Une poignée de truands ouvrent le bal en dézinguant de la flicaille à tour de bras, les actions sont précises, les respirations haletantes, le ton est posé : no mercy.
J'ai zoné quelques heures en compagnie de Franklin, un chouette type toujours partant, peut être trop gentil pour le métier [de gangster, évidemment]. Flanqué de son pote au flow type San Andreas et d'un clébard en rut, le jeune homme nous plonge direct dans son univers survolté, s'amusant à nous faire découvrir Los Santos à bord d'un bolide flambant neuf, d'une remorqueuse suintant la rouille, n'hésitant pas à se recharger entre les seins d'une jolie fille, ce ne sont pas les putes qui manquent. Sexe, came et vols de voitures, faut l'avouer, on n'est pas vraiment dépaysé...
Débarque alors Michael, à la personnalité double. Ex-truand revenu des Enfers, c'est sur le divan d'un psy qu'on se rend compte qu'il pète les plombs. Englué dans la morne vie d'un riche père délaissé, on se surprend à espérer qu'un jour sa femme, sa gosse ou son morveux prendront conscience de la futilité de leur relation et se remuent ... vaz-y que je t'explose l'écran plasma du fiston grassouillet pour ensuite l'amener à faire la course au bord de la plage... petit plaisir assez frivole et bienvenu que ces zigzags niaiseux entre des jolies filles en bikini.. En plus des nouveaux véhicules qui s'ajoutent à la chaîne, c'est une dimension psychologique qui se déploie sur Los Santos et ses quartiers, bordel, arrête de rêvasser, le casse du mois se prépare..
Changement brutal de décor, on se retrouve nez à fesse avec Trevor, les bottes tachées de sang, la gueule démolie par l'alcool et la violence. Le ton monte d'un cran, la virulence des gestes et des paroles claquent contre les tempes , ça y'est, ça rigole plus, on y est vraiment.
Se saouler à la bière premier prix et se fracasser le museau contre un matelas crasseux, écrabouiller des faons à bord d'une vieille bagnole poussiéreuse, dessouder du péquenaud en hurlant ou tout simplement se balader sur des collines recouvertes d'éoliennes à bord d'un Buggy que rien n'arrête, ça ne s'explique pas vraiment, c'est à 'vivre'.
Certes, les pnj ont parfois des réactions un peu douteuses, quelques petits bugs pointent de temps en temps le bout de leur nez, on comprend pas toujours pourquoi les persos changent de fringues d'une cinématique à l'autre mais sinon... toujours aussi compliqué de gagner une course de voiture [ça patine , ça patiiine] , toujours aussi jouissif d'entendre quelques bons morceaux à la radio quand on s'y attend le moins, toujours aussi plaisant de semer une armée de keufs en empruntant un souterrain hyper secret, la bave aux lèvres, les mains crispées sur le joystick, puis ces avions à la sensibilité exquise... Préparez-vous à passer d'innombrables minutes à tester diverses facéties célestes.
Un poil plus maniable que d'habitude et moins approximatif dans le gameplay, bourré de détails qui tuent (le courrier qui voltige lorsque l'on bourrine les boîtes aux lettres, les vitres des magasins qui se fendent sous la dureté de nos poings) et proposant un éventail gigantesque de véhicules à piloter et de choses à faire, GTA V s'impose comme LA virée délirante et nécessaire de cette rentrée tristoune. Foncez!