Pour son premier jeu sur les consoles de nouvelles générations, Bioware a choisi de délaisser momentanément sa série culte Mass Effect pour essayer de ressusciter son autre saga Dragon Age. Après un deuxième épisode plus que douteux, le studio d'Electronic Arts a-t-il réussi à insuffler un nouveau départ à sa franchise en remplaçant le chiffre «3» par «Inquisition» ou est-ce tout simplement un moyen de cacher tout lien de parenté avec Dragon Age 2? C'est sous un oeil inquisiteur que nous allons voir ça ensemble.
Avec un dragon au cul aux Templiers bagages.
Afin de mettre un terme au conflit sanglant entre les Mages apostats et les Templiers rebelles dans le royaume de Thédas, la Divine Justinia V organise un conclave pour réunir les deux factions ennemis afin d'essayer de ramener la paix. Malheureusement une énorme explosion détruisit le temple où était organisé les pourparlers et une brèche dans le ciel apparu, déversant des démons de l'Immatériel dans tout Thédas. Un seul membre survit à la déflagration avec le pouvoir de refermer les brèches. C'est lui ou elle que le joueur incarnera durant toute l'aventure. Vu l'anarchie religieux qui y règne, l'Inquisition est instauré. Ça sera au joueur de recruter différents compagnons pour agrandir les rangs de l'Inquisition et de parcourir le monde à la recherche du responsable et si possible arranger les choses.
Malgré un scénario riche qui tient en haleine ainsi que des personnages charismatiques, on ne peut pas s’empêcher de voir le syndrome Mass Effect 2. Parcourir le monde, recruter des compagnons et arranger les choses. Mais contrairement au Commandant Sherpard, dans Dragon Age Inquisition le joueur n'incarne pas un héros de guerre reconnu de tous mais une personne qui devra faire ses preuves et se faire respecter; c'est d'autant plus vrai selon la race que l'on a choisi ou sa spécificité. La personnalisation de son avatar est plutôt assez poussé, hormis pour les chevelures sans faire de mauvais jeux de mots. Après avoir choisi son sexe, sa race (humain, elfe, nain ou qunari) ainsi que sa catégorie (voleur, guerrier ou mage); tout un tas d'options pour sculpter le visage de son héros/héroïne seront disponibles jusqu'à proposer deux doubleurs différents par genre. En général une voix claire et une autre plus grave.
Diabloment tactique.
Le gameplay de Dragon Age Inquisition est assez complet et complexe et se divise en plusieurs points: l'exploration, les combats et les phases de dialogues. Pour ces derniers ça va être rapide puisqu'il s'agit d'exactement du même système que dans la saga Mass Effect. Il y a toujours plusieurs choix possibles qui auront des incidences sur le moyen terme (nouvelles quêtes annexes débloquées) et long terme (pour la trame principale).
Le monde de Thédas est divisé en deux grandes régions que sont Orlaïs et Ferelden. Dans ces régions il y a des vastes zones à explorer en passant via la carte d'état major ou par le menu des quêtes. De là il sera possible d'envoyer un émissaire pour espionner une zone afin de débloquer différents objets, gagner de l'argent ou de déverrouiller de nouvelles zones cette fois-ci à explorer avec trois de ses compagnons, compagnons que l'on peut recruter durant les quêtes. Ces zones sont très vastes et regorgent de missions principales et secondaires à accomplir. Chacun sont presque des minis open-world. Fouiller la moindre parcelle de terrain permettra au joueur de récolter également des herbes pour préparer des potions, de récupérer différents minerais et de chasser des animaux qu'ils soient inoffensifs ou pas afin de pouvoir forger de nouvelles armes, fabriquer des armures et autres améliorations. D'ailleurs il existe un vrai écosystème dans le jeu qui peut être utile lors des combats. A titre d'exemple il vaut mieux éviter de croiser un ours ou une meute de loups, mais si ces derniers se mettent à attaquer un groupe de barbares à votre place, ou tout du moins les blesser gravement, cela facilitera bien la tâche pour les achever ensuite.
