Les personnes qui suivent régulièrement l'actualité de ce blog ou tout simplement qui me connaissent bien savent que j'éprouve autant d'affection pour la saga littéraire d'Harry Potter que de désintérêt absolu pour sa version cinématographique. En effet, même si les opus réalisés par Alfonso Cuaron et Mike Newell avaient éveillé mon intérêt, l'Ordre du Phénix de David Yates m'avait grandement refroidi, ce qui était et demeure encore aujourd'hui mon livre préféré de la saga ayant donné lieu à un film fade, insipide, froid et ne véhiculant que peu d'émotion (un comble vu l'oeuvre originelle). Manque de bol, c'est ce réalisateur qui aura eu la tâche d'adapter les volumes restants de la série, la Warner désirant surtout trouver un homme capable d'enchainer la mise en scène des films plutôt que de poursuivre sur la variété des cinéastes qui s'étaient retrouvés aux commandes des films.

De ce fait, mon attention s'était depuis totalement détachée d'Harry Potter au cinéma et à l'heure actuelle, je n'ai toujours pas visionner le sixième film, le Prince de sang mêlé, refusant de payer pour ce qui s'apparente à une simple entreprise commerciale. Néanmoins grâce au pouvoir merveilleux de la carte illimitée UGC et d'un certain bouche à oreille positif autour du film, me voilà de nouveau dans une salle obscure écoutant le thème de John Williams tandis que les personnes frémissent d'impatience autour de moi, un sentiment qui m'a depuis longtemps quitter vis à vis de cette série.

Daniel Radcliffe et Robbie Coltrane. Warner Bros. France

 

Mais pourtant il faut bien avouer que cette première partie des Reliques de la Mort ne débute pas si mal. La réalisation est loin d'être bâclée et autant l'aspect froid et austère de la mise en scène nuisait à l'Ordre du Phénix autant elle permet ici de mettre en avant la maturité et la violence du récit, conformément au roman originel. Le style de David Yates semble ainsi plus adapté à ce dernier chapitre de la saga, notamment dans une réunion machiavélique des forces des ténèbres, menés de main de maître par Ralph Fiennes (malgré son maquillage ingrat), l'une des scènes les plus réussies du film. A côté de cela, l'histoire demeure globalement très fidèle au livre et même si la séparation du film en deux parties est une entreprise commerciale absolument aberrante, elle permet tout de même d'inclure beaucoup d'éléments du livre en contrepartie.

Néanmoins, malgré ce premier constat positif, lorsque la première heure du film s'achève après avoir enchainé les multiples péripéties, lorsque le film se focalise, tel le roman, sur les trois protagonistes, leurs doutes, leur errance, leurs peurs...Et bien malheureusement, c'est à nouveau un film fade, insipide et qui véhicule peu d'émotion (encore un comble vu l'oeuvre originelle!) auquel le spectateur est confronté. David Yates n'est pas un mauvais réalisateur mais c'est un homme froid, lorsqu'il s'agit d'offrir du divertissement, de l'action, de l'humour le cinéaste tient ses promesses mais dés que le récit, comme dans le roman, adopte une approche plus intimiste et met ses protagonistes au premier plan, ce réalisateur est incapable de convaincre et de véhiculer une véritable émotion, ce qui fait la clé de la saga littéraire et particulièrement dans ce dernier tome.

 

Ralph Fiennes et Michael Gambon. Warner Bros. France

 

Et à l'image de l'Ordre du Phénix, une fois de plus, il convient de rendre hommage à la prestation absolument pitoyable de Daniel Radcliffe, qui une fois de plus participe à l'échec du film. Il est difficile de comprendre pourquoi son jeu d'acteur est à ce point coincé et que le comédien semble avoir tant de mal à se lâcher, à exprimer haut et fort ses sentiments, comme le personnage qu'il est censé incarner. Mais bref, j'aurais presque la tentation de vous renvoyer à ma critique de l'Ordre du Phénix pour éviter de me répéter. Alors bien sûr, il est impossible de dire que les Reliques de la Mort est un mauvais film, une adaptation totalement bâclée. L'intrigue est respectueuse du livre, le film est divertissant, la mise en scène est parfois inspirée, les comédiens (outre les principaux) sont généralement excellents, les effets spéciaux sont d'une qualité correcte (jamais exceptionnelle), mais malgré toutes ces qualités dont le film pourrait se revendiquer, elles ne pèsent que peu de poids dans la balance face à l'absence consternante d'intensité émotionnelle, cette froideur et rigidité quasi permanente dés que le film tente de verser dans le sentiment.

Bref cette première partie des Reliques de la Mort n'a fait que confirmer le sentiment qui s'était déjà bien imposé avec l'Ordre du Phénix, le tournant pris par cette saga cinématographique depuis l'arrivée de David Yates a été le coup de grâce d'une série qui aurait pu éviter de n'être qu'une simple entreprise commerciale si elle avait osée développer la variété de ses réalisateurs et leurs visions personnelles de cet univers. En l'état actuel des choses, ce n'est pas un mauvais film auquel nous avons affaire, juste une oeuvre que l'on regarde avec indifférence et qui ne laissera aucun souvenir impérissable, un moment sympathique mais dénué de magie et d'émotion qui ne donne pas particulièrement envie de connaître la suite. Et c'est en cela que ce film demeurera un échec.

 

Daniel Radcliffe et Emma Watson. Warner Bros. France

Rupert Grint et Emma Watson. Warner Bros. France