C'est sur le ton de la décontraction que Nintendo a choisi d'aborder cette conférence très attendue. Si l'on reconnaît aisément l'aisance voire la désinvolture de Miyamoto, toujours prompt à amuser une salle totalement acquise à ses moindres faits et gestes, l'humour grinçant et forcé d'un Reggie Fils-Aime a provoqué quelques rictus. Se moquer de la cuisine française quand on est élevé aux hormones de croissance et à la malbouffe hyper protéinée a de quoi faire sourire de part chez nous. Le merveilleux monde de la Wii U "qui changera votre vie" ajoutait modestement le président de Nintendo of America cache encore des zones d'ombre. Surprenant à quelques mois de son lancement.
 
Plus surprenant est l'absence de l'artillerie lourde (Zelda, un Mario de la trempe d'un Galaxie...) qui accompagne généreusement les consoles Nintendo à chaque lancement mais aussi et surtout cette lacunaire et évasive fiche technique de la Wii U qui laisse circonspect. A chacun son rôle. Reggie Fils-Aime a convoqué quelques éditeurs prestigieux afin de présenter les spécificités prévisibles des versions de jeux Wii U déjà éprouvées sur les consoles concurrentes. A charge de Nintendo d'aller au-delà de cette démonstration terre à terre du GamePad par l'introduction du féérique NintendoLand notamment.
 
 
Véritable parc à thème virtuel calqué sur le modèle d'un Disney Land, le nouveau titre de Katsuya Eguchi, producteur d'Animal Crossing attise la curiosité. S'il a éludé toutes les questions sur l'intégration de NintendoLand au sein du vaste Miiverse, Eguchi s'est montré volontiers plus bavard sur quelques précieux points. L'homme assure que son nouveau jeu n'est pas un succédané de Wii Play, une série de mini-jeux commercialisée en 2007 par Nintendo et vendu à plus de 27 millions d'exemplaires à travers le monde. A l'origine Wii Play était une démo technique chargée de tester en laboratoire les possibilités offertes par la reconnaissance de mouvement. Devant le succès interne, Nintendo a choisi de lancer cette gamme de jeux simple d'accès dans un strict but pédagogique. L'engouement des joueurs dépassera ses attentes.
 
NintendoLand sera composé de 12 attractions (avec un dédié à F-Zero) dont les caractéristiques reposeront sur les diverses potentialités ludiques de la Wii U associée au GamePad. Eguchi affirme que "nous proposerons un plat de résistance" à l'inverse de Wii Play et son cortège de jeux apéritifs.
 
 
Le maître-mot est cette fois "interaction sociale". Fini la multiplication d'écrans qui isolent chaque membre de la famille, Nintendo a l'ambition de les réunir tous vers un lieu unique d'interactivité, la Wii U. "Jouez à Nintendo Land conseille Fils-Aime et vous commencerez à comprendre". C'est peut être ça le point d'Achille de cette conférence, aussi maîtrisée soit-elle, les démonstrations n'ont pas véritablement convaincu. Faute d'une proposition moins palpable que par le passé, car le concept de mini-jeux si cher au grand public séduit par la Wii est dépassé. Il ne s'agit plus de proposer du prêt à consommer, dorénavant chasse gardée des jeux iOS et tablette, mais d'imaginer et de s'approprier des interactions nouvelles via la mutualisation des écrans et des manettes.
 
Super Mario Bros. Wii U aura pour charge de déblayer le terrain des préjugés encore tenaces. Le parc d'attraction virtuel Nintendo Land voué à devenir la vitrine du postulat du constructeur achèvera de nous convaincre de la puissance cachée d'un tel concept.