De retour 3 mois après la version WiiU elle même arrivée 9 mois plus tard pour corriger la version PS3/360 de Ninja Gaiden 3, Ninja Gaiden 3 Razor's Edge revient corriger le fait que les joueurs PS3/360 ne pouvaient pas accéder la version corrective du jeu qu'ils possédaient, pour la bonne raison que celle-ci ne tournait pas sur leur console. Vous n'avez rien compris? Demandez à Nintendo.

Je précise tout de suite que je n'ai pas fait le Ninja Gaiden 3 original et qu'en conséquence je ferai les comparaisons avec Ninja Gaiden Σ2 (NGΣ2). Evoquons rapidement les questions graphiques pour dire que le jeu est toujours plus que correct, notamment dans la modélisation des personnages, extrêmement soignée. Au niveau des effets, Razor's Edge est nettement plus spectaculaire que son aîné en raison de la plus grande variété de ceux-ci, d'une fluidité à toute épreuve et surtout du retour des démembrements et des geysers de sang jouissifs qui défoulent un max après une journée éreintante. Visuellement, ce dernier opus impressionne vraiment, même si l'on peut regretter la pauvreté des décors et l'aliasing ici et là.

Côté gameplay, on retrouve l'excellent système de NGΣ2 fondé sur la parade/esquive/contre, des combos très variés, les projections, l'Ultimate Technique (charge surpuissante qui déclenche une série de coups dévastateurs) et l'Oblitération (le fait d'achever un ennemi démembré), mais agrémenté de nombreuses autres surprises comme le Falcon Dive, le Blood Rage (similaire à l'Ultimate Technique mais en plus rapide) et le Steel on Bone (à mi-chemin entre l'Oblitération et l'Ultimate Technique). Bref, difficile de s'ennuyer d'autant plus que la multiplicité des armes et la présence d'Ayane, Momiji et Kasumi apportent encore des styles de jeu différents. Mais quel que soit votre choix, les combats effrénés procurent des sensations grisantes comme peu de jeux du genre savent le faire (voir mes vidéos de gameplay sur le blog). Il y a peu redire sur le système en lui-même tant on enchaîne les skills sus-cités avec aise, mais on se plaindra encore et toujours de la caméra qui est parfois dans un angle tel qu'on perd de vue son perso dans la mélée.

C'est au niveau de la difficulté que ça coince. Je sais que c'était le but de rendre le jeu plus difficile, mais là, c'est franchement brutal pour celui qui n'est pas un as des jeux d'action (moi, en gros). Le mode Acolyte de NGΣ2, qui offrait aux néophytes un challenge à leur mesure et un plaisir de jeu intact, manque cruellement. A la place, la Team Ninja a préparé un mode Hero. Il ne s'agit pas d'un mode facile : c'est le mode normal (les deux sont d'ailleurs interchangeables à tout moment) avec un gameplay «assisté», c'est-à-dire que le jeu vous aide à parer et esquiver. Comme je suis faible et qu'accessoirement j'étais pressé de débloquer Kasumi, je décidai de mettre ma fierté de côté et de passer en mode Hero contre le T-Rex, qui m'a semblé insurmontable. En comptant le nombre «d'aides» dont j'ai bénéficié, il en ressort que je serais mort environ 37 fois au cours ce combat contre le dinosaure : autant dire que mes chances de passer ça en normal étaient de zéro. Signalons qu'après expérimentation, le mode Hero vous permet d'esquiver 99,99% des coups ennemis quand votre barre de vie est rouge... alors NON, remplacer le joueur par l'I.A. n'est pas une solution à un mauvais calibrage de la difficulté. Alors c'est vrai, j'ai plus tard réussi à battre le T-Rex avec Momiji, et j'ai apprécié le jeu me résiste. Surmonter la difficulté fait partie intégrante du plaisir que procure Razor's Edge et loin de moi l'idée de jeter le bébé avec l'eau du bain, mais certains boss restent franchement désespérants.

C'est d'autant plus dommage que l'histoire principale est plutôt soignée. Le scénario, sans être extraordinaire, prend des airs hollywoodiens et s'avère beaucoup plus prenant que NGΣ2. La mise en scène est particulièrement convaincante, les personnages intriguent, la variété et le dynamisme de l'action ne laissent aucun temps mort. Un mode histoire court (5-6 heures maximum), mais d'une intensité rare.

Mais le jeu ne s'arrête pas là et propose d'autres modes viennent prolonger le plaisir. Les Ninja Trials, similaires aux Tag Missions de NGΣ2, sont aussi assez relevés, mais plus abordables car vous faites équipe avec un partenaire en ligne. Et il y a de quoi faire : des dizaines de missions de difficulté cette fois progressive à faire avec les cinq personnages disponibles (en comptant le Ninja Inconnu entièrement personnalisable). Il est cependant dommage qu'on n'ait pas l'appui de l'I.A en solo, car beaucoup sont ingérables avec un seul personnage. Le mode Clan Battle, qui propose des matchs en ligne entre équipes de joueurs, ne m'a pas emballé mais il a le mérite d'exister, et trouvera sûrement ses adeptes. Razor's Edge introduit également un système de progression par lequel vos personnages apprennent des skills pour devenir de plus en plus efficace en combat. La marge de progression est réelle et on se prend volontiers à leveler pour relever les défis qui semblait impossibles jusqu'alors, notamment dans le cadre du mode Chapter Challenge qui vous permet de refaire les chapitres de l'histoire en incarnant nos sympathiques héroïnes.

Que dire sinon que Ninja Gaiden 3 Razor's Edge aurait été le BTA parfait si son mode normal avait été vraiment normal. Son gameplay de rêve est un plaisir sans fin, la richesse de son contenu est largement au-dessus de la moyenne, et sa classe visuelle ainsi le charme de ses héroïnes achèvent d'en faire l'un des meilleurs représentant du genre.