Voilà, c’est la traduction brutale mais attendue du destin commercial de Balan W.. Une semaine après son lancement international, les premiers recensements des ventes laissent apparaître un désintéressement flagrant du public pour un jeu produit et édité par la holding Square Enix. A ses défauts techniques objectifs s’ajoute le dédain de l’éditeur…

Les premiers signes sont arrivés du Japon. Dès sa première semaine d’exploitation commerciale, décisive pour le comportement des ventes futur du titre, 2100 exemplaires (boîtes) auraient été écoulés. Balan W. raterait ainsi le fameux Top 30, synonyme de visibilité. Evolution identique de l’autre côté de l’atlantique où le dernier jeu de Yuji Naka bataillerait en dehors du Top 30 de l’eShop de Nintendo. L’Angleterre snobe royalement Balan W. en l’écartant du Top 40 où évoluent en bas de classement des titres lancés il y a plus de trois mois… Pour un jeu multi-plates-formes, la sanction est sévère.

Mais attendue. Yuji Naka n’avait jamais fait mystère des défis auxquels il allait faire face. Notamment, l’identité immuable de Square Enix. « L’emprunte du RPG y est forte » , confiait-il à IGN.com lors du TGS 2020. Bien que le célèbre créatif a créé Phantasy Star, il déclarait pourtant n’être « pas doué pour réaliser un jeu de rôle ». Le manque de conduite de projet d’envergure à son actif ces dernières années, explique sûrement ce manque d’appétit pour un projet de grande taille. La plate-forme apparaît ainsi comme une solution de repli.

Pour un éditeur dans lequel la culture RPG est fortement ancré dans son ADN, cette offre a été difficilement acceptée. L’état-major de Square Enix a donné son feu vert à la condition expresse que Balan Wonderland soit la « seule chance » accordée à Y. Naka. Avec cette épée de Damoclès suspendu au-dessus de sa tête, le créatif n’avait pas le droit à l’erreur. De la réussite de ce titre dépend de l’avenir professionnel du créatif au sein de la holding. Comme pour défier la frilosité du roi du RPG, le studio éponyme fraîchement créé devait ne faire qu’un avec le destin commercial du jeu.

Balan Wonderworld porte toutes les caractéristiques d’un jeu au budget et temps de développement serrés. La force de frappe marketing de Square Enix absente n’a fait que précipiter le sort de cette production soutenue à bout de bras.