J'ai joué régulièrement à Sim City 3000 pendant plus de 10 ans. Je suis systématiquement happé par tout ce qui a trait à la gestion et à la belle architecture. Ce nouveau Sim City était donc rapidement devenu un des jeux que j'attendais le plus. Aussi me suis-je jeté dans l'enfer des serveurs dès sa sortie.

Smart GlassBox

Maxis n'a pas fait les choses à moitié avec son nouveau moteur de jeu : c'est absolument magnifique! Les bâtiments sont variés, les effets météo sont saisissants et surtout le niveau de détail est hallucinant : on voit même les soudeurs sur les bâtiments en construction! Le tout dans une ambiance sonore très agréable fidèle à la série. L'aspect gestion est démultiplié sur trois niveaux de lectures.

La macro-gestion reste dans le veine de Sim City 3000, à savoir que vous avez à surveiller et optimiser les différents volets économiques et sociaux de votre ville. Vos habitants ont-ils suffisamment de travail? Vos commerces ont-ils suffisamment de clients? Vos habitants peuvent-ils se déplacer facilement? Sont-ils bien éduqués? La police fait-elle face au crime? La liste est longue et les heures passent toujours aussi vite devant la pile des dossiers municipaux. L'IA répond plutôt bien et on perçoit la plupart du temps immédiatement et clairement les conséquences de ses actions. On regrettera pourtant un conflit récurrent entre insuffisance des zones résidentielles (même avec les Ÿ de la map verte le jeu n'est pas content), chômage et consommation.

Ce Sim City introduit également la micro-gestion dans la mesure où chaque bâtiment public peut-être customisé avec de petits ajouts augmentant sont efficacité : le poste de police peut accueillir des voitures supplémentaires, la gare routière doit régulièrement recevoir davantage de hangars, l'université peut accueillir une école de science ou de commerce, etc. Ce système apporte de nombreux autres leviers par lesquels vous allez pouvoir parvenir à la prospérité, renforçant considérablement votre cahier des charges et donc l'immersion dans votre rôle de décideur.

Mais Maxis ne s'arrête pas là et vous propose différentes spécialisations pour personnaliser votre ville. Jeu d'argent, électronique de pointe, tourisme, pétrole, etc. Des possibilités toujours plus nombreuses qui rallongent encore la durée de vie du titre, d'autant plus que vous n'êtes pas limités à une spécialisation par ville : vous pouvez parfaitement placer un entrepôt de commerce au pied de la Tour de Tokyo, tout en extrayant de pétrole non loin de là! Ces thématiques ne sont d'ailleurs pas gadget : l'entrepôt exporte, les derricks ravitaillent la centrale à pétrole, les monuments attirent les touristes... soit une batterie supplémentaire de paramètres de gestion. Si vous excellez dans l'une ou l'autre, vous aurez alors le privilège d'installer de prestigieux sièges sociaux venant récompenser vos talents de planificateur.

Nos régions ont du talent... ou pas

 Le 4e effet kiss-cool, c'est que votre gestion à un impact sur les autres joueurs de Sim City. Les parties sont organisées en régions. Chaque région possède de 4 à 16 villes qui communiquent entre elles en permanence. Vos marchandises viendront de chez le voisin si vous n'avez pas assez d'industrie, les étudiants des autres prendront le bus pour venir dans votre prestigieuse université, votre gare déversent des touristes d'autres villes chaque jour. Les indices économiques sont très précis et découpés de manière extrêmement minutieuse : il y a trois niveaux de richesse de la population, trois niveau de cherté des produits et trois niveaux de qualification des emplois. Si les postes de niveau moyen manquent chez vous, vos Sims feront automatiquement la navette ailleurs. Si vous produisez des biens chers, les riches de la régions viendront les acheter chez vous. Se positionner dans sa région est presque un jeu dans le jeu.

Au-delà de cet aspect compétitif, les joueurs d'une même région peuvent s'entraider en mobilisant des ambulances, des patrouilles de police, des camions-poubelles ou en vendant de l'électricité ou de l'eau. On atteint malheureusement ici les limites du système. Faut pas se le cacher, vous avez besoin de votre police et de vos ambulances pour vous, car votre ville n'en a jamais assez. Votre voisin n'a pas forcément toujours l'œil sur son niveau de production d'électricité, et sans le vouloir, il peut vous couper brutalement. Pour jouer à plusieurs, il est donc préférable de se connaître au préalable.

Au chapitre des regrets, ajoutons que les laderboards et le marché mondial sont encore aux abonnés absents. Un mot rapide sur le problème du always online : hormis la soirée de lancement, chez moi le jeu fonctionne parfaitement.

Le blues de maire d'arrondissement

Mais voilà, Sim City présente un défaut rédhibitoire : les villes sont trop petites! Dans Sim City 3000, j'avais l'habitude de faire des villes avec l'échelle minimum donc sur le principe ça me pose pas de problème. Mais là, ça ne va pas et j'explique pourquoi.

Déjà, une ville de Sim City (2013) est genre le quart de la petite de ville de Sim City 3000. Ma 2e ville, j'ai fait toute la superficie en... 3 heures (en faisant un plan au préalable). Cela pose un gros problème : à un moment, vous n'avez plus de place pour augmenter le nombre de vos contribuables et donc vos revenus en impôts. Et dans la mesure où vous devez constamment investir pour améliorer le bien-être de vos administrés, votre développement est stoppé net! Et si comme dans ma première ville, vous construisez en bord de mer, vous êtes coincés très très vite. L'autre vice caché réside dans le fait que l'amélioration des bâtiments nécessitent beaucoup de place autour, et vous devrez raser le voisinage si vous n'avez pas prévu assez de place. L'université développée à 100% demande une superficie conséquente, genre 6 immeubles de haute densité! Il faut donc réaliser de nombreuses villes pour épuiser le jeu : on aurait bien aimé une grande et belle métropole avec tout dedans, ce n'est pas possible et c'est terriblement dommage!

Au final, Sim City est un jeu si riche et complexe qu'il en paraît infini sur le papier. Mais en pratique, il s'avère assez limité et les gestionnaires ambitieux pourraient bien voir leurs rêves de grandeur s'effondrer.

Comme d'hab, test imagé sur mon blog avec de zolies photos de ma ville :)