Prologue d'une demi heure, c'est un article Metal Gear Solid. Vous aurez 12% de celui-ci qui concernera le sujet et qu'on appelera « phase de gameplay », et 78% de hors-sujet qu'on appellera « Cinématique ». Il y a également quelques placements publicitaires, qu'on appellera « répliques de kaamelott »
Qui ne se souvient pas de sa première expérience avec un RPG ? On a tous des souvenirs enfouis, avouez-le. Pour certains il suffira d'évoquer la Shinra pour les faire trembler, pour d'autres il faudra remonter au Seiken Densetsu ou encore évoquer les terres d'Hyrule. Je n'oublie pas les nouveaux venus qui peuvent avoir commencer plus récemment, en essayant de chopper Miranda dans Mass Effect (je table sur un 90% d'entre nous) ou bien en s'émerveillant devant la beauté que dégage Muramasa - The Demon Blade. J'essaye de toucher votre fibre sensible, de faire parvenir en vous l'écho des murmures lointains de notre première expérience en tant que joueur de RPG. C'est raté ? J'étais certain que j'aurai du tenter le « GTA V et les RPG : même combat ! » en titre d'article, fichtre.
Revenons au sujet, que je n'ai toujours pas abordé, alors venons-y tout court. Pour faire rapide, cette idée saugrenue m'est apparue soudainement quand je me promenais tranquillement dans le monde de Ni No Kuni. Si, si, je vous assure, il est sorti en France le jeu, sous couvert d'anonymat et traduit qui plus est. De bien belle manière puisque la team de traducteurs s'est éclaté à mettre quelques références bien kitsch du style « la tribu de Xana » pour désigner un groupe de combattant. J'ai souri en voyant ça. Enfin ça dépend. Puis ils ont joué sur les mots de temps à autre, de manière enfantine mais ça colle bien dans l'ensemble. Bref. Après plusieurs heures de jeu, j'ai constaté que Ni No Kuni n'échappait pas à la règle typique des RPG, et plus précisément des J-RPG (à l'ancienne j'entends). Chose que j'ai vite remarqué après avoir sérieusement entamé la version iPhone de Chrono Trigger. Je ne vous parle pas d'un héros amnésique, ou de celui qui se réveille dans sa maison avec sa mère bienveillante qui siffle juste à côté. Encore moins du big boss qui vous rétame pas la mouille à la moitié de l'aventure quand il en a l'occasion et vous laisse vous équiper et évoluer un max pour finalement prendre cher à la fin. Non, rien de tout ces clichés que tout amateur connaît depuis longtemps. Je parle ici de l'envers du décor. De ce qui se passe réellement dans la tête des développeurs (Néo sort de ce corps). Et si les RPG était en fait une satyre de notre société de consommation ? Ou son apologie ? Ou même les deux ? ça aurait de la gueule.
Travaille, consomme, crève. Enfin, travaille, consomme, sauve le monde et après tu peux crever :
EMPLACEMENT PUBLICITAIRE Kaamelott : Le Roi Arthur et le Père Blaise, PEGI 18 (nous déclinons toutes responsabilités si vous laissez votre enfant lire la suite, achetez lui plutôt un exemplaire de GTA V)
" - De toute façon, je sais pas l'écrire en latin !
- De quoi, bite ?
- Bah non Fakir."
On touche au but, au graal du RPG, la base de la base de la base de la base de la base de la base (vous les avez tous lu?) du genre. C'est réducteur, mais dans un RPG, avant de suivre un(e) aventure/histoire/scénario/muchacho, qu'est-ce qu'on fait ? On fait du levelling (ou faire de l'expérience (ou pinage tout simplement) pour gagner des niveaux, je rends désormais cet article mainstream, alors je définis les termes pour les néophytes (ceux qui sont nouveaux et qui ne connaissent pas encore les règles ou le jargon (le langage lié à un domaine spécifique))), évidemment on doit également s'équiper d'armes/armures/objets/acessoires/magies/compétences, on loot un max de drop sur les monstres (Non mais je vais arrêter de parler comme ça, de un : c'est cliché, de deux : ça me va pas et de trois : c'est cliché) = on récupère des objets/armes/armures que laissent tomber nos ennemis (avec plus ou moins de succès. Pour ma part, je suis souvent orienté vers le "moins de succès", même pour des objets très fréquents). Là je sens que vous commencez à comprendre où je veux en venir, vous vous dîtes que je suis un génie et que finalement, je raconte pas que des bullshits (à ne pas confondre avec Bullet Time, je voudrai pas que Remedy me colle un procès pour usage abusif de l'une de leur features les plus impressionnantes de la ps2).
Qui dit faire de l'expérience dit partir au boulot, matin/midi/soir/nuit pour se faire un peu de maille et gagner en force/magie/défence/agilité/poil au nez. Les cycles jours/nuits passent sans qu'on se surprennent à entrevoir un seul bâillement de notre part, on se tue à la tâche avec plus ou moins de conviction, plus ou moins de volonté. Parfois on se farcit un ou deux donjons histoire de se remettre à niveau pour la nouvelle zone à explorer. Et c'est ça tout le long, on fait de l'exp pour avoir de l'argent, pour le dépenser dans des accessoires etc. plus puissants, pour pouvoir se fritter avec des ennemis plus balèzes pour gagner plus d'argent et acheter de meilleurs équipements... Enfin vous comprenez. En gros, ça ressemble beaucoup au schéma métro (ou voiture ou autre) boulot dodo de nos vies à tous, les désagréments en moins, mais les responsabilités en plus. PARCE QUE FAUT PAS OUBLIER QUE TU DOIS SAUVER LE MONDE AUSSI !
