Editeur : THQ
Développeur : Iron Lore
Type : Hack'n'slash
Sortie : 2006
Sur PC, il y a un monstre nommé Diablo. Malgré les rides et les années, il est toujours pratiqué par des dizaines de milliers de personnes, on le trouve encore régulièrement sur les étals en re-réédition. Quelques aventuriers on essayé de venir lui faire de l'ombre dans le petit monde de l'A-RPG en vue typée isométrique, mais si bons qu'ils aient été, aucun n'a réussi à vraiment détrôner le maître. Et voici que sort Titan Quest.
Un système de classe par la combinaison de deux voies (Défense, Tonnerre, Guerre, Terre, Nature, ...), des tonnes de monstres à dérouiller joyeusement, une customisation de perso à l'avenant, une quantité d'objets au moins aussi ébouriffante que son illustre aînée pour plus de bonus synergiques entre les statistiques. Mais Titan Quest c'est aussi de jolis effets, un gros travail d'équilibrage de compétences entre les voies (choisir la défense n'est pas un plus mauvais choix que la guerre, tout dépend de votre façon de jouer). Tout ce pêle-mêle est là pour vous dire que ludiquement, le soft est très bon. Les développeurs ont peaufiné leur bébé pour qu'il soit à la fois complet et fun, et qu'il se démarque de son illustre aîné sans pour autant renier son ascendance. La progression est agréable, le loot satisfaisant, et le level design soigné. De ce point de vue-là, c'est du bon dérouillage.
Titan Quest se permet également d'avoir quelques conteurs dans les villes qui vous racontent des histoires de la mythologie dans laquelle vous évoluez (grecque, égyptienne, babylonienne et chinoise), si vous voulez faire votre culture en écoutant un acteur parler en anglais et en lisant la traduction dans une petite bulle de texte. Premier écueil, aucune voix française. A ce sujet d'ailleurs, l'intro de la version localisée ne comprend même pas de sous-titre. Idéal pour les gens fâchés avec la langue des Monty Python.
En fait, les seuls reproches qu'on peut faire au soft d'Iron Lore ne sont pas purement ludique, mais tirent dans l'ambiance, en particulier sur la légèreté avec laquelle le matériau mythologique est traité, et le côté biaisé des distances. Je sais bien que dans un RPG jap on traverse un continent à pied en quelques minutes, mais est-ce logique de pouvoir traverser l'Egypte du nord au sud en deux coups de cuiller à pot ou de faire la route de la soie en moins de deux heures, chrono en main ?
Ensuite, le grand méchant est une bestiole inventée pour l'occasion, sans aucune racine mythique, ce qui introduit un autre problème. Non seulement un outsider sème le chaos dans le monde, mais tout est subodoré à la mythologie grecque : après avoir traversé moults mondes mythologiques, tout se termine sur l'Olympe, où là bastos finale nous gratifie... d'un petit texte déroulant, toujours sans voix française.
D'ailleurs, à ce sujet, Titan Quest est très politiquement correct. Diablo est arrivé à une période assez gore et sombre du jeu vidéo, mais Titan Quest ne vous servira pas la moindre goutte de sang ni de corps déchiqueté, non non. Juste des corps inertes, en parfait état. Pas de cadavres cloués aux murs ou restes humains en guise de reliefs de repas. Très clean, pour ainsi dire. Même chose au niveau de l'ambiance générale.
Pour reprendre Diablo II (puisque les deux jeux se basent sur la traque d'entités maléfiques qui sèment la zizanie), on avait une ambiance beaucoup plus sombre (entre autres avec une nuit beaucoup plus convainquante), une musique beaucoup plus prenante (celle de Titan Quest est pour le moins anecdotique) et surtout, surtout, Marius. Diablo a frappé un grand coup qui nuit beaucoup à l'aura de ses successeurs, en mettant sa propre histoire en perspective via les récits d'un vieux fou dans un asile et a donné à Diablo II sa patte si particulière, en sus de ses qualités ludiques intrinsèques. Titan Quest n'a rien de tout ça. Il n'en reste pas moins un hack'n'slash de très bonne qualité.