“Do you feel it Zach? My coffee warned me about it!”
Ahlala ! Ce que je n'aimerais pas être testeur ! Si pour certains titres, le métier doit être sympa il y en a d'autres pour lesquels ça doit être une torture. Deadly Premonition fait parti de cette deuxième catégorie, c'est un jeu intestable parce qu'il ne peut pas être teste sur des critères techniques. Et si c'était le cas, les critiques seraient très négatives (d'ailleurs, on peut en trouver sur le net).
Oui, car soyons honnête, Deadly Premonition n'est pas un jeu qui se laisse approcher facilement. Si la direction artistique du titre n'est pas mauvaise et amplifie l'ambiance réussie, techniquement on a affaire à un jeu PS2 et pas forcement dans sa plus grande forme. Textures baveuses, foret moche, modélisation parfois étrange des personnages... Bref ce n’est pas bien jojo.
A ce défaut s'ajoute aussi la prise en main bien archaïque dans les déplacements. A l'instar de RE4 le stick droit ne sert à rien et tout se fait avec le gauche (déplacement, visée,...). Attention je précise bien que le maniement est archaïque mais pas forcement mauvais, il suffit juste d'un temps d'adaptation.
En voiture par contre, c'est la catastrophe ! Au début les véhicules ne dépassent pas les 50 km et les trajets deviennent très long (mais pas tant que ca pour une raison que j'évoquerai plus tard, hein, hein, hein, teasing !).
Bref, c'est tout pour les défauts (pas totalement en fait, il y a aussi une sorte d'ennemi qui prend 10 min a tuer a chaque affrontement et deux filatures totalement ennuyantes qui prennent un quart d'heure a chaque fois... cette fois c'est tout).
Alors, vous pourrez me dire : "graphismes et gameplay en défauts, c'est quand même sacrement embetant". Et vous auriez raison...pendant deux heures peut être.
C'est état d'esprit de 2014 de se dire "c'est moche et injouable donc c'est de la merde" cessera après deux heures de jeu environ, le temps de s'habituer un peu au titre et de passer la scierie qui est le plus long moment du jeu. Alors il faut avoir le courage d'arriver jusqu'à la, mais une fois que ça sera fait vous verrez dans Deadly Premonition, bien plus de qualités que de défauts.
Par rapport au gameplay, sachez tout d'abord que Greenvale (la ville ou vous evoluez, oui je sais je n'ai pas parle du scenario mais j'aime bien faire les choses à l’ envers) est une ville ouverte dans laquelle il y aura des phases d’action/horreur dans certains batiments. Phases plutôt sympathique en fait, parfois trop longues, mais elles permettent de varier un peu la progression.
Cette ville est relativement grande et contient beaucoup de quêtes annexes très sympathiques. Ces dernières ne font pas forcement évoluer l'histoire mais permettent d’acquérir des objets importants ou d'en découvrir plus sur les habitants ce qui favorise l'immersion.
Et croyez moi l'immersion est le maitre mot de DP ! Avec sa ville ouverte donc mais aussi l'horloge du jeu (12h dans le jeu représentent un jour) grâce a laquelle chaque habitant (suspect) vit sa vie et a réellement des occupations propres a lui (si l'on suit Nick, le propriétaire du café, jusqu'a chez lui, on le verra peindre).
De plus, certains éléments du gameplay sont pensés pour faciliter cette immersion. Par exemple, il faudra veiller pendant tout le long du jeu à ne pas laisser chuter la jauge de faim ou de sommeil du héros et il faudra régulièrement changer de costume pour ne pas puer (on peut même choisir de se raser ou non, et la barbe pousse en temps réel !).
De même, tous les véhicules ont une jauge d'essence qui diminue et qu'il faudra recharger a la station service.
Ce sont des petits éléments qui paraissent embêtants de prime abord mais qui se révèlent finalement très sympa et qui aident le joueur à se passionner pour le scenario.
Et quel scénario mes amis (transition de malade) !
Une petite ville entourée de foret, le meurtre d'une jeune femme, un agent du FBI un peu déjanté qui vient enquêter. Non, je ne suis pas en train de vous raconter Twin Peaks. Même si le postulat de base est très (trop) inspiré, très vite, le jeu prend ou autre tournure.
D'ailleurs croyez moi, le scenario est clairement le gros gros point fort de Deadly Premonition. Il est passionnant, vraiment prenant (« who is the Raincoat Killer ? ») et même si certaines explications de la fin peuvent être décevantes (l'avant dernier boss) l'ambiance glauque mais en même temps parfois très drôle reste magistrale du début à la fin.
Puis il y a les personnages, si certains sont assez clichés, le titre mériterait d'être acheté rien que pour son héros : Francis York Morgan (mais appelez le « York », tout le monde l’appelle « York »). Ce héros, très drôle, exprimant rarement ses émotions parle tout le temps à un certain Zach et c’est clairement cette relation avec Zach qui m’a le plus emballé.
Si, ce personnage représente une métaphore du joueur avec qui York discute tout le temps, y compris dans sa voiture ce qui rend les phases de conduite bien moins pénibles que prévu (fin du teasing), son rôle est finalement expliqué par le scénario et cette scène d’explication est très touchante.
Bref, l’histoire, l’ambiance et les personnages sont les raisons principales pour jouer à Deadly Premonition.
Au final, Deadly Premonition est étrange. Il mélange le bon et le mauvais et fait ressortir un résultat excellent. Des superbes idées dans le gameplay mais un maniement dépassé, une ambiance visuelle réussie mais des graphismes d’un autre âge, des scènes terriblement glauques avec une musique joyeuse (d’ailleurs les musiques, étranges, se révèlent finalement superbes), un scénario sombre mais des moments très what the fuck,… Peut être que le jeu essaye de nous montrer que d’énormes défauts peuvent engendrer une expérience mémorable même dans le bon sens du terme ? Que la définition d’un bon jeu devrait être redéfinie ?
Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que j’ai passé une vingtaine d’heures à Greenvale et qu’elles furent fantastiques. Peu importe les défauts, ils font même parti du charme, Deadly Premonition est une expérience marquante, ambitieuse sur certains points, jouant avec les codes du jeu vidéo et de la mise en scène et réussissant à captiver le joueur du début à la fin !
Jouez-y ! Il le mérite !
« So says Mister Stewart. »