l'autre principe majeur de MotorStorm, c'est le boost: vous pouvez vous en servir à volonté, mais plus vous le sollicitez, plus il chauffe! Ce principe, bien connu aujourd'hui, a évolué par la suite. S'il est simple d'utilisation, il est primordial d'en apprendre ses subtilités.

Car la difficulté évolue assez rapidement vers le haut, l'IA étant par ailleurs énervée. Bien que considérée comme particulièrement intelligente par la critique, l'IA me paraît au contraire plutôt stupide: les accidents sont trop nombreux de leur part, on se sent comme transparent dans le trafic. Ressentent-ils notre présence? Je n'en suis pas sûr. C'est plutôt frustrant, car les tracés demandant d'être particulièrement concentrés, il y a toujours des adversaires pour jouer les troubles fêtes près de nous. Et c'est alors que l'on se crashe jusqu'à plus soif, une habitude dans les courses les plus difficiles... Paradoxalement, c'est ce qui fait le charme de cette série: les rebondissements. A l'opposé du gentlemen driver de Gran Turismo, on n'est pas contre l'adrénaline provoquée par la tôle qui se froisse, ou la joie de prendre des risques inconsidérés sur certaines portions de tracés. Il en résulte alors un hymne à la joie fait d'explosions et d'accidents spectaculaires. Carton jaune en revanche pour les collisions, dont les lois de la physique sont parfois très étranges. Peut-être est-ce dû à une physique assez "lunaire"?

En ce qui concerne les graphismes, c'est du tout bon: ne jouant pas sur la surenchère d'effets spéciaux, le jeu ne mise pas sur l'impression de vitesse (sauf lors de l'emploi du boost) et préfère les jeux de lumières et des effets plus subtils, comme la boue qui vient vous perturber la vue! La modélisation des véhicules est correcte mais on aurait bien aimé une vue intérieure comme il en était dans un trailer... Les paysages font presque rêver, c'est le désert mais curieusement il parait très chaleureux quand le soleil se couche, ou même romantique, lorsqu'il est couché, vous autorisant des courses sous les étoiles (mais allez savoir pourquoi, vous ne pouvez pas mettre les phares à ce moment-là!). Les conditions météos n'ont pas d'incidence sur le gameplay cependant, si ce n'est la visibilité. Le jeu reste assez fluide mais difficile de comprendre ce qui se passe quelquefois, lorsque l'action est trop importante.

 

Et voilà, avec l'aide de graphismes soignés et d'un gameplay peu habituel, comment MotorStorm est devenue une licence de jeu de course majeure. Ce premier opus, Monument Valley, reste encore un des plus intéressants, surtout pour la qualité du pilotage et de son ressenti, sans oublier son ambiance particulièrement bien retranscrite, bien aidé par ailleurs par sa B.O qui affiche une bonne patate. Là où le jeu a mal vieilli, c'est surtout son contenu un peu chiche, et quelques lacunes par-ci par-là. Autrement, ce premier épisode est finalement un des plus réussis de la franchise, ses suites apportant contenu (Pacific Rift) et action (Apocalypse).