Je devrais terminer mon post sur Man Of Steel au ciné.
Là je viens de lire Scarlet de Bendis et Maleev. Soit, un comics dans la droite ligne de ce qu'a pu faire le duo d'auteurs sur leur run de Daredevil. Scarlet est une jeune nana, qui sans facilité a trouver son équilibre dans la vie : oui, merci au beau gosse avec qui elle vit une jolie idylle. Flics corrompus vont injecter leur grain de sel dans cette jolie mécanique et c'est tout la vie de Scarlet qui va prendre un nouveau tournant. Mais pas du jour au lendemain.
Ce premier tome est une histoire de vengeance qui dépassera la personne de Scarlet entraînant un début de révolution pour une partie des habitants de Portland (ville d'adoption de Bendis, au passage). Oui les flics ne sont pas vraiment du bon coté de la barrière dans l'histoire. Mais cette histoire n'est pas cousue de fil blanc, le gris est bien plus présent de ce que pouvait laisser imaginer les premières pages et les personnages volent plus haut que de simples caricatures. Et ce qu'on retient en fermant le bouquin, c'est cette limpidité dans l'écriture et l'exposition des événements. Plus que jamais les dialogues de Bendis seront le fil conducteur : les relations entre les personnages mais aussi de personnages avec le lecteur ("BaM" le quatrième mur), un procédé utilisé avec maestria pour mettre en scène une histoire intimiste et sensible sur le chemin parcouru par les protagonistes en votre compagnie.
Je lis des comics depuis longtemps, et j'en ai lu encore plus lorsque Bendis est arrivé chez Marvel au début des années 2000. Depuis cette époque, l'auteur ne laisse personne indiffèrent : jugé comme un escroc par certains pour la simplicité de ces histoires, je me place dans le camp de ceux qui aiment le voir manier des personnages à qui il donne corps, voix et sentiments sans recul cynique face aux événements qu'ils vivent. De Alias à Ultimate Spider-Man en passant par Daredevil, Scarlet ne surprendra pas. Mais mieux que jamais, l'auteur maîtrise ses dialogues, ses silences, ses actions et ses quelques surprises. Non, on ne se contente pas d'une caricature de punk rebelle et on ne va pas se perdre à l'idéaliser elle et ses idées : on s'attache juste à la destinée de Scarlet Rue de Portland et on vit viscéralement sa vie..
La complicité de l'équipe créative, qui a eu le temps de se forger en plus de dix ans de projets communs, permet un découpage quasi parfait (si ce n'est un trouble de temps en temps pour savoir si la narration s'étale sur les deux pages ou une seule), et les silences de Bendis sont bruyants par les traits de Maleev. Géniale osmose.
J'avais déjà écrit quelques trucs ici
Et sinon, le tumblr du génie Bendis