Rarement une franchise ne m'aura autant fasciné que celle de BIOSHOCK.
Pour faire court, c'est finalement afin de "plaire" à une jolie fille que j'ai sauté le pas. Pourtant, après 2h, j'ai vite relégué le jeu aux oubliettes, trouvant le gameplay insupportable (si si...). Peu précis lors des phases de shoot, tantôt trop facile puis tellement dur (que celui qui n'est pas mort au moins une fois lors de son premier combat avec un protecteur me jette son pistolet à rivets)...
Il a fallu que j'en vienne à me forcer pour finalement tomber amoureux... de RAPTURE (). Bref, tout ça pour dire que j'aime tellement Bioshock que j'en suis venu à lire des bouquins sur l'univers de la série.
Celui qui m'intéresse aujourd'hui provient des Editions Pix'N'Love:
BIOSHOCK, DE RAPTURE A COLUMBIA
- par Nicolas Courcier, Mehdi Kanafi et Raphaël Lucas -
Et je me propose d'en faire une critique.
Y'a quoi comme ingrédients?
Autant être clair, ce livre s'adresse directement aux fils de A. Ryan, aux chrosomes manqués, aux scafandriers du dimanche. Bref, aux fans de Rapture et, par extension, à Irrational Games et Ken Levine. Grossièrement, on pourrait dire que 80% du volume tourne autour de Bioshock 1 et 2, 15% s'attarde sur les développeurs et leurs influences. Enfin, les 5% restants ouvrent le propos sur Bioshock Infinite, sorti un mois plus tard. Au final, ce sont plus de 180 pages dans lesquelles airent petites soeurs, F. Fontaine et autre Songbird.
Pour les Historiens...
Les premiers chapitres nous content l'histoire de Rapture, depuis sa génèse utopique jusqu'à la fuite d'Eléanor et du Sujet Delta (Bioshock 2), en passant par la mort de Ryan (Bioshock 1) et la chute de la cité.
Tout y est: les personnages, leur philosophie, leur intentions... Cette première partie plus que nécessaire tant le scénario est complexe, comble les interrogations laissées par une mise en scène ingame proposant au joueur de rater s'il le souhaite des morceaux d'histoire (pour ma part, je n'avais par exemple pas saisi pourquoi Stanley Poole avait innondé le Parc Dionysos (Bioshock 2). Mais ça, c'était av...)
Pour les intellos...
Les chapitres suivants s'attardent sur les lectures et influences du projet. Nous est livré une approche intellectuelle du monde sous-marin. On peut ainsi mesurer toute l'ampleur et la profondeur du propos délivré par Bioshock. La dystopie, les références mythologiques, l'objectivisme... Autant de termes savants (ou barbares, c'est selon...) cités pour nous dévoiler la richesse sur laquelle s'appuie Rapture.
Saviez-vous, par exemple, que Andrew Ryan (le méchant, bâtisseur de la cité) tire son nom de Ayn Rand, philosophe ayant "inventé" le courant objectiviste (une sorte d'ultra-libéralisme, pour faire court).
A la lecture, on se rend compte finalement à quel point tout n'est que références et digestion d'influences.
Pour les Geeks...
Le livre nous propose par la suite de s'attarder sur le studio Irrational Games et notamment de Ken Levine et l'approche qu'ils ont du monde vidéoludique. S'en suis une miriade de références plus ou moins anciennes de jeux (System Shock, Deus Ex, Half Life...) dans le but de resituer la place qu'occupe Bioshock. Pourquoi FPS plutôt que TPS? Pourquoi du blabla audio au lieu d'une cinématique? Pourquoi un monde en ruine? Pourquoi un avatar muet? Autant de "pourquoi" qui trouveront une réponse, et que certains apprécieront d'autant plus s'ils ont les références.
Battre de l'aile
La dernière partie fait davantage figure de projection: Bioshock Infinite n'étant pas sorti, les auteurs n'en savaient pas plus que nous (ou très peu) et se contentent de dire quels personnages et ennemis seront présents. Ils s'amusent également à imaginer ce que pourrait proposer le monde dans Columbia. Malheureusement, la plupart des infos sont d'ores et déjà obsolètes et nourrissent illusions, ou désillusions.
L'avis, en résumé
Tout fébril lorsque j'ai reçu ce livre, je suis à la fois conquis et déçu.
Conquis parce que cette lecture m'a fait voyager dans un univers riche, m'en dévoilant tenants et aboutissants. Je me suis pris au jeu de la rêverie philosophique, le propos tenu nourrissant ma réflexion.
Mais décu car floué: je pensais trouver une analyse du jeu dans ce qu'il nous interroge, dans ce qu'il nous évoque (l'utopie perdue, la chute d'un monde si "parfait" de prime abord). Mais le livre s'attarde beaucoup (trop) sur le gameplay, et ce qu'il a apporté au jeu vidéo en général. D'autre part, ironie de l'histoire, Columbia est complètement survolé. On ne pourra cependant pas jeter la pierre aux auteurs, le jeu n'étant pas sorti. Seulement, je m'attendais à ce que l'ouvrage fourmille d'anecdotes, de thèses, d'analyses où s'entremèleraient les références.
En résumé, le propos est un peu fort mais j'ai eu, en quelque sorte, l'impression de lire une immense page de Wikipédia relié (je suis méchant non?..). En termes plus grivois, l'ouvrage a le cul entre deux chaises: spoils pour les néophytes et manque d'investigations pour les fans. Il en résulte tout de même une lecture très plaisante que je conseille néanmoins à ceux qui cherchent un complément à cette franchise qui se veut mature et profonde (et puis c'est pas tous les jours qu'on édite un livre sur le jeu vidéo!).
Pour conclure, je laisse une citation de Clément Apap (fondateur de Gamekult) qui signe la préface du livre:
Si vous n'avez jamais joué à un Bioshock de votre vie, je vous suggèrerai de commencer par refermer sagement cet ouvrage, de faire l'acquisition du premier Bioshock pour une (petite) poignée d'euros et de vous plonger totalement vierge dans cet univers afin d'en faire vous aussi "votre" jeu.
En Bref
(je cherche encore ma façon "à moi" pour noter un test, donc celui que je vous propose pour ce livre est provisoire)
LES PLUS
- Un livre complet et plutôt bien écrit.
- L'envergure des thèmes abordés: on parle de l'histoire, du gameplay, des influences...
- Une couverture dessinée par Papayou et Tiphaine Vaudable !
LES MOINS
- Aucun dessin supplémentaire. Quelques pages d'Artwork n'auraient pas été de trop.
- Des points survolés et non traités en profondeur.
- Propos sur Bioshock Infinte peu intéressants.
VERDICT: 4/5 d'encouragement !