Lorsque la mise en chantier d'une suite de Blood Omen est annoncée, c'est une bonne surprise, car pas forcement attendue. Toujours développé par Crystal Dynamics, il est cette fois distribué par Eidos Interactive, et sort en 1999.
L'histoire débute par la révélation de la fin de Blood Omen, avec une magnifique cinématique qui fera date, et qui encore aujourd'hui fait figure de classique.
« Kain est un dieu aujourd'hui, une légende. Rares sont ceux qui connaissent la vérité. Il fut mortel, lui aussi, mais sa haine de l'humanité l'a conduit à nous créer, moi et mes semblables. Je suis Raziel..., premier né des lieutenants de Kain, son serviteur durant mille années. Aux côtés de mes frères, j'ai vu naître son empire. Ensemble nous avons formé les légions qui ont soumis Nosgoth. Nos pouvoirs ont évolué : Nous sommes devenus de moins en moins humains, de plus en plus... divins. Les mutations intervenaient d'abord chez Kain, quelques années après nous suivions notre maître sur cette voie. Un jour, j'ai eu l'honneur de précéder mon maître... J'allais devoir payer cette transgression... par la torture. Il n'y avait qu'une seule issue possible, l'éternelle damnation... J'allais subir le sort réservé aux traîtres et aux lâches : brûler pour l'éternité dans les entrailles du lac des morts. »
Ainsi, pour avoir arboré une paire d'ailes, Raziel est balancé sans ménagement à la flotte. Et on a bien compris depuis Blood Omen, que l'eau, ça fait très mal ! Du statut de beau gosse vampirique, il devient une créature décharnée à la peau bleue. Mais il vit, sauvé comme le fut son maître à l'époque, par une entité étrange : L'Ancien. L'Ancien se nourrit des âmes des morts, et dans ce Nosgoth qui n'est presque plus peuplé que de vampires (immortels donc), pour lui la bouffe se raréfie. Il trouve alors en Raziel l'allié parfait, celui ci ne réclamant qu'une chose : Se venger de Kain. Devenu un vampire des âmes, notre nouveau héros va se lancer dans une longue, une très longue quête...
Si Soul Reaver est évidement la suite de Blood Omen, il s'en démarque à tout les niveaux afin d'offrir une nouvelle vision de ce qui deviendra une saga. Premier pari osé, Kain n'est non seulement plus le héros du titre, mais il devient également le personnage à abattre, celui qui devra dérouiller à la fin du jeu. Autre innovation, nous ne sommes plus dans un univers médiéval mais dans un Nosgoth apocalyptique, ravagé, désertique. Rare seront les humains croisés. Dernière modification, Soul Reaver est en 3D, et ça va tout changer.
Réalisation et gameplay.
Alors que Blood Omen est souvent comparé à Zelda dans son approche, Soul Reaver ose clairement se lancer à l'assaut d'une licence qui à cette époque fait l'unanimité: Tomb Raider.
Il en reprend les bases, avec une vue à la troisième personne nous plaçant dans le dos du personnage. Des énigmes à base de gros cubes a déplacer et des leviers a actionner. Oui, tout cela est pompé des aventures de Lara Croft, mais surtout Soul Reaver surpasse le maître dans tout ces domaines !
Graphiquement, le jeu est très beau pour l'époque, même si on constate une brume lointaine visant a masquer les limites de la machine. Les divers animations de Raziel sont parfaites, les combats dynamiques. Ces derniers étant contre des vampires, il ne faudra pas se contenter de les mettre à terre, mais bien de les finir pour de bon ( empaler son premier vampire est un grand moment de plaisir perfide) sous peine de les voir revenir à la charge !
Et on en arrive au coup de génie des développeurs : le voyage entre les deux sphères.
Petite explication. En tant que vampire des âmes, Raziel peut voyager entre deux plans d'existence. La sphère matérielle (notre monde, on va dire), et la sphère spectrale.
Dans cette dernière le temps s'arrête, l'architecture se déforme et propose de nouveaux passages, les ennemis changent, et l'interaction avec les objets du monde matériel est impossible. Il vous faudra donc constamment jongler entre les deux sphères pour avancer, en sachant que pour revenir dans le monde matériel, il vous faudra non seulement avoir votre barre de vie au maximum, mais également trouver des portails au sol disséminés dans tout Nosgoth.
Ajoutez à cela des glyphes magiques qui vous donnerons des pouvoirs supplémentaires (dans une recherche totalement optionnelle, qui rallonge agréablement la durée de vie) , l'obtention de nouvelles capacités au fil de l'histoire, qui vous ouvrirons des nouvelles perspectives d'exploration ou de combat, et la possibilité de revenir à tout moment sur ses pas comme le proposait Blood Omen à son époque.
Parlons un peu de l'aspect sonore de Soul Reaver, car c'est là aussi un point fort du jeu. La composition musicale est particulièrement soignée, tout comme les bruitages, et le doublage des personnages donne un charisme indéniable au deux protagonistes de cette histoire (avec des dialogues il est vrai, qui bichonne nos oreilles). Dans l'excellente version française, Bernard Lanneau prête sa voix chaude à Raziel. On peut le retrouver comme la voix officielle de Kevin Costner ou Alec Baldwin. Quand à Kain, il est doublé par Benoît Allemane, que l'on entend principalement à travers la bouche de Morgan Freeman, entre autres...un casting bien rare à cette époque, et qui rend d'autant plus attachant les deux persos.
En conclusion, Soul Reaver reste pour bien des joueurs le meilleur épisode de la série. Une durée de vie plutôt longue, des énigmes suffisamment prenante, et des rencontres qui nous rapelle qu'on est bien dans l'univers fascinant de Nosgoth. Encore une fois très éloigné de Blood Omen, on lui trouvera comme point commun un scénario qui s'il ne paye pas de mine au départ (une simple histoire de vengeance), se complexifie au fur et à mesure pour devenir carrément passionnant sur sa fin.
Sa fin justement, terriblement culottée, qui aura beaucoup fait parler à l'époque. Je me garderai bien de vous la révéler, mais je termine ce test avec un conseil : assurez vous d'avoir sous la main Soul Reaver 2. Parce que sinon vous allez pester !