Il était temps. Temps que le plus
connu des gorilles reprenne du service sur nos jolies consoles next-gen, temps
qu'un jeu à son effigie reprenne avec brio la recette qui l'avait jadis
propulsé devant King King, à la première place du top primate. Pourtant, avoir
en ligne de mire un éventuel héritier du chef-d'œuvre de Rare était un pari osé
de la part des développeurs texans de Retro Studio. En effet, le jeu aurait pu
s'appeler Donkey Kong Returns. Mais non : le Country  n'est pas là par hasard. Donkey Kong Country
Returns saura-t-il remettre le musculeux gorille sur le devant de la scène ou
est-ce que le studio américain s'est laissé prendre au jeu de son
ambition ?

 

De Donkey Kong Country, cet
épisode baptisé Returns n'a pas que le nom puisqu'il reprend globalement les clés
du succès que Rare avait su conféré à son titre sorti en 1994 sur Super
Nintendo. Ainsi, il n'est pas étonnant que ce DKCR s'inscrive dans la plus pure
tradition des jeux de plates-formes, genre dans lequel le gorille à cravate
n'avait plus officié depuis quelques temps (puisque son rôle récurrent semble
désormais être celui de pilote de kart). Autrement dit, on retrouve un soft de
plates-formes très classique doté de la sacrosainte vue 2D latérale même si les
personnages et les décors de premier plan sont joliment modélisés en 3D. Sans
surprise, vous incarnez Donkey Kong, qui n'est plus à présenter, dont le stock
de bananes a lâchement été dérobé par d'étranges masques flottants qui ne
manqueront pas de rappeler ceux d'un autre classique du genre (non je ne
donnerai pas la réponse !). Il est clair que le scénario est presque
inexistant et offre simplement au joueur la possibilité d'arpenter divers
paysages afin de remettre la main sur ses précieux fruits climactériques et de
fesser les criminels. L'histoire est simple, le jeu l'est beaucoup moins.

 

Toujours dans la tradition de la
plate-forme, vous enchainerez les niveaux de jeu en sautant, roulant, grimpant,
etc. ... Il y a toute sorte de phases au fil des mondes : certains se
traversent de lianes en lianes, d'autres à bord d'un wagon minier, une
nouveauté de cet opus vous fait chevaucher un tonneau -fusée. Bref, vous serez
confronté à diverses situations qui demandent un timing parfait et une maitrise
irréprochable. Diddy Kong viendra toutefois prêter main forte grâce à son
jet-pack qui permet de couvrir de plus larges distances de saut.
L'environnement ne sera pas le seul ennemi puisqu'un nombre important
d'adversaires viendra mettre des bâtons dans les pattes des gorilles aventuriers
(crabes, scies circulaires, tamtams électrifiés,...). A l'instar d'un Mario,
c'est en leur sautant dessus que vous en viendrez à bout même si certains
demanderont une stratégie supplémentaires (tamtam en feu, par exemple, qu'il faudra
éteindre au préalable). Le gameplay est très classique mais diablement
efficace : sauter, avancer, se coucher, charger, souffler et s'agripper.
Bien entendu, le saut, comme dans tout bon jeu de plates-formes qui se
respecte, occupe le cœur de la progression et l'exécution de celui-ci s'avère
parfois imprécise, ce qui ne manquera pas de faire hurler de rage même les
joueurs les plus aguerris.

 

                           

 