C'est là où le titre de mon article prend tout son sens. En vrai, on fait pareil : on va au boulot, on gagne de l'argent, on s'achète une télé/console/paquet de céréale/tablette pour pouvoir bosser mieux d'une part et s'éclater aussi (dans les RPG l'aspect divertissement est moins omniprésent, on est plus dans le « je taffe pour m'équiper mieux pour plus taffer »), du coup avec tout ça on augmente de level sans passer sous la table du patron, on est plus performant au boulot, on gagne une promotion donc on rachète une plus grande télé/une nouvelle console/un plus grand paquet de céréale/on fait un bébé/on achète une seconde tablette... Du coup, au lieu de vous farcir ces trois pauvres paragraphes vides de sens vous auriez du vous arrêter au titre qui résume parfaitement la situation : Travaille, consomme, crève (et sauve le monde j'ai dit).
Satyre ou apologie ? La frontière ambigüe du RPG dans toute sa splendeur
EMPLACEMENT PUBLICITAIRE Kaamelott : Arthur, Guenièvre et le maître d'arme, PEGI 18
"- Siiire, mon père est peut-être unijambiste, mais moi, ma femme a pas de moustache
- Quoi qu'est ce qu'il dit ?
- Rien, rien, c'est rien. On fait semblant, c'est pour nous stimuler un peu, ça nouuuus... Vous voyez ?
- Alors ça vient ? P'tit bite !"
La question se pose. Alors selon vous, Ni No Kuni (ou tout autre RPG) plaide-t-il en faveur de notre société de consommation ? Ou en fait-il la critique et propose-t-il une alternative ? Aaaaaaah difficile de vous répondre. C'est si subtil qu'on en vient presque à se demander si sous ses airs innocents il n'est pas là pour réconcilier tout le monde. Vas-y que je te mets un bout de capitalisme ici, vas-y que j'en mets un peu de communiste par là, on va tenter de l'écologie ici... On se retrouve avec les mêmes arguments de ceux qui défendent GTA V (faut que je fasse du clic alors je parle de GTA V, même si j'ai aimé le jeu ne vous inquiétez pas) : « Ouais mais non, tu sais, GTA V c'est pas seulement voler/tuer/torturer... c'est aussi et avant tout une critique de notre société actuelle. Ils montrent les limites du systèmes américain en affirmant que la vente d'arme légale entraîne tout ce qu'on peut voir dans le jeu par exemple. Puis tout le monde en prend pour son grade, ils sont intelligents dans leur démarche sans forcément dire que tout ça c'est mal parce que eux aussi en profitent en mettant leurs affiches de 35 mètres sur 40 sur les buildings... Et puis tu peux te promener, faire du quad, du vélo, du tennis, t'arrêter au feu rouge... » Ceci n'avait strictement rien à voir.
Dans les RPG, les bossS (avec un s parce qu'ils sont plusieurs) sont là pour te rappeler les difficiles épreuves de la vie et ce mode de surconsommation avec effets d'obsolescence programmée. Hop on bute le boss et on passe au prochain. En gros, on s'entraîne sur le samsung galaxy SIII pendant 2 ans, on prend du level et on passe à l'iPhone 5S, on jette sa psVITA dans la rue et on prend une 2DS (ah non, on me signale que là c'est une grossière erreur)... Mais à la fin qui reste-t-il ? Le héros, oui, et toute sa bande. Parfois non, certains meurent en route quand même. Ce signe de victoire fait parti des éléments qui vont dans le sens de l'apologie. Tout le long on critique, on montre les défauts, on voit que si t'as pas la dernière armure à la mode tu te fais chambrer par les ennemis de la nouvelle zone parce qu'ils sont plus forts que toi, on voit que le RPG use et s'amuse avec ça pour finalement nous dire quoi ? Qu'on en sort vainqueur. Quelle leçon !
EMPLACEMENT PUBLICITAIRE Kaamelott : Perceval et Arthur, PEGI 7
"- Les côtelettes c'est plus savoureux.
- Ouais c'est pas faux.
- Sans blague, vous savez pas ce que ça veut dire savoureux ?
- Bah évidemment que si !
- C'est côtelette que vous comprenez pas ?"
Vous devez certainement vous dire que cet article est tout simplement fumeux, et je vous rétorquerai que vous avez un peu raison. Ce sera tout pour aujourd'hui !
Les + :
Y'avait matière à débattre...
GTA V est cité au moins 3 fois dans l'article
Ni No Kuni, c'est bien d'en parler, parce qu'au final il est pas mauvais le bougre
Réussir à parler de la 2DS, un exploit
Les - :
... Mais cet article est quand même une grosse arnaque, non ?
Un level design un peu redondant
Une intro longue et pas de personnalisation de personnage
NOTE : Un chef d'oeuvre
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