Quand on a une queue de singe,
sommes-nous voués à un destin exceptionnel ? Apparemment oui. Il y a bien
sur Sangoku de Dragon Ball et désormais Monkey de Enslaved. Le jeu, sorti en
octobre 2010, mélange action et plate-forme. Autrement dit, entre un Devil May
Cry, d'ailleurs à la charge du même studio Ninja Theory, et un Crash Bandicoot.
Bon le trait est un peu forcé mais c'est l'idée.

 

C'est donc le personnage de
Monkey que vous incarnerez au long de cette aventure. Ce nom résume le
personnage : une grand bonhomme baraqué à la queue de singe, capable de
grimper des immeubles en ruines et de dézinguer des robots de dix mètres de
haut avec un bâton (et même de tirer avec !). Ce dit Monkey se réveille
enfermé dans un caisson sur ce qui semble être un transport d'esclaves. Quel
terrible destin semble se profiler sous nos yeux de joueurs innocents ! Mais
tout ça sans compter sur Trip, une jolie rouquine qui, grâce à son agilité et à
sa maitrise de la bidouille, va s'échapper. Seule. Sans oublier de pirater le
système du vaisseau. Ce dernier semble donc courir à sa perte, et vous avec.
Monkey parviendra tout de même à s'en sortir après une course effrénée dans un
navire en perdition et rejoindra Trip. La jeune fille réussit alors à flanquer
notre ami primate d'une couronne d'esclave : autrement dit, Monkey doit
lui obéir sans quoi une douleur intense le saisit. Et comme si cela ne
suffisait pas, si le cœur de la belle venait à s'arrêter, le même destin l'attendrait.
Trip va donc utiliser Monkey pour l'aider à la ramener saine et sauve dans son
village natal, où son père l'attend probablement.

 

 

A la suite de cette magnifique
scène d'introduction pour le moins haletante, le joueur prend le contrôle de
Monkey, suivi de près par Trip. Le gameplay est basique mais terriblement
efficace. Le jeu alterne phases de plate forme et phases d'action. En ce qui
concerne le type plate forme, autant être clair, il n'est pas d'un grand
intérêt : tout est totalement dirigé et le joueur n'a finalement qu'à
appuyer sur une touche au moment où il souhaite sauter d'un point à un autre
(comme un singe quoi finalement - pas le joueur, hein! Monkey!). Cependant, l'action
est bien plus intéressante. Armé de son bâton magique (tiens, ça me rappelle
encore quelque chose), Monkey va combattre les robots esclavagistes, de plus en
plus coriaces. Ce même bâton peut aussi être utilisé comme arme à distance :
avec plusieurs types de munitions, on obtient différents effets. Cela jouera un
rôle crucial dans l'aventure puisque certains ennemis devront préalablement
être maitrisés avant de pouvoir être détruits. L'élimination de certains robots
devra être précédée d'une phase d'infiltration pour ne pas être repéré (la
connaissance mécanique de Trip s'avérera alors cruciale). Tuer ces robots
permet aussi de récolter des orbes et des points. Ceux-ci pourront par la suite
être utilisés afin d'améliorer notre personnage et son arme. Ils valent donc le
coup de vider une zone de ses ennemis avant de poursuivre l'aventure. Le principe
de la couronne d'esclave est peu présent dans le jeu puisque protéger Trip n'est
jamais très compliqué.

 

En fin de compte, le gameplay se
révèle être assez linéaire et le joueur est rarement surpris par des ennemis ou
par une phase de plate forme. Toutefois, à la fin des combats, l'histoire
avance et chaque fois, on a de plus en plus envie de connaitre la suite. Le
scénario est donc majeur dans Enslaved : Odyssey To The West: dans un futur
proche, le monde a été ravagé par une catastrophe laissant une Amérique
dévastée dans laquelle seule la nature a repris ses droits. C'est donc dans un
univers bucolique que notre improbable duo évolue. Ce contexte donne à voir des
scènes inattendues mais pour le moins magnifiques : des gratte-ciels
ruinés par du lierre, un arbre majestueux au milieu d'un pont branlant,... Pourtant,
des groupes d'humains y survivent encore, cantonnés en petits villages, tentant
quotidiennement d'échapper à des robots esclavagistes sans merci. Le jeu fait
preuve d'un joli paradoxe chronologique et idéologique reprenant l'Amérique
bucolique d'un Mark Twain dans un contexte de retour d'esclavage. Autrement
dit, un retour du passé dans le futur, une Amérique qui a évolué vers son
passé. De plus, l'idée du voyage vers l'Ouest y est reprise, autrement dit vers
la nature sauvage et inconnue. Bien sur, le fin mot de l'histoire, je vous
laisse le découvrir !

 

Graphiquement, le jeu est
également quelque peu paradoxal. Alors que les graphismes ne sont pas
extraordinaires techniquement, ils sont riches et envoutants. Les ptits gars de
Ninja Theory n'ont pas lésiné sur les détails et chaque feuille d'arbre ou
chaque pierre d'un mur y est  soigneusement
représentée : c'est donc un bonheur d'admirer les paysages tout au long de
l'aventure. De plus, les couleurs sont diversifiées et vives, donnant ainsi un
caractère fort et une identité visuelle au jeu. Le character design est à
mi-chemin entre hommage et pompage : Monkey est outrageusement une copie
de Sangoku de Dragon Ball (queue de singe, nuage supersonique et bâton
magique), Pigsy, un humanoïde porcin, ressemble comme deux gouttes d'eau à
Oolong du même manga d'Akira Toriyama. Une moindre dose d'explicite nous aurait
peut-être fait apprécier la référence.

 

Au niveau de la bande sonore, les
musiques sont magnifiques et en parfaite adéquation avec les phases de jeu. Les
voix françaises ont été soignées et pour une fois, on ne regrette pas de ne pas
avoir accès à la version originale. Mais, parce qu'il y a un mais, des nombreux
bugs sonores sont présents dans Enslaved concernant surtout le volume des
dialogues. Aussi, il arrive qu'il soit compliqué et laborieux d'entendre les
instructions de Trip ou les états d'âme de Monkey.

 

 

 

L'impression finale ?

Au terme d'une douzaine d'heures,
le jeu se ferme sur une fin palpitante et captivante. Durant l'aventure, le
joueur rencontre des personnages attachants, hauts en couleurs et aux personnalités
plus complexes qu'il n'y parait de prime abord. Certes le jeu est on ne peut
plus dirigiste, linéaire et qui plus est au sein d'environnements complètement
fermés, mais on ne peut qu'être envouté par les graphismes et les paysages
doués d'une profondeur et d'une magie indéniable. De plus, l'histoire prendra
souvent le pas sur l'action et absorbera le joueur dans un scénario pensé et méandreux
dont la fin est totalement inattendue.