Pour les quinze ans de la série Gran Turismo, la référence de la simulation automobile revient pour un sixième épisode sur Playstation 3. Après un GT5 trop ambitieux qui n'allait pas jusqu'au bout de ses promesses, Polyphony Digital a-t-il réussi à corriger sa trajectoire en proposant une expérience homogène, autant complète et avec ce qu'il faut de nouveautés pour justifier l'achat en caisse? Place au contrôle technique.

 

GT6 complet.

 

Après la magnifique scène d'introduction, toujours aussi classe dans la pure tradition Gran Turismo, le joueur (pilote) prendra place à bord d'une Clio RS, pour apprendre les rudiments comme accélérer, freiner, prendre la bonne trajectoire... Un passage obligatoire qui fera sûrement sourire les puristes comme n'importe quel joueur habitué aux jeux de course, comme une sorte d'apprentissage avant les fameux permis. D'ailleurs c'est la nouveauté de ce mode Carrière où les premières minutes sous forme de tutoriel sont dirigistes afin d'expliquer tous les modes de jeux et autres fonctionnalités disponibles. Même le premier achat de voiture sera imposé. A titre d'exemple il sera impossible de jouer en ligne avant d'obtenir le permis A. Rassurez-vous, passé les premières minutes de jeu linéaires, laissant les nouveaux venus dans l'univers de Gran Turismo rentrer dans le bain en douceur, les choses sérieuses pourront réellement débuter dans une liberté totale. Un petit tour dans les options permettra aux puristes de choisir la configuration de leurs volants ou de leurs touches sur la Dualshock 3. L'interface est scindée en plusieurs colonnes. Dans la première se trouve le profil du pilote. On peut y voir son garage, ses vidéos ou photos ainsi que toutes les statistiques sur la progression dans le jeu. Ensuite la partie en ligne se décompose en deux catégories: Le Online et Les Événements Saisonniers qui comme dans GT5, sont des défis hebdomadaires organisés par Polyphony Digital. Si vous avez besoin de crédits c'est ici qu'il faudra passer du temps. Ensuite il y a le mode Arcade qui permet de jouer à Gran Turismo 6 sans se prendre la tête en choisissant son mode de jeu (Course Simple, Chrono ou Drift), son circuit et sa voiture. C'est également ici qu'il sera possible de jouer à deux en écran splitté.

Viens enfin le gros du jeu, c'est à dire le mode Carrière, se devisant en six catégories de Novice à Super à la difficulté croissante. En plus des traditionnelles courses à effectuer selon divers critères requis, des mini-jeux pourront être débloqués permettant de varier les plaisirs comme effectuer le plus de kilomètres avec un litre d'essence ou renverser un certain nombre de plots dans un laps de temps limité. Chaque victoire rapporte bien sur de l'argent mais aussi des étoiles. Il y a trois étoiles à gagner par podium. Avec l'argent il sera possible d'acheter de l'équipement, des voitures ou de les améliorer. Les étoiles servent à débloquer ces fameux mini-jeux ainsi que des permis qui permettront une fois obtenues de passer à la catégorie supérieure. Un mode Carrière bien plus passionnant et surtout plus variée que celui de GT5! Dans la rubrique Voiture on retrouve le concessionnaire avec son impressionnante collection de marque automobile. A savoir que les voitures d'occasion ont disparu, toutes sont disponibles en concession, hormis bien sur celles déblocables dans le mode Carrière. C'est ici qu'on retrouve le Vision GT. Une concession un peu particulière où les plus grandes marques de l'industrie automobile ont conçu des prototypes spécialement pour Gran Turismo 6. Elles seront dévoilées et achetables au fur et à mesure que les constructeurs décideront de montrer leurs Concept Cars dans la réalité. Il y a aussi un mode Voitures Recommandées pour ceux qui galèrent à trouver celle qui leurs correspondent dans une épreuve particulière du mode Carrière.

Ensuite il y a la section Préparation et Entretien. C'est ici que les mécanos en herbes iront acheter différentes pièces détachables ou des combinaisons de pilotes (certaines sont authentiques), bichonner leurs modèles en changeant les jantes, la couleur de la carrosserie, en lavant la poussière ou faire la vidange etc. Pas trop de nouveautés de ce cotés là, mais encore une fois les menus sont beaucoup plus clairs et intuitifs. A savoir qu'il est maintenant possible d'enregistrer trois types de réglages pour sa voiture. Utile pour les pilotes qui désirent rouler sur différentes surfaces sans changer constamment ses configurations. Les Événements Spéciaux sont de retours et se scindent en deux catégories: Le Goodwood Festival of Speed qui permet de concourir avec une voiture de légende prédéfinie sur la colline de Goodwood et l'Exploration Lunaire donnant l'occasion aux joueurs de revivre la mission Apollo 15 à bord d'une jeep lunaire. Ceci n'est pas une blague! Pour finir il y a le mode Photo identique à GT5 et toujours aussi complet.

 

La physique ça compte.

