Troisième Partie
Le propre du monde d’Ivalice est justement l’absence de véritable héros. C’est une contradiction avec la série des Final Fantasy. Chacun des opus à son héros bien défini : Cloud de Final Fantasy VII, Squall de Final Fantasy VIII, deux exemples parfaits où le jeu tourne autour du héros et de sa destinée (particulièrement vrai dans le cas de Squall).
Final Fantasy XII se détache complètement de cette optique classique et nous offre une équipe de six personnages ayant tous des backgrounds différents et assez étoffés. Vaan et Penelo étant l’exception étant donné qu’ils sont les deux personnages qui vont grandir pendant l’aventure. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui rend ces deux personnages assez insupportables... Leur légèreté, leur insouciance, est en totale opposition avec la gravité du monde dans lequel ils évoluent. Un contraste assez déroutant au début, notamment dans le cas de Vaan qui au départ ressemble plus à un sous-Tidus qu’autre chose.
C’est justement le point essentiel d’Ivalice, les personnages sont beaucoup moins importants que le monde en lui-même. C’est une constante dans le monde d’Ivalice. Que ce soit les personnages principaux, ou bien les secondaires, tous font partie d’un monde qui les dépasse et aucun d’entre eux ne possède suffisamment de pouvoir, ou d’influence, pour l’altérer par sa seule volonté. Kefka, Sephiroth ou bien Ultimecia, dans les précédents opus, avaient une telle importance, une telle puissance, qu’ils pouvaient à eux-seuls changer le monde dans lequel ils évoluaient. Dans Final Fantasy XII, l’antagoniste n’est pas dans cette catégorie de personne, il n’est qu’un « homme » impitoyable et prêt à tout pour affirmer la supériorité de son empire. Il n’acquiert une influence et un pouvoir incroyable que par le biais de la place d’Empereur. Sinon, il n’est pas plus « fort », plus « puissant » qu’un homme lambda.
Dans tous les cas, Ivalice est supérieur aux hommes. Il existe des héros en Ivalice, mais ils sont décrits et présentés comme des hommes normaux ne devant leur statut de « héros » de personnages « importants » qu’à des exploits. Rien de surhumain. Aucune supériorité innée ou divine. C’est une règle fondamentale du monde d’Ivalice. Une règle que l’on retrouve dans Final Fantasy Tactics ou bien dans Vagrant Story, deux autres opus se déroulant dans ce monde.
Ivalice, au travers de Final Fantasy XII, est un monde qui est vivant, crédible, d’une rare beauté et surtout d’une encore plus rare dangerosité. Jamais un monde ne m’avait paru si cohérent... si vrai dans un Final Fantasy. Et c’est ce qui m’a profondément marqué durant mes aventures dans le douzième opus. Ce n’est pas l’histoire, très intéressante bien que tournant rapidement à la sauce Star Wars, le système de combat, très bon et très technique, ou bien encore les personnages, seuls « défauts » de l’épisode... Non, c’est bien Ivalice qui m’a marqué. Le monde, la vie qui s’en dégage, la logique, la cohérence, j’avais parfois des instants ou je m’arrêtais simplement pour observer les décors comme Vaan le ferait devant un paysage inconnu.
Ce monde m’a parlé. Et il continuera de me parler. Alors oui, il n'est pas parfait. Mais bon sang, qu'est-ce qu'il est marquant de se retrouver ainsi plonger dans Ivalice. Que ce soit dans Final Fantasy Tactics, dans Vagrant Story ou bien dans Final Fantasy XII, chacune de ces expériences vous fait rencontrer le même monde mais dans une ambiance totalement différente. Ivalice est toujours là. Ivalice sera toujours là. Ivalice est supérieure à tout. Mais chaque jeu se déroule à des époques différentes, et cela donne une véritable force à ce monde : il a désormais un passé, un présent et un avenir. Ce dont seul FFVIII pouvait se targuer de posséder (avec les nombreuses déclinaisons, pas franchement réussies, de son univers) et plus récemment FFXIII.
Ivalice sera toujours pour moi, l'univers le plus propice à nous offrir un magnifique Final Fantasy. Pour moi, il est le monde de Final Fantasy. Alors oui les plus "connus" et "célèbres" opus de la saga se déroulent hors d'Ivalice si particulier mais aucun d'entre eux ne possèdent ce monde si féérique, si magnifique, si enchanteur, un monde si vrai tout simplement.
Alors peu importe ce que fera Square à l'avenir. Peu importe si tu ne deviens qu'un simple terrain de jeu pour les MMOs de la branche... Ivalice, mon amour, tu resteras à jamais ce monde qui m'aura fait rêver pendant toutes ses années.