Ultime épisode d'une trilogie contestée, Lightning Returns se doit de marquer le coup en plus de simplement gommer les défauts des deux précédents jeux. Ce troisième épisode fait effectivement un virage à 180°, sans toutefois éviter quelques dérapages.

Le système de progression est aussi unique qu'impitoyable : la fin du monde arrive dans 6 jours, et il faut que Lightning sauve le plus possible d'âmes avant l'apocalypse pour les accompagner dans le monde nouvellement recréé. Oui, j'ai bien dit 6, et pas 13. En effet, vous êtes jetés dans le jeu avec seulement 6 jours devant vous. En fonction du nombre de quêtes (principales ou secondaires) que vous effectuez, un jour supplémentaire se rajoutera (ou pas) au jour en cours..

Le système est très déconcertant au début, car on veut naturellement avoir des résultats tout de suite, ce qui n'est pas possible car les objectifs principaux se complètent sur le long terme (comptez au minimum 1,5 à 2 jours dans le jeu pour une quête principale). Avec Lightning Returns, on sort totalement du schéma niveau 1 → boss 1 → niveau 2 etc. Les trains vous amènent où vous voulez, et ce dès la première seconde de jeu. Vous pouvez commencer la quête principale de Luxerio de 22h à minuit, vous atteler à celle de Yanusaan pendant le reste de la nuit, puis reprendre celle de Luxerio le lendemain matin tout en complétant des quêtes annexes sur le chemin, ou alors carrément commencer à explorer les Dead Dunes ou le Wilderness. Vous êtes totalement libres, voire quasiment livrés à vous-mêmes.

Les quêtes demandent énormément de recherche, on est peu ou pas guidé. LR va donc à contre-courant que cette tendance qu'a le jeu vidéo moderne à vous mettre sur des rails. Et ça c'est EXCELLENT, car rien n'est plus satisfaisant pour le joueur que de valider une quête après maints efforts. Il demande également une organisation diabolique, car quasiment toutes les quêtes dépendent de l'heure qu'il est. Vous devez vous introduire dans un palais à partir de 18h, pourchasser Noel entre minuit et 6h, arriver à la pharmacie d'ici à 17h, chercher des revenants en pleine nuit, etc. Le titre accueille donc un gros aspect gestion du temps comme on l'a dans un Atelier, sauf que dans c'est en temps réel : il faut réfléchir vite, très vite. Les mondes de LR sont aussi denses que grands : les villes sont bourrées de mystères et de petits secrets, les étendues sauvages donnent le vertige tellement elles sont immenses. Les quêtes sont extrêmement nombreuses et variées : si beaucoup demandent simplement de chasser tel ou tel monstre, vous aurez aussi des tâches plus exotiques telles que gagner une course à pied, vérifier des horloges, soigner un chocobo, trouver un pickpocket... Bref, le jeu dégage une impression de richesse que je n'avait pas connue depuis Xenoblade, tout en étant encore plus grisant.

Cette approche est tellement opposée à celle des deux précédents volets qu'elle peut surprendre, voire frustrer, car il faut souvent tâtonner, apprendre de ses échecs, recharger sa sauvegarde... mais elle est d'autant plus gratifiante sur le long terme.

D'un point de vue technique, quatre ans après FFXIII, la claque n'est plus là. Cependant, si les textures ne sont pas toujours terribles et l'aliasing omniprésent, loin s'en faut, le niveau de détail s'avère au final complètement satisfaisant. Le design général est fascinant et achève d'en mettre plein la vue avec son architecture délurée, l'atmosphère pesante des nuits, la magie des forêts et l'activité débordante des villes. Comme toujours dans la série, les personnages sont impeccablement modélisés, même les secondaires. Le revers de la médaille de tout ça, c'est que le jeu en vient à ramer plus que de raison quand l'écran est un peu chargé. L'OST est satisfaisante (quoiqu'un peu en retrait par rapport à FFXIII-2), les morceaux sont bien choisis et l'ambiance sonore est excellente.

