Kutaragi le martelait haut et fort, la PSX, elle et elle seule, inaugure l'ère 3D sur consoles. Un rien démagogique et arrogante, cette expression signifiait à plus d'un titre que le cycle 2D dominé par Nintendo est symbole d'archaïsme et que les studios de développement comme éditeurs ont le devoir de prendre le train en marche sous peine d'être écartés.
 
Le père de la console de Sony aura pesé de tout son poids afin de limiter les jeux en deux dimensions et 3D précalculés. Entorse aux dérives autocratiques de Kutaragi, la politique très ouverte du géant japonais laissera filtrer quelques titres jugés stratégiques. SNK souffrira beaucoup de cette politique restrictive vers la fin de la décennie 90. Capcom sera également recadré. L'éditeur souhaitait en effet commercialiser un pack mémoire afin d'assurer une fluidité optimale à ses jeux de combat 2D sur PSX.
 
 
Sony lui adressa une fin de non-recevoir, arc-bouté sur la préservation de l'image moderne de sa console. Inévitablement, l'attitude intransigeante de Kutaragi avait eu des échos sur la filiale française de SC : << Plus personne ne protègera le marché des 16bits. Du jour au lendemain, tout le monde adoptera le même discours "regardez devant et pas derrière" >> répéta à l'envi Georges Fornay. La voix de son maître.
 
Le verrouillage s'exacerba sur PlayStation 2, Kutaragi donna les autorisations au compte-goutte aux éditeurs désireux de proposer en package leur vieux hits 8 et 16bits. Au lendemain du lancement de la PS3, son éviction permit de faire table rase de cette politique élitiste et discriminante. Emmenée par Mark Cerny, la nouvelle console de Sony fait preuve désormais d'humilité par une stratégie active d'ouverture à la scène indé où seule la créativité prime sur la technique. La 2D a dorénavant toute sa place sur ce monstre de puissance 3D...