Difficile de déceler derrière les affirmations parfois à l'emporte pièce des analystes financiers qui s'invitent depuis peu dans le monde du jeu vidéo, les motivations qui animent ces derniers. Il en va du plus risible (Patcher) au tellement admissible (le blog est trop petit pour tous les citer) que l'on est en droit de s'interroger sur la compétence et l'utilité de ces "agitateurs d'idées" comme ils aiment à se définir.
Nintendo fait actuellement l'objet de vives déconsidérations de leur part, qualifiant volontiers le constructeur de compétiteur hors-course. La dernière sortie d'un de ces fanfarons - Cowen and Company - glisse presque vers une Lapalissade si Iwata n'avait pas déjà discuté de ce point précis à l'aune de l'ouverture de l'E3 2011. L'analyste travaillant pour ce "respectable" cabinet d'études résume en une phrase l'examen des forces et faiblesses de la prochaine console de salon de Nintendo : << Nous remarquons que la Wii U sera lancée au plus tard dans l'année, nous ne l'entrevoyons nullement comme un levier de croissance en faveur des éditeurs tiers qui historiquement ont toujours été tenus à l'écart des consoles Nintendo. >>
Difficile de soutenir ce boniment qui véritablement ne se vérifie aucunement dans l'historique de la société japonaise, elle qui à l'époque de la NES et SNES s'est autoritairement appuyée sur la prolifique créativité des acteurs de l'édition pour asseoir sa domination mondiale avant de lâcher du lest avec la N64 et la GameCube. Il n'y aura donc qu'avec la Wii que cette présomptueuse assertion se confirme. Malgré la mise en scène royalement orchestrée par Ubi Soft lors de la tournée promotionnelle du jeu Red Steel "supervisé" par Miyamoto, les relations entre Nintendo et éditeurs déphasés par le concept de la Wii s'étaient effectivement distendues.
L'écrasante part de marché du leader mondial sur son propre format avait dissuadé les plus téméraires pas encore timorés par l'effort de créativité qu'un jeu Wii exige : << les éditeurs ont abordé notre console avec beaucoup trop de légèreté, les ventes n'ont naturellement pas suivi >> résumera sèchement le président de Nintendo lors de la traditionnelle conférence d'ouverture du salon international du jeu vidéo qui s'est déroulée en juin dernier. Toutefois, l'exécutif reconnaît un manque de transparence << qui a poussé les éditeurs vers la concurrence >> et juré que l'on ne l'y prendrait plus.
La Wii U est annonciatrice d'une nouvelle politique de partenariat nouée avec les éditeurs. Elle commence par l'adoption d'environnements de programmation standards (Autodesk, Havoc, UE3, CE3...) et la signature d'alliances exclusives avec les acteurs qui font actuellement la pluie et le beau temps sur consoles HD (Activision, Electronic Arts, Ubi Soft...). Le géant japonais a joint la parole aux actes, ce qui n'a pas été le cas sur Wii. Sony aura également souffert d'une désertion relative des sociétés éditrices avec une PlayStation 3 en délicatesse avec le sens pédagogique stricto sensu incarné magistralement par la 360.
Les conclusions de café de commerce de l'agence financière Cowen and Company ont donc peu de chance de se réaliser.