 

La conduite de Gran Turismo 5 faisant aujourd'hui encore référence, que propose de plus ce sixième épisode pour se démarquer? Une physique remaniée. Et ça passe par les suspensions. Fini les voitures collées sur l'asphalte. Maintenant on ressentira le moindre freinage mettre tout le poids du véhicule à l'avant et c'est pareil lors des accélérations ou lors des courbes se négociant à grande vitesse. Il est beaucoup plus facile de mettre son bolide en travers rendant les courses beaucoup plus fun et riches en sensations. Idéal pour le mode Drift. Ça paraît anodin mais l'expérience au volant (ou à la manette) change du tout au tout. Pour le reste on se retrouve en terrain connu, avec une sensation de vitesse qui s'est légèrement accrue, surtout dans les magnifiques vue cockpit. Dompter son bolide pour gagner de précieux centièmes de secondes est toujours un régal sur Gran Turismo, et le dernier bébé du studio de Kazunori Yamauchi le prouve une fois de plus!

Pour ce qui est de la conduite c'est un quasi sans faute, mais qu'en est-il des courses et de ces batailles sur la piste? Ça reste timide. L'IA des concurrents garde souvent une trajectoire prédéfinie et montre peu d'agressivité. Enfin du moins pour les premières épreuves du mode Carrière. A partir de la catégorie International B, les adversaires commencent à se servir de l'aspiration, tentent des dépassements et font des manœuvres d'évitement. Pour participer à des courses endiablées, il reste le jeu en ligne. Soit on cherche un salon disponible parmi différents critères de sélection, soit on en créait un. Pour cela rien de plus simple. On retrouve les mêmes fonctionnalités que dans le précédent volet avec quelques petites nouveautés comme les qualifications, le tout très facile d'accès. Tout est paramétrable: Nombre de participant, partie privée ou public, les arrêts au stand etc. Tout comme les circuits avec le nombre de tour, les conditions climatiques, cycle jour/nuit où les minutes sont paramétrables ainsi que l'heure de départ de la course et les véhicules autorisées selon une pléiade de critères allant des Points de Performance, du poids, du nombre de chevaux, des dégâts mécaniques, de la marque etc. Le Online jusqu'à 16 joueurs est d'une grande qualité qu'il prolongera l'expérience Gran Turismo durant des mois encore après avoir retourner dans tous les sens le mode Carrière.

 

Une belle carrosserie.

 

Après le fond vient la forme. Les 1200 modèles de véhicules parmi les plus grandes marques sont modélisés avec soin. Parfois il est à se demander si le jeu tourne pas déjà sur Next Gen! La vue cockpit est toujours aussi magnifique en plus d'être parfaitement jouable. La gestion des dégâts est très minimaliste cependant. La voiture a plus tendance à se salir ou à être rayée que de perdre un pare choc lors d'une collision. Au compteur on retrouve tous les tracés de GT5 (DLC compris) plus le retour d'un ancien (Apricot Hill) et des nouveaux circuits prestigieux comme celui de Silverstone ou Bathurst par exemple pour un total de 39 sans compter leurs variantes. La majorité des circuits possèdent les cycles jour/nuit et les conditions climatiques en temps réel. En plus d'un aspect esthétique certain, ça peut complètement changer la physionomie d'une course. Une averse qui commence et c'est la stratégie des choix de pneus qui est remis en cause. Et puis du brouillard sur Spa ou courir de nuit sur Willow Spring sans le marquage au sol est un exercice très périlleux!

Niveau sonore c'est moins l'émerveillement. On se retrouve devant les mêmes défauts que sur les précédents Gran Turismo. Le son des voitures est plutôt bon dans l'ensemble, mais les crissements de pneus trop exagérés ainsi que les bruitages en mousse lors des collisions gâchent ce joli tableau. Néanmoins une mise à jour devrait arranger un peu tout ça. Les musiques ne sont pas à la hauteurs des premiers GT mais ont le mérite d'être un peu plus éclectiques que dans le cinquième épisode. De toute façon il est toujours possible de mettre ses propres musiques du XMB et là tout le monde sera satisfait. Pour finir sur un aspect un peu plus technique, le jeu est d'une fluidité exemplaire, le tearing a quasiment disparu, aucun aliasing à détecter et les temps de chargement sont satisfaisants dans l'ensemble. Il faut savoir que Gran Turismo 6 s'installe sur le disque dur au fur et à mesure de la progression dans le jeu. Un peu comme sur PS4... des faux airs de Next Gen en somme.

 

Les plus:

 

- Modélisation des véhicules.

- La nouvelle physique des suspensions.

- Toujours aussi pointu niveau conduite.

- Le cycle jour/nuit.

- Un contenu énorme.

- Le online complet.

 

Les moins:

 

- Certains bruitages.

- Une IA manquant de nervosité.

- Décors inégaux par moment.

- Absence de réels dégâts.

 

Après un cinquième épisode qui a accouché dans la douleur, Gran Turismo 6 prouve que la licence est bel et bien la reine incontestée de la simulation automobile sur consoles. La plupart des défauts ont été corrigés rendant l'expérience de conduite encore plus pointu qu'auparavant tout en restant fun. Gageons que pour le passage à la Playstation 4, Polyphony Digital proposera une expérience de course tout aussi séduisante que son pilotage. En attendant il y a de quoi s'occuper cet hiver.