La voiture dit « connectée » ou « autonome » est équipée d’une batterie de capteurs numériques (caméras, radars, sonars, lidars, etc.) dont les données sont traitées par une intelligence artificielle qui décide de l'action à réaliser sur les commandes du véhicule. Autrement dit, elle n’a plus besoin de chauffeur pour rouler une fois sa destination entrée dans le GPS.

Et ça marche, non seulement durant les simulations, mais aussi dans le trafic réel : l'Audi Q5 de l’équipementier Delphi a relié avec succès San Francisco à New-York, de manière autonome. Pendant 99% du temps (le 1% requérant une intervention humaine), le véhicule s'est dirigé seul sur les routes américaines. Le voyage de 4 300 km a duré neuf jours et traversé 15 États. Toujours aux États-Unis, 480 000 kilomètres ont déjà été parcourus avec des Prius et des Lexus équipées dans les États qui autorisent cette expérimentation, sans qu'aucun accident n'ait été à déplorer.

Absolument tous les constructeurs automobiles fabriquent actuellement des prototypes de voiture autonome, et sont même rejoints par les géants de l’informatique Google et Apple. La Google Car est la plus audacieuse : dans ce modèle, tout est automatisé, il n'y a tout simplement plus de commandes, ni volant, ni pédales. Testée dès 2010, la Google Car a une bonne longueur d'avance sur les autres modèles.

Pour les millions de personnes qui passent chaque jour des heures dans leur voiture, notamment pour des trajets domicile-travail, c'est la promesse d'une reconquête des temps de transit jusqu'ici monopolisés par l'attention à accorder à la conduite. Sans compter le calvaire liés aux bouchons, qui pourrait se transformer en temps de détente avec la voiture autonome : regarder un film, faire une partie de jeu vidéo, prendre un repas ou lire un magazine... Même Tobias Moers, le patron de Mercedes-AMG, avoue  que conduire est un exercice pénible :

"S'il y a toujours un bouton OFF (pour le pilotage automatique), ce sera le meilleur des équipements pour nous chez Mercedes-AMG. Si je me rends à mon bureau d'Affalterbach et que je peux en même temps passer mes appels et compulser mon ordinateur portable, alors pas de problème, même si je suis dans une AMG. Le plus souvent, conduire n'est pas si enthousiasmant et vous pouvez avoir d'autres priorités"

La première voiture autonome sera présentée en France à Bordeaux lors du congrès des transports intelligents (ITS) qui se déroulera du 5 au 9 octobre 2015. C'est Thierry Le Hay, responsable innovation chez PSA Peugeot / Citroën, qui a annoncé que des essais sur routes allaient pouvoir démarrer en France à cette occasion.

Mais il reste une peur à circonvenir : celle de mettre au chômage des salariés français. On pense aux fabricants de radars et des sociétés chargées de traiter les procès-verbaux – bien qu’il n’y aura surement pas grand monde pour les regretter. La voiture autonome ayant la faculté de s'adapter aux conditions du trafic et à la météo, et de réagir à bon escient aux aléas de la circulation, elle ne dépassera jamais la vitesse autorisée par le Code de la route.

Les effectifs de police qui avaient l’habitude de « faire le gendarme » au bord des routes seront déployés ailleurs.

Les auto-écoles sont elles aussi en péril – mais là encore, les moniteurs seront les seuls à pleurer : qui va regretter d’engloutir 1 600 euros (en moyenne) dans le permis ? En tous les cas, avec la voiture autonome, il n’y aura plus de permis à passer. L’Assemblée nationale aura juste à définir l'âge à partir duquel on aurait le droit de l'utiliser (16 ou 18 ans).

Les taxis seront bien en peine de trouver des clients, quand la voiture autonome embarquera quatre personnes et sera programmée pour aller chercher quelqu’un toute seule à la gare. Qui va regretter de payer un trajet hors de prix en taxi ?

Avec la quasi-disparition des accidents de la route et la baisse des vols (verrous numériques), un certain nombre de compagnies d'assurances pourraient fermer. Ce ne serait pas une grosse perte étant donné les prix pratiqués par la plupart des assureurs.

Reste un point crucial : en cas d’accident, qui sera responsable ? On imagine mal les constructeurs d’automobiles reconnaitre leur torts et payer les frais de justice en cas de dysfonctionnement informatique. Il existera le cas où la voiture était sans humain à bord, obéissant à un circuit programmé pour aller chercher quelqu'un. Ce sera donc le propriétaire de la voiture autonome le responsable légal.

Au total, si on additionne les secteurs touchés, il y a de nombreux employés qui sont amenés à changer de carrière. Soit autant d'électeurs perdus pour le parti qui autorisera légalement la voiture autonome. En attendant, les syndicats de ces salariés vont harceler le gouvernement pour retarder le plus longtemps possible la législation qui permettra aux voitures autonomes de circuler sur le sol français.

Le gouvernement socialiste avance la date de 2018, sachant très bien qu'il y a un fort risque de n'être plus au pouvoir à ce moment là, après l'élection présidentielle de 2017. Et au cas où, les socialistes pourront toujours trouver un prétexte afin de repousser sa mise en circulation de quelques années. Actuellement, la priorité du gouvernement est de faire baisser le chômage en période de crise économique. Et en campagne électorale, la voiture autonome représente un véritable repoussoir pour les ministres et députés, qui n'en veulent pas à une échelle industrielle.

Reste un chiffre qui devrait mettre tout le monde d'accord : 3 388 personnes ont perdu la vie en 2014 sur les routes de France, soit 120 de plus que l’année précédente. Les facteurs humains (fatigue, alcool, distances de sécurité non respectées…) apparaissent dans plus de 90% des accidents corporels. Combien de personnes devront encore mourir dans des accidents stupides avant que le gouvernement ait le courage de privilégier la sécurité routière à la sauvegarde d'emplois, qui sont sur le moyen terme condamnés ?