Je me le suis promis, je ne ferai pas de jeu de mots pourri sur le sous-titre V.O. du jeu. Parce que ça ne serait pas sympa. Parce que ça serait trop facile. Parce que ça serait injuste.
À force de dévoiler des scènes à tour de bras, Naughty Dog a oublié de garder en réserves quelques surprises. Tous les grands moments d'Uncharted 3 - je dis bien tous - ont été révélés dans des bandes-annonces. Vous me direz « tu n'avais pas qu'à les regarder, les bandes-annonces » et vous auriez raison, mais quand bien même, au-delà de l'absence notable de surprises, se discerne un autre constat : celui de la faiblesse de l'histoire. Exit le début qui vous mettait immédiatement le pied à l'étrier, au revoir les rebondissements qui vous laissaient à bout de souffle, bye bye les ficelles dramatiques éculées mais que l'on aimait bien quand même (les cliffhangers à gogo, le triangle amoureux, etc.). Contrairement à Nathan qui fait toujours preuve d'un manque de maturité bienvenu (ouf !), le jeu s'est assagi, installé dans le confort que lui ont installé les retours de la presse et des joueurs (à juste titre d'ailleurs).
À lire ma critique, on pourrait légitimement croire que je n'ai pas aimé jouer au dernier-né de Naughty Dog (putain, je crois bien que j'ai joué et terminé tous leurs jeux !), mais ce serait faux. Il y a toujours cette formidable impression d'être le héros d'un Indiana Jones, et pour un fan de la trilogie (sic !) comme moi, cela signifie beaucoup. De même, la jouabilité exemplaire, les décors de la mort qui tue, et voir Nathan s'enfoncer toujours et encore plus dans les ennuis, procure un immense plaisir. Mais à trop vouloir donner aux fans le jeu qu'ils voulaient (la même recette, le passé des personnages principaux, etc.), le studio californien en a oublié de créer un film ; celui-là même que l'on prenait plaisir à interpréter et qui donnait une immense rejouabilité au jeu. Les cinématiques n'imposent plus leur rythme à l'histoire, le découpage du jeu n'a plus cette impression du sens dessus dessous que l'on aimait dénouer, les personnages manquent de charisme et de mystère, et l'histoire, soyons clair, est mal écrite. Si je n'aime pas l'expression vue dans un test de « Uncharted 2.5 », c'est pourtant celle qui résume au mieux mon impression : celle d'un jeu trop semblable au précédent, celle d'un jeu à moitié fini, celle d'un jeu à qui il manque quelque chose. On ne redemandait pas le fossé (je ne parle pas de l'aspect graphique) qui séparait les deux premiers opus, mais l'ajout de quelques éléments touchant au gameplay lui-même. Trop peu d'innovations sont au rendez-vous. Moi-même, je n'arrive pas à voir ce qu'ils auraient pu rajouter, et il faut peut-être y voir les limites de la licence.
7.5/10 Finalement, le sentiment qui prime une fois terminé Uncharted 3, c'est bel et bien la déception. S'il se révèle plaisant à jouer, si l'on retrouve avec plaisir la licence, avec tout ce que cela signifie (l'impression d'être Indiana Jones !), ce troisième opus est un bon jeu, mais un mauvais film : histoire bancale et mal rythmée, avec des personnages sous-exploités, des transitions ratées, et même de trop grandes similitudes avec la précédente. Oui, Uncharted 3 est un bon jeu (ce qui n'est déjà pas si mal), mais Uncharted 3 n'est pas un grand jeu, pas comme l'était son prédécesseur. Et vous savez quoi, à moins d'une idée géniale de ses développeurs, je ne crois même pas que j'ai envie d'un Uncharted 4.
PS : Vous remarquerez que je n'ai pas évoqué le mode online, pour la bonne et simple raison qu'il ne m'intéresse pas (je n'aime pas jouer en réseau !). À ce titre, on pourra regretter l'absence de sortie d'un jeu sans pass online pour ceux qui ne font pas chauffer les serveurs.
PS2 : Ce que j'aurais dit des autres en quelques mots :
Uncharted : 7/10 : un tomb raider-like de qualité.
Uncharted 2 : 9/10 : le croisement explosif du cinéma et du jeu vidéo, dans un jeu généreux et déjà culte. Un grand jeu, de ceux qui font l'histoire du jeu vidéo.
Simatural