Bon, après 25 ans, la
routine a du s'installer chez William (le monsieur qui chantait la
chanson du dessin animé de Pacman, c'est dire s'il s'y connait en jeu
vidéo le gars) mais que dire de celui qui présente la revue de presse de TéléMatin, le
désormais célèbre Nathanaël de Rincquesen, tout du moins célèbre dans le microcosme des gamers avertis et des fans du 13h00 de France 2 puisqu'il a été (est encore ?) "joker" d'Elise Lucet.

Même pas la quarantaine, il pourrait être vous ou moi, peut-être
même joueur à ses temps perdus, mais ce n'est pas le cas... ou alors il
cache bien son jeu (ahah). Bref, Monsieur de Rincquesen fait une revue de
presse qui vire en revue de l'à peu près digne des meilleurs passages
de Kad&Olivier. S'appuyant sur un article paru dans le journal Libération (et publié depuis sur le site Ecrans.fr, site que je vous conseille au passage) qui parlait d'une conférence-débat qui s'est tenue dernièrement à la Sorbonne et dont le thème était, attention ça fait peur, « Dépendance aux écrans. Et si on en parlait en famille ? »...
Ah ben non, c'est pas si violent que ça en fait... Et voilà le
problème, c'est que le journaliste de France 2 n'a même pas pris le
temps de lire l'article. En effet, le contenu de cet article n'est en rien alarmiste,
précisant bien qu'il faut parler ici de dépendance et non pas
d'addiction, ce qui est quand même une différence majeure...

L'animateur appuie fortement sur le côté addictif... et poursuit avec des chiffres, des gros chiffres : "les spécialistes parlent de conduites addictives qui concerneraient 600 à 800.000 personnes chaque année en France". Mais voilà, l'article disait en fait : "selon
un rapport sur la cyberdépendance, rédigé en 2008 par deux députés UMP,
entre 600 000 et 800 000 personnes (adultes ou jeunes) seraient
victimes d'une « conduite addictive ». Fiable ? Préoccupant ?". Voilà donc nos deux députés UMP propulsés spécialistes... mais de quoi ? 
De plus, les chiffres sont contestables et sont même mis en doute dans l'article, ça commence fort.

Continuons un peu la dissection de cette petite minute de grand n'importe quoi. "L'an
passé, le service addictologie de l'hôpital Marmottan, c'est à Paris, a
reçu 300 patients en consultation pour ce genre de problème".
Là, ce cher Nathanaël lit correctement l'article mais omet
soigneusement un passage qui permet de mettre ce chiffre un peu abscons
en perspective : " « Nous avons environ 300
consultations annuelles pour des problèmes de cyberdépendance »,
annonce Elizabeth Rossé, psychologue au sein de l'établissement, quand
le nombre de toxicomanes pris en charge avoisine les 2 000. Une façon
de recadrer le débat.". En effet, le chiffre de 2.000
consultations pour toxicomanie permet de voir l'écart entre les
deux chiffres, avec d'un côté une pratique qui touche 99% des jeunes (le
jeu vidéo) et de l'autre, une pratique certes répandue mais quand même
bien loin d'être aussi banalisée que le jeu vidéo. Et qui dit consultation ne veut pas dire
hospitalisation ou même traitement... De plus, il a été également
reconnu par la suite que la majorité de ces consultations étaient
celles de parents venant chercher des conseils... Bref, une bien belle
diabolisation, surtout sur le ton où cela a été dit.

J'ai gardé le meilleur pour la fin, rassurez-vous. "Souvent des jeunes qui passent leurs journées derrière leur écran à se goinfrer des meuporgues, explique le journal", le "meuporgue" étant même dit avec un petit air de dégoût... Et là, que dit le journal ? "Soit, mais que faire quand un jeune perd
la notion du temps à force de se goinfrer de MMORPG, nom barbare qui
désigne les jeux de rôle en ligne auxquels on prend part avec un
maximum de compagnons virtuels ?" En effet, le mot goinfrer est bien utilisé, mais où est donc le meuporgue ?
C'est ce moment que choisit Willy pour se réveiller... En effet, ce
mot l'interpelle (sans doute parce qu'il pourrait être utile pour ses
mots croisés qu'il complète nonchalamment sur le plateau).
"Les meuporgues étant le nom barbare qui désigne
les jeux de rôle en ligne auxquels on prend part avec d'autres
compagnons virtuels". Ici, on a presque un copié-collé de
l'article de Libé, sauf qu'une fois encore, point de meuporgue dans
l'original... Alors Nathanaël, besoin de lunettes ? D'ailleurs, cela
surprend toujours Willy et du coup, Nath' renchérit en disant "ça s'appelle comme ça, je suis désolé", style j'y peux rien si les jeunes ne savent plus quoi inventer mon pov' Willy...

Et voilà la fatalité ultime, le moment où Willy essaye de caser le
mot dans sa grille en demandant à son bon assistant comment s'écrit ce
mot barbare. Et là, les yeux rivées sur l'article, on apprend que ça
s'écrit "MMMPORPG"... alors qu'il est écrit noir sur blanc MMORPG... on a donc un M et un P en trop... un problème de lentilles sans doute...

Conclusion du sieur Leymergie : "Ben vaut mieux le voir écrit plutôt que de le prononcer", "Exactement (petite rire sarcastique), c'est difficile à dire" acquiesce Nath', et là, tout est dit... Suffit donc de le voir écrit...

Pour conclure ce billet, je vais laisser la conclusion de l'article
de Libé qui est elle beaucoup plus optimiste et sans doute plus près de
la vérité, tout du moins je l'espère : "Soit, mais
que faire quand un jeune perd la notion du temps à force de se goinfrer
de MMORPG, nom barbare qui désigne les jeux de rôle en ligne auxquels
on prend part avec un maximum de compagnons virtuels ? S'il se trouve
un parent dans la salle pour lancer un « Madame, l'autorité, c'est
savoir dire non », les intervenants prônent classiquement la
négociation. Et la discussion. A en croire le psychiatre, faire
raconter à un ado l'univers de son jeu de prédilection, la façon dont
il y évolue, c'est déjà la promesse de modifier son comportement."

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/me se demande s'il faut en rire ou en pleurer...