Entre les joueurs japonais et les consoles Xbox, c'est un peu l'amour vache. L'achat impulsif a pris le pas sur l'adhésion à la marque. Et qui de mieux que Yukio Futatsugi, ex-membre éminent de Microsoft Game Studios Japan pour en parler ? Ce vétéran de l'industrie avait été dépêché par le géant informatique afin d'apporter une couleur locale au catalogue de la 360 (Blue Dragon) avec comme humble espoir de convaincre ses homologues. Avant elle, Futatsugi avait eu l'assignation d'atténuer la forte américanisation de l'offre ludique de la Xbox première du nom (Phantom Dust) sans pouvoir inverser la tendance.
 
 
À la tête de son studio Grounding Inc., il vole désormais de ses propres ailes avec cette responsabilité qu'il n'a jamais véritablement abandonnée : offrir à la toute nouvelle console de Microsoft Crimson Dragon. Un titre apte à intéresser le joueur japonais. Le créatif jouit toutefois d'une liberté de parole qu'il ne se prive pas d'user à l'adresse de son ancien employeur : "le marché japonais est distinct de ceux d'Amérique du Nord et d'Europe [...] il serait donc plus judicieux d'investir davantage dans la réalisation de jeux uniques plutôt que d'emprunter le style domestique afin de plaire aux joueurs occidentaux" déclare-t-il au magazine Famitsu. Entier, Futatsugi pense qu'il ne faut pas céder à l'air du temps (l'internationalisation des productions fait débat dans le pays) ni gérer dans l'urgence la lente 'japanisation' des esprits de sa branche locale, pilotée en sous-main par les décideurs américains. Le décalage calendaire de la commercialisation de la Xbox One dans l'archipel signifierait que Microsoft souhaite se donner le temps d'attaquer ce marché qui lui oppose depuis plus de dix ans une forte résistance.
 
 
Et lorsque ce dernier se penche sur son parcours professionnel, le créatif cite d'emblée Phantom Dust comme l'expérience "la plus enrichissante". Ce jeu d'action teinté de stratégie avec ses phases de collection de cartes à jouer propulse le joueur dans un monde post-apocalyptique où chaque individu est dépossédé de sa mémoire. Le triste destin commercial de ce jeu suit étrangement la trajectoire de Panzer Dragoon Saga (SegaSaturn/1998) dont il a été le producteur. Ces deux titres ont été lancés alors que Microsoft et Sega sabordaient dans le même temps leur console respective au Japon. Cependant, le développeur fait fi de ces similitudes en se déclarant "partant" pour la réalisation d'une suite "les idées fourmillent dans ma tête".
 
Crimson Dragon est passé sous l'oeil critique de la presse en ligne américaine. Il a été diversement apprécié.