Parce qu'il faut bien l'avouer, on entend tellement parler du "Retrogaming" que le définir clairement relève du casse-tête. Il est donc temps de parler plus en détail de l'intérêt des jeux "que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître...", et aussi de la place du jeu retro dans l'industrie du jeu actuelle, qui avec les années à acquis une place à part entière dans le paysage vidéoludique.
(Réaction du retrogamer après deux minutes de Ghost'n Goblins. "C'était mieux avant"? Pas toujours...)
Première partie : Les Experts : 8 Bits et contrôles foireux.
Comme le montre le petit meme au-dessus, il faut mettre les choses au clair : les mauvais jeux retro, ça existe. Et sur une période de temps équivalente, il y a eu certainement plus de bouses cosmiques sur NES ou SNES que sur nos 360 ou PS3 d'aujourd'hui. Tout comme un vrai "Retrogamer" ne se limite pas à jouer aux vieux Mario, Zelda ou autre Tetris pour se la péter en société. C'est un peu comme une chasse au trésors : parfois on déterre un cadavre (souvent, même), parfois une pépite oubliée de tous, et c'est une grande satisfaction quand ça arrive.
Bien sur, je parle beaucoup de manière subjective sur ce point,et ce serait dur de faire autrement, mais je pense que cette approche des choses est partagée par beaucoup d'amateurs de la chose. Tout comme cette catégorie de joueurs, selon une autre idée réçue, se mettrait à cracher sur tout les jeux récents en trouvant des prétextes fallacieux, ce qui est faux.
Au contraire, s'interesser à toutes les générations de jeux est une invitation à s'ouvrir l'esprit, ce que j'appelle personnellement l'"approche ouverte" : il est toujours intéressant de chercher dans un jeu tout ce qui à inspiré ses créateurs, et je ne parle pas seulement du cadre vidéoludique. Bien sur, c'est là où on cherche en premier (et le plus longtemps), mais il n'y a pas que dans le jeu vidéo que l'on trouve de la musique ou de l'écrit.
Mais il est temps de revenir sur des sujets plus terre à terre...
Deuxième partie : Comment ressuciter un cadavre (sans être nécromant ou Illuminati)...
(Peut-être pas comme ça, mais avouez que ça à la classe!)
Pour ce second chapitre, je vais essayer d'aller un peu plus loin que la simple référence ou autre "trivia" qui peuvent se planquer dans nombre de jeux actuels, mais pluôt taper dans les softs ayant un véritable rapport avec le Retrogaming.
Si on demandait à un programmeur lambda ce qu'il coûterait de faire un jeu avec l'esthétique 8 Bits, avec les moyens actuels (autant dire à des années lumières de ce qui se faisait dans les années 80!), il répondrait certainement "pas grand chose". Et ce "pas grand chose" est justement devenu la spécialité d'une frange bien spéciale du jeu vidéo, à savoir les jeux indépendants.
Bien sur, les Braid, Binding of Isaac ou encore Minecraft ne se donnent pas vraiment de limites au niveau esthétique (pour Minecraft, je vous garantis qu'il faut une bête de course pour certains serveurs de psychopathes...), mais ils ont l'art de sublimer ce qui pouvait se faire avec les moyens d'il y a 20 ans. Même en reprenant des bases qui sont ancrées depuis longtemps, ces jeux arrivent à créer une expérience aussi inédite qu'intéressante.
(Capcom, ou comment brosser le Retrogamer dans le sens du poil... littéralement!)
Second exemple d'exploitation du jeu Retro, venant des grands studios cette fois (logique, détention de licences obligé!), la résurrection de vieilles gloires, qu'on appelle aussi le "Revival". Pour cette option, il y a plusieurs manières de voir les choses :
- Le Revival "Image de marque" : on reprend une licence ancienne et les bases qui ont fait sa légende, en on passe le tout en HD avec tout plein de modifications. On pourrait citer des cas comme XCOM ou encore Syndicate, qui ont fait la joie des joueurs PC dans les années 90, ou encore Ninja Gaiden, qui a plus ou moins de succès depuis dix ans.
- Le "Revu et largement corrigé" : on s'approche déjà d'avantage du matériau de base, le principe de jeu restant glabalement le même, en se basant sur les limitations techniques de l'époque. C'est une méthode prisée pour les licences plus vieilles, souvent pour être commercialisé en dématérialisé. On peut citer Tetris (avec une version DS géniale), ou encore Pac-Man et ses épisodes Championship survitaminées.
