Omen Nomen. Si, ironiquement, la trilogie Dusk devait signifier le crépuscule économique et moral de la série mythique, l’arrivée en Europe de Atelier Ayesha Plus vient nous rappeler que tout cela avait pourtant très bien commencé. Je republie donc mon test de Atelier Ayesha en mettant en lumière quelques changements de cette édition + sur PSVita.
Comme toujours dans la série (enfin… plus pour longtemps), Atelier Ayesha est un JRPG limité dans le temps. Chaque jour doit être utilisé à bon escient pour remplir le plus d’objectifs possibles au cours des quelques années qui composent le jeu. Vous aurez très rapidement à vous rendre aux quatre coins de la carte pour faire avancer l’histoire principale, compléter des scénarios annexes, remplir des missions de chasse, livrer vos créations ou tout simplement aller chercher vos ingrédients, sans parler des mini-events qui se tiennent à intervalles réguliers. Vous devez donc en permanence faire le tri, définir des priorités et planifier vos actions dans le moyen/long terme pour rester dans le coup.
En parlant de l’histoire, j’avais eu relativement du mal à rentrer dedans. Ayesha recherche sa petite soeur disparue, comme Totori recherchait sa mère, mais c’est vraiment beaucoup moins poignant que dans ce dernier. Quelque part, la première moitié du jeu est un dans un compromis un peu tiède entre la profonde émotion de Totori et l’excentricité de Meruru. En fait, elle ne prend tout son sens qu’à la toute fin, avec l’arrivée de Keithgrif. A ce moment-là se développe une problématique sur le sens même de l’alchimie, sa légitimé, chose tout à fait passionnante et qui donne un gravité certaine au magnifique combat final. L’humour est toujours aussi présent et efficace : les characters events sont toujours un vrai bonheur et un grand moment d’humour japonais. Les personnages toujours hauts en couleurs en franchement craquants, Linca et Wilbell en tête. La bande-son d’une qualité stratosphérique à mon humble avis est la meilleure de la série, avec moult morceaux vraiment sublimes et pas moins d’une dizaine de thèmes de combat, chose rare dans un RPG.
En termes de gameplay, Atelier Ayesha dépoussière un peu la trilogie Arland en combat comme en alchimie. Le tour par tour, déjà de grande qualité par le passé, voit l’aspect tactique renforcé par la possibilité de se glisser derrière les ennemis pour s’assurer des coups critiques bien utiles. Le placement de vos personnages a également une incidence sur les enchaînements de skills à utiliser (par exemple, deux personnages ne peuvent se couvrir que s’ils sont proches). Bien sûr, il faudra comme toujours planifier minutieusement ses sorties et emporter dans votre panier suffisamment des grenades et d’objets de soin avant de se lancer à l’assaut des donjons, car comme d’habitude, vos adversaires ne feront pas de cadeau. Les combats révèlent une nouvelle fois un gameplay riche et profond, mixé entre la stratégie évoquée plus haut et le raffinage de votre équipement par l’alchimie : expérience et tactique seront inutiles si vous n’avez pas perfectionné vos armes/armures, créé des anabolisants et analysé les propriétés des accessoires & objets. Atelier Ayesha avait le défaut d’être un peu trop simple pour les habitués, surtout en fin de jeu : Atelier Ayesha Plus règle ça tout net avec trois niveaux de difficulté différents, dont un mode hard pour les vétérans d’Arland. On apprécie également la possibilité de choisir sa fin quand le jeu se termine : vous pouvez ainsi profiter de tous les endings que vous avez « flagués » en rechargeant votre partie, ce qui au fond, est normal. Cela réduit la replay value, mais il faut tout de même au moins 2 parties d’une cinquantaine d’heures de jeu pour tout avoir, d’où une durée de vie plus que conséquente.
L’alchimie a été considérablement simplifiée. D’abord, toutes les quantités ont été homogénéisées : 90% du temps, vous consommez 1 pour créer 3. Je dois avouer que j’aimais bien les usines à gaz des précédents volets dont les arbres de construction kafkaïens demandaient une méthodologie quasi-pathologique. De plus, les skills que vous associez à vos créations sont prédéfinis par objet alchimique. Je n’ai jamais pu sur toute ma partie attacher à mes créations les méga-skill contenu dans l’ingrédient déniché dans des lieux reculés au péril de ma vie. Disons que l’objet que vous vous apprêtez à concevoir est prévu pour recevoir HP+10%, STR+5, SPD+5 ou Stats+2, il aura au final un ou plusieurs de ces traits en fonction de la qualité obtenue. En tout état de cause, je n’ai jamais pu implémenter All Stats+5 même s’il était sur un ingrédient de base. Les puristes seront déçus, mais ce système à le mérite d’éviter les prises de tête et libère du temps de cerveau disponible pour la gestion de tout le reste.
Désormais, les objets sont cueillis, fabriqués et rangés par groupe de qualité, c.à.d que plusieurs objets de même nature et de même qualité = une case dans le panier. Ceci est un progrès majeur dans la cueillette car votre panier peut tenir beaucoup plus longtemps lors des longs voyages. A noter que vous ne choisissez plus les objets lors de la cueillette, mais vous avez désormais la possibilité d’optimiser votre temps en choisissant de vider partiellement un même point. Les autres personnages de l’équipe vous aident maintenant à maximiser votre récolte. Cette nouvelle interface est moins contraignante et rend plus efficace la gestion du temps et de l’inventaire. Encore une fois, on sent la volonté de rendre le déroulement du jeu plus fluide.
D’un point de vue technique, Atelier Ayesha sur PS3 faisait un grand pas en avant dans la modélisation/animation des personnages principaux, mais sans rien changer aux décors, qui restaient simplistes en impersonnels. Les combats étaient également rendus beaucoup plus spectaculaires que dans Arland avec tout un tas de techniques tape-à-l’oeil et divers effets spéciaux du meilleur goût. Atelier Ayesha Plus propose un rendu très proche (quoique moins léché, voir les screens ci-dessus qui viennent tous de cette version). Mais comme le référent à changé (nous sommes désormais sur console portable), on peut difficilement faire la fine bouche devant le travail effectué pour ce portage, d’autant que de nombreux costumes autrefois en DLC sont maintenant compris et viendront égayer votre aventure. Idem pour Odelia et Marion, personnages maintenant inclus de base dans le jeu et qui apportent plus de variété dans les combats.
Même s’il ne fera probablement pas oublier ses merveilleux prédécesseurs, Atelier Ayesha passionne toujours autant en plus d’innover intelligemment. En simplifiant l’alchimie et en rationalisant gestion de l’inventaire, il est également parfait pour se plonger dans la série, à l’inverse des ses aînés très compliqués.
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