Earthbound, jeu de l'année ? J'assume ! J'aurais pu citer des jeux plus récents comme Fire Emblem Awakening, Injustice, Bravely Default ou même Super Mario 3D World. Mais non, je préfère mettre en avant la ressortie d'un jeu Super NES.
Vous vous demandez surement : Pourquoi diable parler d'un jeu vieux de 20 ans ? Déjà, parce qu'il n'est sorti chez nous que cette année (hé oui). Et ensuite parce que c'est un excellent jeu et diablement addictif. Enfin, parce qu'étant sorti un peu discrètement, il mérite tout de même qu'on parle un peu plus de lui.
À sa sortie au USA, en 1995, Earthbound fut un échec et passa inaperçu, malgré les efforts de Nintendo of America. Il faut dire que cette année là vu la sortie de RPG hors du commun et bien plus beau : Chrono Trigger, Final Fantasy VI, etc… Sans parler de l'arrivé imminente des consoles 32bits, Playstation en tête. Ajoutons à cela une campagne de publicité particulièrement raté (le slogan était : "ce jeu pue") et vous aurez la recette pour faire oublier un jeu pourtant parfait dans son genre. Il ne connu le succès qu'au Japon.
Ce n'est qu'en 2001 que les joueurs occidentaux commencèrent à vraiment s'y intéresser. La cause : un certain Super Smash Bros. Melee (1).
Pourtant, Earthbound possède d'immense qualité qui le hisse au panthéon des meilleurs RPG, voir des meilleurs jeux tout court ! Déjà, il dispose d'une très bonne ambiance. Les héros évoluent en Eagleland, une sorte d'Amérique moderne à des lieux des univers médiévaux-fantastiques génériques comme il en pullule dans les jeux de ce genre. Ainsi, on ne dirige pas des guerriers à grosses épées mais une bande de gamins armées de pétards, de lance-pierres et de poêles à frire. La direction artistique, pour dépouillé qu'elle soit, renforce ce coté naïf. Les monstres font plus rire qu'ils ne font peur ; on affronte des hippies rétro new-age, des taxis fous ou même un tas de vomi qui vous rote dessus. Pas de dragons ni de sorcier donc… Les musiques s'accordent d'ailleurs très bien avec l'ambiance : le thème d'Onett et sa basse funky, les Huit Mélodies mélancoliques, celui de la Vallée des Saturns ou du Dungeon-Man comiques et grotesques.... Sans parler des combats psychédéliques au possible.
Le propos du jeu est également plus sérieux qu'il ne le laisse paraitre au premier abord. Si l'histoire ne semble assez classique (4 héros contre une menace intergalactique) voir même naïve, elle n'est pas exempte de thèmes adultes. Par exemple, la relation qu'entretient Ness et sa mère est au centre de l'histoire (2) et déteint sur le gameplay. Ness peut devenir nostalgique et souffrir du "mal du pays", une altération d'état que seul un coup de téléphone à maman (ou une nuit à la maison) peut guérir. Même si elle est loin du héros, on s'attache très vite à elle.
Le jeu brise fréquemment le quatrième mur. Ainsi, le personnage de Brickroad est fan de donjon et parcourir ses créations s'apparente à dévoiler les coulisses d'un RPG classique, des panneaux dévoilant les recettes pour faire un bon donjon… Et ne parlons même pas le combat final. De plus, il accumule les références à la culture populaire, notamment les Beatles (dont Shigesato Itoi, le producteur et scénariste, est grand fan) ou les Blues Brothers.
Il est des jeux qui ne changent pas et reste toujours aussi bon, quel que soit l'époque où l'on y joue. Earthbound est de ceux là ! Près de 20 ans après sa sortie, sa fraicheur et son originalité font toujours plaisir. Earthbound est une expérience de jeu bien différente d'autre RPG plus classique. Un jeu qui ne paye pas de mine mais se révèle être d'une grande richesse pour celui qui veut bien s'en donner la peine.
Notons enfin, pour conclure, que Shigesato Itoi a annoncé travailler de nouveau sur Mother (mais il ne s'agit pas de Mother 4, a-t-il précisé). Si l'on ajoute les propos de Stephan Bole concernant une éventuelle traduction française de ce titre ainsi que le fait que Nintendo Europe le mette en avant sur l'eShop, on ne peut qu'être optimiste sur le futur de cette licence oublié de Nintendo ! Du moins, chez nous...
Pour en savoir plus, voici un site qui recense toutes les différences entre Mother 2 et Earthbound : https://legendsoflocalization.com/earthbound
Art by Mutoh
1- On notera que Ness faisait déjà une apparition dans Super Smash Bros sur N64 en 1999 (en tant que personnage caché). D'ailleurs, il semble que la série des Smash Bros ne soit pas non plus étrangère à la découverte de la série des Fire Emblem en occident et à la résurrection de Kid Icarus.
2-La relation du héros avec sa mère semble être au centre même des trois jeux la série. Ce n'est peut-être pas un hasard si le titre original est Mother.