Le "Bourrin" : comme on dit, on change pas une équipe qui gagne. Surtout quand ça signifie vous arracher une larme de bonheur avant d'y jouer (et de péter un plomb devant la difficulté de l'époque!). Ici, à part du nouveau contenu, on ne touche à rien, comme si le jeu aurait pu sortir tel quel il y 20 ans. C'est justement la spécialité des Megaman, avec les épisodes 9 et 10 et surtout Megaman X Street Fighter, qui commémore le 25ème anniversaire des deux séries (profitez-en, c'est gratuit!).
Donc, pour exploiter les vieilles gloires d'antan, les méthodes ne manquent pas. Mais de nos jours, même un petit jeu s'exploite commercialement, et le jeu Retro n'échappe pas à la règle.
Troisième partie : Amour, Gloire et Pognon...
(10 Euros pour revivre votre pire cauchemar? ET PUIS QUOI ENCORE!)
Et je vais commencer ce dernier volet du dossier par... un coup de gueule. Adressé à ces malandrins (avec mon vocabulaire perso, on part plus sur des histoires de coït avec du verre pilé, mais passons) de chez SquareEnix.
Les raisons? Il y en a deux. La première vient de la ré-ré-ré-réadaptation de FF7 sur PC. Sur le papier, ressortir un vieux FF, ça part d'un bon sentiment. Mais nous refourguer l'épisode le plus "commercial" de la série pour 13 Euros fait mal, alors que des opus moins estimés, comme le 8 et surtout le 9, auraient pu profiter davantage d'une seconde vie.
La seconde est la décision de réediter les six premier Tomb Raider sur Steam. Pour ceux qui ne connaissait pas la licence à l'époque, il faut savoir que si le premier est une réussite (a tel point d'être entièrement refait dans la version Anniversary), la plupart de ceux qui ont suivis oscillent entre l'acceptable (2/4/5) et des opus 3 et 6 tellement médiocres que nombre de manettes en ont fait les frais, à coup de vol à travers la pièce pour s'écraser sur le mur le plus proche.
Et le prix de l'arnaque? 10 Euros. 65 Francs 50. Par épisode.
Mais revenons à nos moutons pixelisés... Depuis la dernière génération de consoles notamment (et avec la sortie de la Wii et du Virtual Console), les réseau de distributions se sont multipliés : PSN, XBLA, Steam ou encore GoodOldGames proposent maintenant un large catalogue de titres, sans compter les quelques packs venant d'éditeurs, comme ceux de Sega.
(Messieurs les créatifs, une question : pourquoi un jeu de pêche?)
Par contre, une question fait souvent débat en la matière, surtout en cas de dématérialisé : le prix des jeux. Et je vais donner mon avis personnel, qui est... ça dépend.
Car il faut bien distinguer jeu PC et jeu console en la matière. Si les premiers sont vendus en général entre 5 et 10 Euros, soit un tarif plutôt acceptable pour vous refaire un Fallout ou un Heroes of Might and Magic, le tarif des seconds sont à mon goût un peu trop élevé. Payer un jeu SNES pour 8 Euros sur votre Wii quand pour le double vous avez largement le choix en tapant dans l'occasion ne donne pas vraiment envie de succomber, même pour des licences phares.
Il faut aussi parler rapidement de la place de l'émulation, pratique "illégale" mais très largement répandue. Vu que quasiment n'importe peut accéder à la majorité des jeux retro de manière illimitée et gratuite, "vendre" simplement un jeu ne suffit pas. Un système de promotion proche de celui de Steam, avec bundles et soldes régulières, pourrait être un début de piste afin de donner un second souffle aux succès d'antan.
Au final, le marche du jeu vidéo tente de vendre des produits "murs" depuis longtemps, avec des techniques qui ne le sont pas. Améliorer le système demandera du temps, bien sur, mais les bonnes idées ne manquent pas pour faire avancer le schmilblick.
(Pourquoi Bobby Kotick dans ce dossier? On parle de jeux et de gros sous, ça me semblait naturel.)
Voila en bref un (court) aperçu de tout ce qu'on peut dire sur le jeu retro de nos jours. Bien sur, ce petit dossier est en grande partie un avis personnel, mais faire en quelque sorte l'auto-critique de sa passion ne fait parfois pas de mal, ne serait-ce que pour effacer un "c'était mieux avant!" qui colle à la peau de beaucoup, moi le premier.
Et si vous avez la curiosité de vous faire un vieux Fire Emblem ou encore un Metal Slug, voila mon dernier conseil : FONCEZ!