Tout d'abord, je tiens à dire avec un peu de honte au final, que je connaissais très peu le AHL avant de lire cette biographie. J'avais regardé quelques Versus et Histoire de Jeu Vidéo que j'avais préféré à la première émission sans me renseigner sur cette très fameuse personnalité de la presse vidéoludique. Néanmoins, ça ne m'empêchait pas de l'apprécier comme Gameblog nous le présentait, en gentil doyen passionné et cultivé dans le milieu de notre coeur. Pourquoi avoir pris le coffret dans ce cas-là ? Et bien par le plus grand des hasards, le coffret était vendu au stand Pix'n love de la Japan Expo, que je voulais ABSOLUMENT voir pour rencontrer ces très chers rédacteurs de Gameblog le samedi. Lors de son annonce, au lever de rideau du "projetJ", j'avoue avoir été assez surpris de la nature du projet, m'attendant à un évènement encore plus immense tant le Julien nous avait teasé. Et puis, un "projetJ" qui ne concerne pas principalement Julien, les bras m'en tombaient ! Cela dit, je considérais que c'était une belle idée que ce projet, qui à mon sens, permet de donner une place encore plus importante au jeu vidéo en France par d'autres médias, à savoir la littérature voir la télévision. Mais lorsque le coffret fut à ma portée, accompagné de la possibilité de l'avoir dédicacé par 2 grands du jeu vidéo, comment ne pas résister ? Et puis honnêtement, qu'il est joli à l'oeil ce coffret.

 

L'objet entre mes mains, j'ai commencé la lecture de l'oeuvre dès mon retour dans le métro ! Certains habitués de la pratique ne seront pas surpris mais le fait que je commence à le lire dans un endroit où je n'avais jamais lu un livre m'a rappelé cette citation de Haliburton : "Certains livres se lisent à la cuisine, d'autres au salon. Un vrai bon livre se lit n'importe où." L'aventure commençait bien ai-je pensé, guidé par la passion !

 

Un des premiers éléments qui sautent tout de suite à tout Gameblogeur au début de la biographie : Le style ! On reconnait tout de suite le style d'écriture du Julien ! On part dans un style avec une ponctuation très irrégulière, multipliant les phrases pour un seul mot, le suspens brisé pour donner des envies au lecteur de continuer etc ... Le même style qu'utilisé pour la fameuse preview de GTA V d'ailleurs. Un style qui n'est pas sans rappeler celui de Nikoas Aliagas, pour le côté à présenter le propos d'une manière à la fois très sobre, racontant ce qu'il y a dire, quitte à utiliser un vocabulaire familier et ouverte. Bien évidemment, c'est un bon point quoiqu'un peu déstabilisant au début, étant moi-même plus habitué aux classiques.

 

Mais là où "Tu le crois ça ?" frappe fort, c'est dans la relation entre le style et la manière dont la vie d'AHL nous est racontée. Car cette alchimie réussit à faire un exploit : malgré le style évident du journaliste, on a l'impression tout au long de l'aventure que c'est bien Alain qui nous raconte sa vie. Durant toute les 170 pages, j'ai senti la voix du chroniqueur me lire, ligne après ligne, chaque passage de l'oeuvre et ce, comme s'il était juste en face de moi. Et pour avoir parlé quelques minutes avec lui à la Japan Expo, je peux vous dire que c'est exactement sa manière de parler qui est majoritairement et fidèlement retranscrite ici. Les passages sur son jeu préféré ou le Retro Gaming, c'est LUI qui parle ! Tu le crois ça ? Les mêmes mots dans le même sens, juste un peu arrangés par Julien. Ainsi on sent que l'intérêt de l'oeuvre vient crescendo, où finalement le style de Julien s'accorde avec celui d'Alain parfaitement après quelques pages, et non pas parce qu'il se rapproche du sujet du jeu vidéo, la première partie sur la musique étant superbe, mais parce que cette synergie se marie de mieux en mieux au fil du récit pour notre plus grand plaisir.

 

Et puis il faut voir le fond : Quelle belle vie que voilà ! Je ne révèlerai pas tout ici mais savoir que le AHL est passé deux fois à côté de la fortune, qu'il était proche plus ou moins de certaines personnalités comme Halliday ou Gainsbourg, qu'il s'est fait passer pour Demis Roussos sur ordre de Demis Roussos, que c'est lui qui en quelques minutes a été à l'origine du pack de la Super Nintendo avec Street Fighter 2 ... et bien on a définitivement du mal à le croire ! A ce propos, l'utilisation de sa fameuse question rhétorique culte est très bien rythmée. On la retrouve, allez, cinq peut-être dans tout le récit mais souvent bien implantée et jamais perdue, juste pour rappeler au lecteur qu'il s'agit bien de la vie d'AHL. Encore un bon point donc. Et puis, quel pied de lire une telle vie avec autant de passion.  Définitivement, je crois bien qu'il s'agit de la mienne également, ce qui rapproche encore plus le passionné-lecteur du journaliste.

 

D'ailleurs, j'ai trouvé l'organisation du livre très particulière mais ô combien agréable pour un gamer ! Bien évidemment, la carrière d'Alain nous est raconté de manière chronologique mais, par moment et à intervalle régulier, une petite parenthèse jeu vidéo s'ouvre à l'aide d'un chapitre présenté par un titre en police "arcade"  pour nous parler jeu vidéo, consoles et tendances. Une nouvelle originalité qui permet de faire une pause dans sa carrière, très bien vue de la part de Julien Chièze, d'autant plus qu'elle est souvent courte et donc brève sans prise de tête. C'est d'ailleurs un autre tour de force de l'œuvre. C'est que chaque ligne se lit avec attention, sans en rater une ou laisser son attention ailleurs. La passion vous dis-je, la passion.

 

En revanche quelques regrets m'ont parcouru après avoir fini l'œuvre. On entend finalement très peu parler de sa vie amoureuse. Certes les gamers ne sont pas très romantiques (dixit le pauvre FF VIII souvent remis à sa place sur la toile), mais au final, je ne sais toujours pas si Alain est marié maintenant ou non. Bon, c'est peut-être un peu trop indiscret mais autant aller dans le fond des choses lorsqu'on nous parle de femmes voyons ! Et puis, je regrette aussi qu'on ne parle pas assez de bouses de jeu vidéo. Quid du fameux E.T responsable de la crise du jeu vidéo ? Autant niveau jeux cultes, on est servi mais assez peu en bouses.

 

 

Mais bon, pas de soucis, ce sont des petits reproches qu'il faut faire pour éviter de tomber dans un avis trop manichéen, voire de vendu ! Ce coffret est clairement à prendre pour tout bon Gameblogeur, voir gamer francophone qui se respecte et par pitié, faîtes que ce genre de livres se multiplient : on les veut les biographies de Marcus, Bertrand Amar, Sebastien Abdelhamid et pourquoi pas Julien Chièze et RaHaN !