Dans l'univers des jeux vidéos, il est des noms qui, à leur seule évocation, provoquent l'émoi chez de nombreux joueurs. Créateurs, scénaristes, ils sont plus ou moins directement les géniteurs d'oeuvres vidéoludiques qui ont marqué des générations. Jane Jensen fait partie de ces noms là, elle est au Poin't'Click ce que Sakaguchi est au RPG japonais (FF), ce que Shinji est au Survival (RE) ou plus proche encore, ce que Clancy peut être aux jeux va t'en guerre (R6, Ghost Reconn). 

Avec une talent inné pour conter les histoires, elle a signé une des saga les plus célèbres du jeux d'aventure, j'ai nommée : Gabriel Knight.

A l'annonce de Gray Matter, il était évident que bon nombre de fans attendaient avec impatience la sortie du soft....Verdict ?

 

Jane Jensen et sa plume magique !

Après nous avoir emmené en Bavière, à la Nouvelle Orléans ou en pays Cathare, Jane Jensen nous propose une virée dans la ville so british d'Oxford. Vous allez incarner tour à tour deux personnages : Samantha Everett, une groupie d'Houdini au look gothico chic  et David Styles, son infortuné hôte, veuf éploré qui se réfugie dans ses recherches en neurobiologie.

Si Gray Matter n'est pas le premier jeu à exploiter deux personnages jouables, d'aucun n'avaient à ce point exploiter leur profondeur. Pendant toute l'histoire, le jeu repose sur l'ambivalence des deux personnages qui paradoxalement ne les éloigne pas mais les complète. Ainsi, pendant tout le jeu, le joueur va être balancé entre une explication rationnelle et une explication supra scientifique (paranormale quoi !) des évenements qui vont ponctuer l'aventure.

Malgré l'imbroglio scénaristique et la fin un peu en eau de boudin, Jane Jensen nous livre une histoire teintée de mélancolie et de poésie qui évoque des sujets adultes : l'amour, la mort, le deuil....


A admirer....

Si on peut déjà souligner l'originalité du lieu de l'action (la ville d'Oxford), un travail magnifique a été réalisé sur les tableaux. Toujours en forme de clair-obscur, ils viennent renforcer l'ambivalence des deux personnages. Malgré tout, les personnages sont assez mal modélisés et les animations font un peu peine à voir. On reprochera également l'aspect trop "statique" des environnements (où quasiment rien ne bouge).


...et à écouter

Un des points forts de Gray Matter c'est sa bande sonore. Les personnages "so british" sont parfaitement doublés et on sent tout le soin appporté aux voix. Plus encore, la musique est d'une pure beauté et magnifie les cut-scenes du jeu : une mention très spéciale au "Safe In Arms" des Scarlett Furies : https://www.youtube.com/watch?v=8lQgQY20Td0


Abracadabra....

Le gameplay est basique mais correspond au standard du poin't'click. Toutefois, les résolutions d'énigme sont mises en scène de manière originale par le biais de tours de magie mais qui au final, n'apportent pas plus de profondeur au gameplay. 


... et patatra :

Gray Matter aurait pu être un excellent jeu s'il n'était pas rongé par quelques défauts. Le premier c'est sa facilité déconcertante. Les énigmes ne sont vraiment pas corsées et vous ne tournerez quasiment jamais en rond. Les fans du genre risquent d'être un peu sur leur faim.

Autre problème pénible et qui vient renforcer encore plus la facilité du soft, c'est sa linéarité. Le gameplay est parfois trop dirigiste (on vous met en gros ce qu'il vous reste à faire ou pas dans chaque lieu) et surtout trop scripté : si vous ne parlez pas au bon moment, à la bonne personne, au bon endroit, vous ne déclencherez pas telle ou telle action, ou telle option de dialogue.....de quoi pester, on est loin d'un Blade Runner.

 

En résumé

Gray Matter est un poin't'click au gameplay classique et dont la trop grande facilité peut rebuter les fans du genre. Toutefois, ils auraient tort de s'en priver : Gray Matter propose une histoire adulte avec des personnages travaillés, le tout tinté d'une douceur mélancolique et d'un univers poétique qui manquent cruellement au genre. Une bonne surprise !