En septembre dernier, Microsoft annonçait faire l'acquisition de la section devices de Nokia pour la somme de 5,44 milliards d’euros, une broutille pour s'offrir ce qui a fait la légende du constructeur Finlandais. Stephen Elop alors PDG de Nokia rentre chez Microsoft en héros et son nom est même sur la liste des potentiels successeurs à Steve Ballmer pour le poste suprême chez Microsoft. La rumeur s'emballe alors, et si Stephen Elop avait dès le départ pour mission de préparer le rachat de Nokia? Il faut dire que le Stephen il a une sacré réputation derrière lui, jugez plutôt:

1998 : rejoint Macromedia, sept années plus tard Adobe rachète Macromedia.
2008 : dirige la division Business de Microsoft notamment en charge d’Office.
2010 : rejoint Nokia en tant que CEO
2013: en septembre Microsoft rachète la division téléphone mobiles de Nokia, Elop quitte alors ses fonctions de PDG et retourne chez Microsoft

Alors quand on prête à ce monsieur l’idée que s'il venait à être sélectionné pour le poste de PDG de Microsoft il n'hésiterait pas à fermer Bing et à vendre la division Xbox, les joueurs du monde entier tremblent.

Alors que le rachat d'une grosse partie de Nokia poursuit son cours, Microsoft fait face à l'une des plus importantes restructurations interne de son histoire afin de devenir plus réactif aux marchés et de réussir sa transition vers du logiciel, des services mais aussi des devices que ce soit par sa branche Xbox, Surface ou la future branche mobiles. Stephen Elop retourne donc chez Microsoft pour plancher sur l’intégration de la section Devices & Services de Nokia et le rachat se poursuit.

Mais voilà que ce que beaucoup n’attendait pas, alors que Ballmer plantait les premières graines dans cette lettre , se produit : Stephen Elop remplace Julie Larson-Green à la tête de la section Devices and Studios de Microsoft ce qui en fait le responsable direct des sections Surface, mobiles mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, de la section Xbox et de tous les développements de jeux de la société.

La nouvelle se répand et les réseaux sociaux ne tardent pas à s’affoler : serait-ce la fin de la Xbox telle que nous la connaissons? Quelles sont les raisons qui poussent ces personnes à annoncer la fin de la console made in Redmond ?

 

Il faut d’abord regarder l’industrie du jeu vidéo dans son ensemble, une industrie en crise, en pleine mutation. D’un côté un Nintendo qui peine avec la Wii U et dont le président Satoru Iwata prévoit que l’entreprise ne sera pas rentable cette année, de l’autre un Sony qui a perdu de sa superbe financièrement et n’hésite pas à opérer de grandes coupes dans ses activités pour redevenir rentable malgré le succès de sa PS4 dont les marges seraient très limitées. Du côté de Microsoft la section Device et Entertainement, section qui comprend les activités Xbox, mais aussi depuis peu Surface, est tout juste rentable. Il n’en faut pas plus pour que les rumeurs apparaissent sur l’internet : Microsoft va vendre la marque Xbox et se retirer du monde des jeux vidéo.

Et puis nous avons Stephen Elop dont la récente nomination à la tête du département en charge de l’activité Xbox semble avoir conforté les auteurs des analyses et des rumeurs les plus folles. Mais qu’est-ce que cet homme au visage de prime abord sympathique a bien pu faire pour affoler autant les joueurs du monde entier ?

Beaucoup pensent que c’est un boucher, un homme qui n’est pas là pour faire dans la finesse, il vient, coupe là où il faut et revend le plus intéressant. C’est ce qu’il aurait fait avec Macromedia et plus récemment avec Nokia, du coup quand on lui prête l’intention de fermer Bing et vendre la division Xbox, l’internet s’agite, mais qu’en est-il vraiment ? Est-ce que Elop est un vrai danger pour Xbox maintenant qu’il est à la tête de sa division ? Je pense que non, je pense même que vendre la division Xbox serait une erreur, une chose dont Microsoft est bien conscient. Pourquoi ?

