From Software s'est fait une réputation sur la génération de consoles précédentes avec sa série des Souls. Exigeante et ardue, elle a su satisfaire les joueurs qui aiment les challenges et qui ne les prennent pas pour des demeurés du pad. En attendant un hypothétique Dark Souls 3, la PS4 accueille Bloodborne qui conserve beaucoup de similitudes avec ses aînés mais apporte des nouveautés pour justifier un changement de licence.
Piqûre de rappel:
Yharnam est une ville en proie à une malédiction. Une épidémie contamine toute la cité et sa population se transforme en d'horribles créatures assoiffées de sang. Les derniers habitants sains d'esprit (ou pas) n'ont guère de choix que de se réfugier chez eux durant la nuit. Seuls les chasseurs bravent ce danger pour mettre un terme à ce fléau. On incarne l'un d'entre eux que l'on aura personnalisé au préalable via des options assez complètes. Après une petite transfusion sanguine et des hallucinations flippantes, le joueur se réveillera dans la clinique de la ville (sans armes sinon ça serait pas marrant) prêt à commencer l'aventure.
J'en dévoilerai pas d'avantage sur l'histoire. Les habitués des dernières productions de From Software apprécieront la narration du scénario ultra distillée par bribes d'informations via des messages et/ou PNJ. Les rares cinématiques ne sont là que pour présenter un nouveau Boss. En terme général le jeu est avare en explication ce qui pourra dérouter encore une fois les néophytes. Bien évidemment les quêtes annexes ou les différentes fins grâce aux New Game+ permettent de rallonger le plaisir mais il faut avouer que ça manque un peu d'épaisseur à l'ensemble et que les personnages rencontrés ne sont pas nombreux et moins charismatiques que dans les Souls.
Sang fioriture.
Le gameplay est toujours un sujet délicat pour expliquer un «Souls-like». D'une part parce que l'expérience du titre repose essentiellement dessus, et qu'ensuite il est d'une grande richesse. En étant réducteur, Bloodborne pourrait se décrire comme étant un Souls qui miserait son expérience sur l'attaque et l'esquive, ce qui lui donne par moment des faux air de beat'em all. Le bouclier ayant été remplacé par une arme à feu aux dégâts limités, le joueur n'a d'autre choix que d'aller au contact en prenant des risques. Pour cela il y a deux moyens: esquiver sans cesse et enchaîner avec des attaques au corps à corps ou utiliser son pistolet pendant l'attaque d'un ennemi pour le contre attaquer immédiatement et lui faire un maximum de dégâts. Risqué mais efficace, elle est l'équivalent de la parade contre-attaque des Souls. Une fois maîtrisée, cette technique deviendra cruciale. Autre élément de gameplay à savoir gérer c'est la barre de vie. Cette dernière ne se videra plus instantanément à chaque coup reçu, le joueur aura toujours la possibilité de récupérer la perte subit en attaquant immédiatement la cible. Cela rend les combats stratégiques entre choisir de prendre une Fiole de Sang qui redonne de la vie ou contre-attaquer.
Malgré toutes ces nouveautés, Bloodborne n'en reste pas moins répétitif par rapport aux Souls. Fini les magies et autres miracles, ainsi que les armes qui sont peu nombreuses pour varier les plaisirs. Les améliorer ne proposeront pas beaucoup de variantes, même si elles possèdent toutes une double fonction en appuyant sur la touche L1. Par exemple une hache se transformera en hallebarde ou un marteau cachera une rapière dans son manche. Parmi les différentes classes à choisir pour son personnage en début d'aventure, seul les statistiques de base sont différentes (au nombre de seulement six: PV, Endurance, Force, Compétence, Teinte Sanglante et Ésotérisme) à tel point que tous les chasseurs se ressembleront après quelques heures de jeu. Pareil en ce qui concerne les tenues. Personnellement j'ai gardé mon arme de base et une des premières tenues du jeu pendant tout mon premier run.
On reste en terrain connu avec le système de progression. A chaque ennemi tué on obtient des Échos de Sang qui servent de monnaie d'échange dans le jeu. Avec cela il est possible d'acheter de nouveaux équipements ou d'améliorer ses compétences. Lorsque l'on meurt, il suffira de retrouver sa marque de sang à l'endroit où l'on aura trépassé ou tuer la créature responsable pour récupérer ses Échos, sinon ça sera perdu pour toujours à la prochaine mort. Les Runes ont remplacé les Anneaux. Ces dernières donnent des pouvoirs spécifiques comme par exemple être plus résistant au poison ou récupérer plus d'objets sur les cadavres. Afin de monter plus rapidement en niveau ou de varier les plaisirs, il y a toujours le mode online calqué sur les précédents épisodes. Que ce soit en coop jusqu'à cinq joueurs ou en PvP (cette fois beaucoup moins frustrant en l'absence de magie), il est toujours aussi agréable de parcourir l'aventure avec un compagnon de route. Pour cela il faudra posséder deux cloches distinctes. La Cloche d'Appel qui permet de demander à un ou plusieurs joueurs de venir en aide moyennant un Point de Lucidité et le Petit Carillon pour venir offrir ses services. Pour ceux qui en voudront toujours plus il existe le Donjon Calices qui comme son nom l'indique est un générateur de donjons aléatoires déblocables via des Calices à récupérer. Sympathique mais pas indispensable.
Bilan sanguin:
Avec le passage sur une console beaucoup plus puissante, on aurait pu s'attendre à une réalisation qui décolle la rétine et bien ça sera pour la prochaine fois. Sans être atroce les graphismes sont parfois proches du moche la faute à des textures plus que douteuses et de l'aliasing omniprésent. Heureusement que la direction artistique est toujours aussi sublime avec des ambiances gothiques dans les décors. On pourra reprocher des Boss moins charismatiques que dans un Dark Souls 2 ou des décors manquant de variétés ou d'inspiration une fois sorti de la cité de Yharnam. Par contre niveau sonore il y a pas de débat: c'est parfait! L'ambiance malsaine voire oppressante est admirablement bien retranscrite par des bruitages mixés avec soin. Les musiques durant les combats des Boss sont sublimes et le jeu est en VF intégrale ce qui fait plaisir.
Techniquement les problèmes de caméra ainsi que le verrouillage automatique des cibles plus que douteux pourront en frustrer certains et ce n'est pas les temps de chargement horriblement longs, les bugs de collisions ainsi que de gros ralentissements lorsque l'écran est saturé d'animations en tout genre qui calmeront les plus impatients. Malgré toutes ces tares, on prend beaucoup de plaisir durant la trentaine d'heures de jeu pour connaître le fin mot de l'histoire, et on y replonge avec délectation lors d'un New Game+ car comme le dit l'adage: c'est à ce moment là que la véritable aventure peut commencer.
Les PLUS:
- Bande son.
- Direction artistique.
- Level Design.
- Online efficace
- Gameplay plus offensif...
Les MOINS:
- … mais manquant de profondeur.
- Beaucoup de soucis technique.
- Pas très beau.
Sans être la tuerie absolue, Bloodborne n'en reste pas moins un bon jeu. Beaucoup plus accessible que ses grands frères de la série des Souls, il sera parfait pour initier les néophytes voulant s'essayer au genre. Les fans de la première heure pourront reprocher un manque de variétés, de profondeur et de possibilités. Cela n'en reste pas moins un bon jeu en espérant une suite qui corrigera tous ces défauts techniques pour faire honneur à la PS4.