C'est bien simple, depuis Deus EX Human Revolution fin août, tous les supports n'ont cessés d'être abreuvés en jeux majeurs. De Gears of War à Uncharted, en passant par l'inévitable Call of Duty, les bourses des joueurs ont dors et déjà été mises à rude épreuve sans que l'on puisse pour autant entrevoir la fin de cette longue série. Outre les « quelques » titres majeurs ne s'étant pas encore jetés dans la bataille, le début d'année 2012 risque d'être tout aussi chargé.

 

De mémoire de joueur, jamais les fêtes de fin d'année n'avaient connu une telle orgie de jeux, comprenez de jeux à fort potentiel, comprenez, de jeux à fort potentiel ludique et commercial. C'est aussi ça qui fait tout le charme de ce Noël : la quasi totalité des titres dont on regardait les trailers avec envie il y a plusieurs mois sont au niveau auquel on les attendait, quand ils ne dépassent pas même les attentes les plus folles qu'on avait pu placer en eux (qui a dit Batman ?).

 

apres_noel_beyondPar curiosité, j'ai ressorti mes vieux magazines, pour pouvoir mettre en perspective l'abondance de titres que l'on connaît cette année. En 2003, plusieurs jeux tiennent le haut de l'affiche : Le Seigneur des anneaux : le Retour du Roi, Splinter Cell, Mario Kart, Medal of Honor, Prince of Persia ou encore la deuxième itération de Jack & Daxter. Des titres non sans qualités, mais qui ne partagent globalement pas les mêmes prétentions que les standards actuels. Pourtant, au fil des pages, un test attire l'attention : Beyond Good Evil, jeu à la réputation inversement proportionnelle à ses chiffres de ventes profite d'une critique élogieuse. Dans un marché déjà étouffé par la quantité de titres, ce sera l'échec commercial de cette année là. Un échec qui a presque scellé le destin de ce qui devait être une série : on attend encore aujourd'hui sa suite. C'est a priori en cours. Touchez du bois.

 

Evidemment le marché a évolué en presque 10 ans : le jeu vidéo n'a jamais été aussi populaire et affiche des chiffres de vente en constante progression. Cependant, cette évolution se ressent bien entendu également côté production. Les budgets de développement atteignent des sommets qu'on avait du mal à imaginer il y a une dizaine d'années, mais qui font pale figure face aux investissements marketing qui ont eux aussi explosé. Le moindre faux pas pourrait bien se révéler fatal : très loin des centaines de millions de dollars que peut engranger un Call of Duty chaque année, la majorité des jeux n'ont le droit qu'au succès s'ils veulent entrevoir un avenir une fois l'euphorie hivernale passée. Euphorie qui devrait d'ailleurs se poursuivre : face à l'embouteillage de fin d'année, les éditeurs ont su étaler leurs calendriers pour gagner en visibilité et pouvoir profiter du calme après la tempête. Une solution qui montre ses limites : le premier trimestre 2012 devrait accueillir une multitude de softs majeurs, Mass Effect 3, Max Payne 3 ou Final Fantasy XIII-2 pour n'en citer que quelques uns. Peut être commencez-vous à remarquer la multiplications des suites dans cet article : quoi de mieux pour toucher le public que de s'appuyer sur une licence déjà installée et ainsi assurer un minimum de pognon. Oh ne faites pas les innocents, c'est bien de cela qu'il s'agit.

 

Or, en pleine période de crise et de rigueur (marque déposée), il semble difficile de faire correspondre l'offre pléthorique qui se présente et le budget sans doute serré de certains joueurs. En mettant même de côté l'aspect purement financier, il est important également de rappeler que le temps n'est pas extensible et que même les plus fortunés d'entre nous devront se résigner à faire des choix. Qui plu est, avec la démocratisation du online, de nombreux titres voient leur durée de vie grandement allongée : on pourra passer plusieurs mois sur un Fifa ou un FPS sans pour se lasser. Et sans acheter d'autres jeux.

 

Noël n'a donc jamais été aussi prolifique que cette année, et par conséquent, aussi dangereux pour les éditeurs. Avec une qualité de production remarquable, peut être même inégalée, le risque de voire de bons, de très bons, et même de grands titres ne pas épouser le succès qu'ils mériteraient est omniprésent. Au delà des prédictions que l'on peut commencer à échafauder, il sera surtout intéressant de vérifier dans les semaines et mois à venir quels sont les jeux qui auront le plus souffert. Les réussites et les échecs d'une année conditionnent ainsi notablement les tendances de l'année suivante, la réussite chronique de Call of Duty ayant abouti à la guerre à laquelle on assiste aujourd'hui entre Modern Warfare 3 et Battlefield 3. Le succès commercial d'un jeu ne le rendra bien entendu en rien meilleur, mais il lui permettra sans doute d'être enrichi par d'autres épisodes qui eux le seront peut être. Et avec un peu de chance, il offrira même l'assise suffisante à son studio de développement pour tenter l'aventure d'une nouvelle licence. Plus que jamais, les joueurs doivent réaliser qu'acheter un jeu, c'est le soutenir et parier sur son avenir.

 

Article original disponible sur www.mygamerslife.fr