Tout d’abord parce qu’il n’a jamais « officiellement » et « publiquement » déclaré vouloir vendre la division Xbox, cette déclaration est apparue pour la première fois dans un article de Bloomberg qui avait pour source « trois personnes qui savent ce qu’il pense». Autant dire qu’on a connu plus fiable comme source, d’autant plus que nous étions à l’époque encore à la recherche d’un successeur pour monsieur Ballmer et qu’il n’y pas qu’en politique que l’on discrédite ses adversaires potentiels en avançant les points les plus sombres des projets adverses, que cela soit fondé ou non.

Second point, la Xbox est la preuve que Microsoft peut devenir autre chose qu’une simple entreprise de software. Après l’échec du Zune et les difficultés pour la première génération de Surface de convaincre, Microsoft a besoin de montrer qu’il peut et sait proposer des produits hardware de qualité afin de convaincre ses investisseurs de la mutation que l’entreprise est en train d’opérer. Après un premier essai convaincant, Microsoft a su, avec la Xbox 360, s’imposer comme un acteur solide de l’industrie vidéo ludique au même titre que Sony et sa Playstation. La Xbox a donné un énorme coup de jeune à l’image de Microsoft et continue aujourd’hui d’être l’une des marques de divertissement les plus reconnue à travers le monde, l’entreprise a une énorme carte à jouer dans ce domaine et elle le sait, l’ouverture de Xbox Entertainment Studios dont le but est de fournir du contenu télévisuel interactif exclusif à la plateforme Xbox et la promesse du tout en un de la Xbox One sont des exemples de la stratégie de Microsoft vis-à-vis du divertissement, un marché où ses concurrents directs comme Apple, Amazon et Google sont déjà bien présents.

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Troisième et dernier point, Xbox est partout et les services de Microsoft avec, la console est ainsi un formidable point d’entrée au coeur du salon des utilisateurs pour tous les services Microsoft, ils y découvrent ainsi Skype, Xbox Video, Xbox Music et OneDrive. C’est un énorme avantage en termes de visibilité pour Microsoft d’autant plus que ces services sont disponibles sur la plupart des plateformes, peu de ses concurrents peuvent se targuer de proposer leurs services sur autant d’écran, y compris celui du salon et je ne vois pas Microsoft abandonner cette place durement gagnée. A l’inverse, Xbox fait partie intégrante des services et de la gamme de produit Microsoft que cela soit sur Windows Phone ou sur tablette et PC Windows 8 avec une gamme de jeu dédiés. Vous l’aurez compris, Xbox est bien intégrée au c½ur de la stratégie Microsoft et je ne vois pas cela changer pour quelques années encore, nouveau dirigeant ou non. Mais alors pourquoi nommer Stephen Elop à la tête de la division dont fait partie Xbox ? Car Microsoft amorce une transition très ambitieuse : passer d’une entreprise de logiciels et de services à une entreprise de devices. Xbox et Surface ne sont que le début et l’acquisition de la division mobile de Nokia comme dit plus tôt dans cet article va accélérer cette transition.

Cela peut-il se faire en douceur avec l’intégration d’un nombre considérable de nouveaux employés, services et infrastructures ? C’est là que Stephen Elop entre en jeu. Sa mission sera d’assainir les divisions rachetées à Nokia et de les intégrer pleinement aux structures déjà existantes afin de mener à bien la stratégie de Microsoft sur le marché mobile dans un monde que Satya Nadella qualifie de « Mobile and Cloud first ». L’expertise produit en terme de qualité et de design du finlandais sera un atout majeur pour Microsoft et ses futurs produits mobiles mais aussi à n’en pas douter pour sa division Surface et pourquoi pas Xbox ?

En conclusion:

Vous l’aurez compris, je ne pense pas que la division Xbox soit menacée dans l’immédiat, au contraire c’est une division qui multiplie les investissements afin de sécuriser sa position et innover, le récent rachat de la licence Gears of War et l’annonce de partenariat stratégique avec de grand nom (Steven Spielberg sur une série TV Halo, NFL, etc.) sont autant d’exemples que de bien belles choses sont à venir sur Xbox ou plus globalement chez Microsoft et Stephen Elop aura son rôle dans tout cela.

 

Note: cet article est aussi  disponible sur Revon.fr - J'espère qu'il vous plaira, je ne suis pas analyste (encore heureux) je tenais juste à faire part de mon point de vue