Au premier abord on pourrait comparer le système de combat de ce Dragon Age à celui d'un hack'n'slash classique, à ceci près que Bioware à insuffler à son jeu une dimension tactique. En appuyant sur le pavé tactile de la manette, l'action se mettra en pause, et il sera possible de donner des ordres à nos alliés d'attaquer tel ou tel ennemi avec tel ou tel capacité selon les immunités ou les points faibles des assaillants (ex: résistant contre le poison ou craint le feu). Bien sur il est possible de foncer dans le tas, en incarnant nos compagnons en les alternant par une simple pression de la touche haut, sans utiliser le système de combat tactique. Mais Dragon Age Inquisition est si difficile passé le stade du niveau normal qu'au delà de ce choix de difficulté il sera impossible de gagner des combats sans ce système. Surtout que l'IA alliée n'est pas des plus futée même si il est possible de la «programmer» de façon basique un peu à la manière des Gambits dans Final Fantasy XII. A chaque victoire remportée, on gagne de l'XP pour pouvoir améliorer son personnage selon quatre critères de combats spécifiques à sa race. Par exemple le mage pourra se spécialiser dans les magies de soin, de foudre, de glace ou de feu. Pour cela il faudra passer par un inventaire loin d'être ergonomique. Les menus et sous menus s’utilisent avec les touches de la croix directionnelle et du stick indépendamment qu'il faut mettre du temps à s'y faire. Pourquoi ne pas avoir utilisé le pavé tactile qui se serait révélé bien plus pratique?
S'armer de patience.
Avec un scénario riche et truffé de dialogues, il fallait que la VF soit impeccable et c'est le cas, même si certain doubleurs font... doublons. La musique de grande qualité façon «Le Seigneur des Anneaux» laisse place pendant les phases d'explorations au «silence» de la nature, troublé par des animaux gambadant ça et là, des oiseaux s'envolant à votre passage ou plus inquiétant parfois lorsque l'on entend les pas sourds d'un prédateur que l'on aurait pas encore vu. La spatialisation du son est impeccable même si l'on peut constater un mixage un peu faible même avec les options sonores à fond. Pensez à augmenter le volume de votre ampli.
Graphiquement, Dragon Age Inquisition n'éblouira pas la rétine sans pour autant être moche. Le jeu de Bioware propose de vastes zones aux environnements variés (neige, désert de sable, forêt luxuriantes etc..) mais souvent assez vides manquant de villages digne de ce nom. Les décors traversés manquent de «personnalités». Les personnages sont charismatiques dans l'ensemble mais leurs modélisations sont à peine plus fines que dans le dernier Mass Effect. En revanche là où Inquisition fait next-gen c'est dans la profondeur de champs, son aliasing et clipping peu présent pour un monde avec de vastes étendues ouverts et ses effets de lumières maîtrisés. On déplore cependant quelques bugs inhérent au genre mais rien de catastrophique et le frame-rate reste stable dans la majorité du temps.
Pour ceux qui voulaient passer tout l'hiver au chaud devant sa console, avec Dragon Age Inquisition vous allez être servis. Il faudra pas loin d'une centaine d'heures de jeu pour finir l'aventure en mode normal, quêtes annexes comprises. Surtout qu'il est toujours bon de refaire l'aventure avec un personnage différent afin d'avoir un autre regard sur le jeu et même de jouer des quêtes inédites selon nos choix. Je ne vais pas m'étaler sur le mode multijoueur en ligne qui est à peu de chose près ce que Bioware proposait avec Mass Effect 3, c'est à dire de la coop à quatre joueurs à trucider du démons. Sympathique mais vite lassant.
Les plus:
- Un scénario riche et des dialogues de qualités.
- La bande son dans son ensemble.
- Une durée de vie énorme.
- Un gameplay tactique mais...
Les moins:
- … qui peut s'avérer frustrant à cause de l'IA alliée.
- Des décors un peu vide.
- L'inventaire peu ergonomique.
- Quelques soucis techniques.
Dragon Age Inquisition redore le blason de la saga avec brio. Un épisode qui malgré des défauts évidents procurera du plaisir aux amateurs de hack'n'slash tactique pendant de longues, longues, longues heures de jeu!