De manière assez surprenante, le système de combat est différent de celui de la démo que j'avais essayée à la Japan Expo. Il n'y a plus de «Choc», celui-ci est remplacé par un «KO» qui neutralise l'ennemi pendant quelques instants. Pour le déclencher, comme dans FFXIII ou FFXIII-2, il faut souvent spammer des magies, mais il y a d'autres moyens. En gardant ou en contre-attaquant au moment opportun, on peut infliger un KO. Au joueur d'observer le comportement de chaque ennemi pour discerner les ouvertures. Le problème, c'est qu'un ennemi en état de KO ne reçoit pas forcément plus de dégâts, ce qui rend certains combats franchement pénibles. Cela d'autant plus de la jauge ATB est archi-lente, tellement que se retrouve à ne pouvoir faire qu'une action après chaque switch quand le combat s'éternise. Mention spéciale à la garde qui consomme à donf' l'ATB, si bien que prendre un coup en fin de barre pète souvent à la gueule. Mais ça, c'est en temps normal : quand vous êtes affectés par l'altération slow, c'est carrément insupportable! En mode normal, chaque défaite vous coûte une précieuse heure (il n'y a pas de game over), ce qui est très déplaisant dans la mesure où des ennemis trop puissants peuvent popper soudainement et vous OHKO.

Surtout que les affrontements sont tout sauf simples : les HP des Lightning ne se régénèrent plus après chaque affrontement et les possibilités de soin sont limitées. Vous ne pouvez posséder que 6 objets de soin! Sinon, il faut se reposer des les hôtels/restaurants ou utiliser vos précieux GP. Or ceux-ci permettent également entre autres d'arrêter le temps sur la carte ou en combat, vous n'aurez donc pas envie de vous en servir pour de simples soins. Les boss des quêtes principales donnent donc lieu à des combats très intenses, voire éprouvants, mais proportionnellement jouissifs. Les combats aléatoires sont féroces aussi, car les monstres ont souvent un nombre de HP abusé.

Chose très curieuse, les combats ne donnent plus d'expérience! Les stats de Lightning progressent essentiellement à l'issue de quêtes : HP/Force/Magie augmentent dès que validez l'une d'entre elles. Il est également possible de se renforcer en achetant de nouvelles tenues, en s'équipant d'accessoires ou en fusionnant des magies. Mais les vêtements puissants sont chers et bien cachés (vendues par des marchands itinérants qui n'apparaissent qu'à une certain endroit à une certaine heure). C'est là qu'on arrive au gros problème de ce jeu. Je ne peux pas battre le boss de fin, et je rame comme un galérien sur les 4 «épreuves» censés augmenter mes stats de façon considérable de manière à avoir une chance contre le boss de fin. Après avoir pris demi-douzaine de branlées et épuisé par le système de combat au bout du rouleau, j'ai décidé de jeter l'éponge. Alors ok, je suis peut-être nul, mais dans n'importe quel autre RPG je serais tout simplement sorti faire de l'expérience dans l'avant dernier donjon. Là je suis bloqué dans la dernière salle à faire des combats brutaux qui ne rapportent pas d'expérience. Alors il y a bien un cristal qui renvoie vers un new game +, qui conserve les stats et donc permet très certainement de finir à l'aise sur une 2e partie. Mais personnellement, j'estime que je ne devrais pas avoir à recommencer un jeu pour le finir. Des JRPGs j'en ai une pile qui attendent.

Un petit mot sur l'histoire : la série XIII étant un vrai chantier à ce niveau, Lightning Returns a le mérite de faire un raccord convaincant avec le DLC Requiem de la Déesse. En dehors de cela, l'intrigue est très monotone et ne m'a guère passionné, alors que j'avais trouvé FFXIII-2 extrêmement rythmé et convaincant dans son intensité dramatique. Ironiquement, les mini-histoires contées par les quêtes annexes suscitent beaucoup plus d'émotion que le scénario principal. Au niveau gadget, vous avez la possibilité de poster des screens via twitter. Même si la résolution est naze, c'est toujours sympa.

Lightning Returns est à l'image de l'arc XIII : un bon JRPG dont les (grandes) qualités n'arrivent pas à faire oublier les (gros) défauts. Son système de progression accrocheur et son monde fascinant méritent vraiment le détour, malgré les combats bancals et l'histoire en retrait. Il aura décidément manqué quelque chose à Final Fantasy sur cette génération, espérons qu'elle retrouve un nouveau souffle sur la prochaine.