La vie de Brian

21 juin 2011
Peut
on rire de tout ? Cette question très subjective, toujours
d'actualité aujourd'hui, sied comme un gant à tout ce qui a pu
entourer la sortie du troisième film des Monty Python : La vie de
Brian. Une question complexe auquel beaucoup répondront par la
négative, pendant que d'autres lui choisiront la philosophie :
« oui, mais pas avec tout le monde », une dernière
remarque qui s'avéra être la plus représentatif de ce qui
provoquera, à la fois le succès de La vie de Brian, que sa
polémique. 1978, trois ans après le succès des Monty Python :
Sacré Graal, la bande d'humoristes Britanniques réfléchit au futur
contexte de leur prochain film. Il est tout trouvé : la religion. Un
choix motivé par l'originalité du sujet autant que par l'audace et
le culot que représente le traitement d'une telle institution.

Un
risque assumé par une bande des Monty Python au complet : John
Cleese et Terry Gilliam pour les plus connus, Terry Jones, Eric Idle,
Graham Chapman et Michael Palin pour les autres. C'est dans ce
contexte que se présente à nous La vie de Brian, gigantesque satire
racontant la vie de Brian Cohen, un juif habitant la Judée, 33 ans
après la mort de Jésus Christ, en plein joug Romain. Un postulat de
base que vont s'amuser à exploiter la bande de caricaturistes
Anglais avec un sens de la dérision et de l'iconoclastie à toute
épreuve. Dans la vie de Brian tout le monde en prend pour son grade
: lépreux, Romains, Juifs, messies, brocanteurs, chrétiens, tout
est bon pour se moquer du fanatisme religieux et des dérives du
messianisme.

Un
ensemble parfaitement cohérent qui, non content d'être hilarant et
corrosif, a le bonheur de mélanger rires et réflexions au sein d'un
capharnaüm d'humour métaphysique absurde et insolent. Dans ce cas,
difficile de se montrer plus perfectionniste, l'écriture des
compères se montre à la hauteur de l'excellente réalisation des
deux Terry (Jones et Gilliam), les deux acteurs/réalisateurs filment
l'impressionnante galerie de personnages joués alternativement par
les six acteurs avec malice et efficacité. Tous excellent dans leurs
rôles respectifs, ça va du centurion Romain pointilleux sur
l'écriture du latin à l'ex lépreux mécontent d'avoir vu Jésus le
guérir de sa seule raison à mendier (haha), en passant par Brian
(Graham Chapman) le messie malgré lui, puis par le brocanteur obsédé
par le marchandage, même d'un objet qu'on lui donne gratuitement
(haha!). Autant de gags à la secondes qui font mouche
instantanément, La vie de Brian est un réel plaisir satirique d'une
ambition et d'une impertinence rare. Pas étonnant donc, que de voir
le tollé que provoqua la sortie de ce bijou de dérision théologique
sur les différentes vierges effarouchées que pouvaient comporter
les nombreuses communautés religieuses.
Les
Monty Pythons furent traités de blasphémateurs, de pêcheurs, de
suppôts de Satan, des critiques vives et violentes qui empêchèrent
même le film de sortir dans certains pays (en Italie et en Norvège
notamment) et dans certaines contrées Américaines et Britanniques.
Des condamnations évidemment injustes et sans fondements aucuns, car
La vie de Brian n'a en aucune façon prétention à créer la
polémique, le film s'applique davantage à l'empêcher par les rires
et l'amusement qu'il provoque, même si c'est une comédie, il est
vrai, saupoudrée d'une pointe de dénonciation et de moquerie, mais
qui a dit que les clowns ne s'intéressaient pas au fond de ce dont
ils se moquaient ?

Peut
on donc rire de tout ? Ma réponse est indubitablement : oui, mais
pas avec tout le monde, c'est une certitude, ce film en est la
preuve. Car en s'attaquant au sacro-saint des sujets, les Monty
Pythons frappent un grand coup dans le politiquement correct, la
réaction qui leur sera offerte sera à la hauteur du génie dont il
en est la cause : un chef d'œuvre délirant, décalé, pertinent et
intelligent, porté par une troupe d'acteurs au sommet de leurs
créativités artistiques. Si on ne peut pas rire de tout avec tout
le monde, avec eux si ! Profitons en.

 Ma note pour ce film : 5/5