Une autre réminiscence de son
ainé Donkey Kong Country est visible dans la difficulté du jeu. Ce titre
s'adresse avant tout aux gamers et outre le jeu de Rare, DKCR rappelle
également, par sa difficulté, nombre de jeux de plates-formes sortis sur 8 et
16-bits. Chaque niveau est un challenge et bien que Donkey Kong Country Returns
s'ouvre sur des niveaux assez aisés, la difficulté monte en flèche au fil des
mondes. Ainsi, certains mondes vous sembleront impossibles à passer tant le
nombre de vies que vous y laisserez sera important. Néanmoins, les bananes
jonchent le sol par dizaines et rapidement, le stock de vies remontera. De
plus, chaque monde possède une cabane qu'habite le vieux Cranky, un papy
primate qui vous permettra d'échanger vos pièces bananes (des pièces
« bonus » que vous trouverez en grande quantité au fil du jeu) contre
des vies. Celui-ci proposera également quelques bonus tels qu'un cœur
supplémentaire, une potion d'invincibilité ou encore un perroquet chercheur de
trésors. Ces derniers sont dissimulés dans tous les environnements et
constituent un challenge de plus puisqu'en forme de pièces de puzzle, ils dessineront
une image une fois réunis à la fin d'un level. Toujours fidèle à l'esprit
Donkey Kong, réunir les lettres K.O.N.G fait aussi partie de l'aventure, les
quatre lettres étant dispersées dans les niveaux et pas toujours facile à
récupérer. Chacun des neuf mondes se solde par un combat contre un boss, animal
sous le contrôle de l'un des masques. Celui-ci s'avère toujours compliqué et
demander de votre part une grande dextérité et une maitrise parfaite de la
Wiimote. La difficulté est donc très élevée et vous passerez par les états de
rage ou de frustration et les envies d'abandon seront régulières. Toutefois,
chaque réussite de niveau vous galvanisera et réussir dans Donkey Kong Country
Returns est un vrai challenge que beaucoup de jeux vidéo oublient de proposer
aujourd'hui. Dans l'esprit Nintendo, un mode coopératif est disponible pour
deux joueurs. N'attendez pas de grosses surprises le concernant puisqu'il ne
fait que reprendre le gameplay avec un joueur de plus incarnant Diddy Kong. C'est
donc une déception tant il aurait pu apporter une nouvelle expérience de jeu.

 

                      

 

On ne pourra éviter un autre
parallèle avec son ainé DK Country de la Super Nes en ce qui concerne les
graphismes puisqu'on retrouve le même esprit visuel. En effet, la touche est la
même aussi bien concernant les personnages que les paysages. Le level design
est extrêmement varié, ainsi, Donkey Kong traverse la jungle, la forêt, une
usine ou encore une plage tropicale. On passe donc de couleurs chaudes et
tape-à-l'œil à des lieux plus sombres, parfois en noir et blanc uniquement. Les
niveaux recèlent toujours de passages secrets que vous trouverez parois par
inadvertance dans lesquels les bananes font légion. Les textures utilisées tout
au long du jeu sont jolies, très propres dotées d'un grain particulier qui
toutefois ne viendra jamais concurrencer les graphismes HD d'une PS3 ou Xbox
360. La bande son est agréable et propose divers thèmes musicaux qui
rappelleront eux aussi le précédent volet de la Super Famicom puisqu'il s'agit
en fait d'une remasterisation des sons utilisés en 1994. La durée de vie du
titre n'est pas exceptionnelle si l'on se fixe comme objectif de seulement
traverser les niveaux (une petite dizaine d'heures). Par contre, terminer le
soft à 100% se révèle bien plus ardue et ne manquera pas de vous garder en
haleine une bonne dizaine d'heures supplémentaire.

 

L'impression finale?

Donkey Kong Country Returns s'avère
être le digne successeur du DKC d'il y a 16 ans. Le gameplay reprend
efficacement tous les lieux communs du jeu de plates-formes et n'en oublie pas
ses subtilités (trésors cachés, lettres à récupérer, passages secrets,...). Le
soft de Retro Studio conserve l'identité du gorille et la respecte au maximum,
ainsi, le jeu possède une réalisation fidèle à l'œuvre de Rare, sans avoir
recours à d'inutiles artifices. La grande difficulté du jeu en arrêtera
certains mais le challenge se montre très intéressant et rappellera à beaucoup
ce que les consoles 8 et 16-bits proposaient auparavant. On comprend donc
aisément que ce DKCR s'adresse avant tout aux gamers, peut-être pour ramener
ceux-ci auprès de la Wii. Ce titre n'est peut-être pas le jeu de l'année face à
des Call of Duty ou à des World of Warcraft (trop ?) bien rodés mais c'est
surement le meilleur jeu de plates-formes que l'on ait eu depuis plusieurs
années.