The Getaway, c'est avant tout une grosse leçon de communication que s'est pris Sony en pleine face dès la sortie du soft de Team Soho, studio "so british" appartenant à l'éditeur. Vis à vis dans la Presse en tout cas. Car, sachez le, ce GTA-like aux accents londoniens s'est plutôt bien vendu et est rapidement passé en Platinum, ce qui prouve le million de ventes dépassé. Avec un budget faramineux de plus de 12 millions d'euros (80 millions de Francs  à l'époque), on s'attendait logiquement au "Best GTA-like Ever" promis par Sony. Erreur...


C'est d'ailleurs de là que vient le "problème Gateway", jugé très sévèrement par la presse de l'époque. En effet, avec une communication de masse, entamée plusieurs années avant la sortiie du jeu, Sony fait une grosse erreur en nous promettant monts et merveilles. Rien d'étonnant a ce que le jeu soit collégialement fusillé par la communauté de testeurs qui ont du se sentir terriblement laisés. Pourtant, tout n'est pas à jeter : loin de là.

 

The Getaway est un GTA-like, premier concurrent "sérieux" de la claque GTA III de Rockstar. D'autant plus que cet exclu Playstation 2 a de quoi se distinguer de ce dernier.

L'histoire raconte le calvaire de Mark Hammond, ancien gansgster appartenant au clan des Collins (la criminalité du quartier de Soho), qui voit du haut de sa fenêtre d'appartement sa femme se faire executer et son fils kidnapper par une mystérieuse bande de voyous en costard. Ni une, ni deux, le gangster repentit descend à toute vitesse et monte dans sa caisse afin de rattraper les malfaiteurs pour récupérer son gosse. Et il roule vite, le bougre. Arrivé au hangar où les assassins de sa dulcinée se sont réfugiés, il se fait assomer et se retrouve face à Mister Jolson, l'un des plus gros Caïd de Londres. Le deal ? Si Hammond veut retrouver son fils, et pas en petits morceaux, il va devoir se montrer très coopératif avec le Caïd. S'en suit une série de missions, ma foi assez classiques (va buter tes anciens copains de Soho, va libérer mon neveu du fourgon de police qui le mène en taule, récupère cette statue aux Chinois, etc etc), mais avec une atmosphère vraiment particulière, trop rare dans le Jeu Vidéo. Surtout que dès que vous avez fini l'histoire de Mark, vous débloquez celle de l'Inspecteur Carter, qui narre la même histoire mais, cette fois, du point de vue du flic. Idée plutôt classique pour rallonger la durée de vie qui reste tout de même assez courte : à compter une dizaine d'heure.

Vous l'aurez compris, malgré l'aspect légèrement cliché (mais pas trop finalement) de l'intrigue, le scénario et surtout l'ambiance de The Getaway envoi sévère ! Avec une VF entièrement localisée et qui s'en sort pas mal, même si l'on perd du coup l'aspect "british" qui renforce l'immersion. Sachez qu'il vous est possible de changer la langue des voix dans les options, mais malheureusement pas les sous titres, qui adopteront la même langue choisie, tout comme les menus. Un peu stupide.

 

Le scénario introduit, on se retrouve donc face a un GTA-like qui nous propose diverses péripéties en plein coeur de Londres qui, selon Sony, avoisine les 40 km² de terrain de jeu (aucune map n'étant disponible dans l'interface d'option, il est difficile de vérifier cette affrimation). Et elle est belle cette ville. Assez vide en terme de piétons, il faut bien l'admettre, le traffic est cepdendant suffisamment dense pour se croire en plein capitale anglaise aux heures de pointes. La conduite est, d'ailleurs, un des points forts du gameplay (si ce n'est le seul). Ici, pas de vols planés extravagants mais plutôt des carambolages réalistes, une conduite relativement maîtrisé et une fragilité du véhicule qui l'est tout autant. Ceci se traduisant par un immobilisation de la voiture qui fini même par brûler après trop de dommages infligés. Juste quelques baisses de frame-rate qui, ça et là, viennent un peu plomber le plaisir. Mais rien de bien handicapant. Un bon point donc.

Là où le bât blesse, c'est malheureusement pour tout le reste ! Les phases à pieds deviennent vite un calvaire, notamment à cause d'une caméra stupide et capricieuse dont il est impossible de diriger manuellement. Et ça choque ! Sans compter une animation des personnages qui oscille entre le "plutôt sympas", lorsque Mark ou Carter se baisse pour ramasser un flingue à terre tout en continuant sa marche, et le "très mauvais" lors de ces fameuses montées des marches d'escalier qui tutoient le ridicule.

 

Les graphismes sont par contre vraiment agréables, surtout pour l'époque (2002, je précise), une des grandes forces du titre de Team Soho. Mention spéciale pour la reproduction très fidèle et immersive de la ville de Londres, tout en photo-réalisme et la présence de vrais véhicules. On s'y croirait presque.

 

A noter également, une excellente bande son qui ajoute vraiment un cachet british très très classe (merci Amon Tobin) dans un style lounge-trip hop qui sied parfaitement à l'intrigue, l'ambiance et la ville où se passe l'action. Des dialogues crus, vulgaires et violents trouvent également leur place, sans tomber dans l'exagération. Une réelle "fraîcheur" en terme d'atmosphère de jeu vidéo, en 2002; même si ces derniers, encore une fois, prennent une tout autre dimensions en V.O, pour le peu que vous maîtrisez la langue de Shakespeare (et de son accent !).

 

N'en reste pas moins beaucoup d'ombres au tableau, comme entre autres l'impossibilité d'effectuer des missions annexes et de se ballader dans Londres. Il y a bien un mode "ballade" débloqué à la fin du jeu mais qui n'a strictement aucun intérêt. Une animation en dent de scie et un gameplay plus que perfectible. Il est la vrai que la pillule a du mal à passer lorsque l'on se souvient des douces promesses de Sony. N'en reste pas moins un jeu avec une identité propre, une âme même, et qui mérite finalement le coup d'oeil !

 

Si Sony avait été moins prétentieux dans ses promesses concernant The Getaway, le jeu aurait probablement reçu un meilleur accueil critique à l'instar de l'excellent Mark of Kri développé par Sony San Diego, sortie peu de temps après et qui avait créé la surprise au vu du peu d'informations qui nous avait été donné lors de sa création. Une leçon de comm', en somme. Mais lorsque l'on observe le flop du très bon MoK et le succès du très moyen The Getaway, on comprend déjà un peu mieux certaines stratégies commerciales.