Après avoir lu un petit article décrivant le déroulement d'une scène de "Fahrenheit" dans le dernier hors-série de Mad Movies(de l'époque), je me suis décidé à me procurer ce jeu. Après avoir
quelque peu tourné dans les magasins de ma pauvre petite ville
(Vesoul), j'ai finalement trouvé en occasion une version PS2 de ce jeu.
Rentré chez moi, j'insère la galette pour l'installer via mon
HDAdvance, histoire de ne pas connaître les temps de chargement qui ont
l'air assez longuet (d'après ce que j'avais lu ici et là). Perdu, le
jeu s'installe bien, se lance mais bloque après avoir choisi le mode
d'affichage. Après recherche, ça le fait chez tout le monde. Bon, pas
grave, je vais jouer via le DVD.

Qu'est-ce que c'est ?

D'après son créateur, David Cage (ci-dessous dans le tutoriel de "Fahrenheit" car c'est lui qui vous explique comment jouer), aussi connu pour son studio Quantic Dreamavec lequel il a développé "Nomad Soul" et le prochain et prometteur,
enfin pour moi, "Heavy Rain", ce jeu devait être le renouveau du jeu
d'aventure.
Avec un scénario hollywoodien, des doubleurs hollywoodiens et une mise
en scène hollywoodienne, le jeu arrive à se démarquer. Tout commence
alors que vous êtes dans les toilettes d'un restaurant à New-York, en
train de vous scarifiez les avant-bras. Vous vous levez, et allez tuer
un gars qui pissait par là. Après le meurtre, vous reprenez vos esprits
et vous rendez compte de ce qui vient de se passer... Que faire ? Vous
ne pouvez pas vous rendre à la police qui vous emprisonnerait
directement... Il ne reste qu'à trouver le pourquoi du comment. Donc,
d'un côté, vous incarnez Lucas Kane, tueur qui ne l'est pas vraiment et
qui cherche la vérité. De l'autre, vous incarnez deux flics qui
essayent de coincer Kane et se rendent compte, au cours de l'enquête
que quelque chose cloche... Voilà pour le côté scénario et mise en
bouche.

Alors ?

Au départ, on se prend au jeu, c'est le cas de le dire, et on reste
ébahi devant les diverses possibilités offertes par le jeu rien que
dans la première scène qui permet de se sortir de la situation de
diverses manières. Impressionnant ! Et là, on se dit que le jeu est
bien parti pour être étonnant. Et il l'est, mais pas sur la longueur...
malheureusement. En effet, le phénomène s'essoufle assez vite et on a
l'impression finalement d'avoir un jeu assez linéaire, ce qui s'avérera
vrai lors de la deuxième partie... dommage donc. En effet, vos différentes
actions ne vous amènent jamais à changer le scénario en profondeur,
seul quelques dialogues diffèrent, ou bien quelques minuscules scènes
apparaissent, ou non. Et là, on se dit que par rapport à "Shadow of
Memories" de Konami, on recule un peu. Les deux sont assez
similaires d'ailleurs, même si le jeu des petits gars de Quantic Dream
est moins contemplatif, ce qui n'est pas un mal d'ailleurs. Mais les
deux se veulent toutefois des "films interactifs".

Quand on compare les deux titres, "Fahrenheit" a un avantage
indéniable, sans doute aidé par sa sortie plus tardive : une
réalisation cinématographique indéniable, avec de nombreux travellings,
angles de caméra audacieux, split screen à la "24 heures chrono" et
d'autres astuces que les cinéphiles repéreront sans soucis. Mais là où
le bas blesse, c'est que "Shadow of Memories" permet de nombreux
embranchements scénaristiques que l'on ne retrouve pas dans
"Fahrenheit"... Et ça, ça casse pas mal le truc et tue aussi la durée
de vie, surtout au niveau "rejouabilité" (la fameuse "replay value").

Le jeu en lui même.

Vous incarnez à la fois le meurtrier et les policiers qui mènent l'enquête. La mise en scène des différentes actions
permet de ne pas tout connaître à l'avance. Par exemple, quand on
planque un truc, on ne sait pas forcément où, ce qui nous laisse le
loisir de fouiller un peu quand, par la suite, on incarne les
policiers. Cependant, si jamais vous ne trouvez pas un indice tout de
suite, où si jamais vous ne faites pas la bonne action au bon moment,
le jeu vous guidera par la suite pour éviter le "retour rapide" (qui
remplace le célèbre game over et qui vous renvoye à votre
dernière sauvegarde). En effet, si vous n'effectuez pas une action
"primordiale", le jeu continue et vous laisse une échappatoire : soit
un personnage non joueur vous amène un indice qui vous a échappé, soit
vous pourrez effectuer une action permettant de rattraper celle que
vous n'avez pas faite. Sympa, car cela permet au jeu de conserver sa
vitesse de déroulement, mais cela montre que finalement vous êtes sur
des rails...

De plus, ici point d'inventaire même si le jeu ressemble à un jeu
d'aventure. Les actions possibles, qui sont très variées d'ailleurs,
s'affichent en haut de l'écran et sont effectués lors du déplacement du
stick droit dans une certaine direction. Basique mais cela permet
également de bien se sentir dans le jeu. Au niveau des dialogues, ils
sont faits aussi de manière à vous immerger dans le jeu, puisque vous
participez aux dialogues mais avec un temps restreint et vous ne
connaissez que l'idée principale de la phrase ou de la question de
votre personnage. Et contrairement à un jeu d'aventure classique, vous
pouvez rater des parties de dialogues si vous ne choississez pas les
bonnes idées. Pas d'inquiétude, le jeu se poursuivra quand même mais
vous perdrez quelques informations au passage, que vous découvrirez ou
non plus tard.

Reste
les "Quick time event" (repris de "Shenmue") et qui rythment les phases
d'actions du jeu. Contrairement au reste du jeu qui fait tout pour vous
immerger, là, vous vous retrouvez avec deux cercles de couleurs devant
les yeux et l'action se déroule en arrière plan. Le soucis, c'est que
vous ne voyez pas vraiment l'action, mais vous vous focalisez sur les
cercles qui vous invite à faire "haut, bas, gauche ou droite" avec les
deux sticks analogiques de la manette. De plus, ces scènes durent assez
longtemps et sont toujours identiques dans leur déroulement. Il y
aurait peut-être fallu faire des mini-jeux avec une jouabilité
différente pour chacune des scènes, afin d'éviter la répétition. Les
phases d'actions sont également ponctuées, quelques fois, de passage
physique ou de passage où vous devez aider Carla (la policière) à
respirer. Les premières se jouent comme un Track&Field en
bourrinant alternativement les touches L1 et R1, et les secondes en
alternant les mêmes boutons mais de manière beaucoup plus posée.

Finalement ?

La grosse première moitié du jeu est très intéressante, que cela
soit scénaristiquement ou encore à jouer, en plus, on a droit à
quelques passages
sympathiques (sans doute aidé par le fait que le jeu soit interdit au
moins de 16 ans). Mais, vient ensuite la succession de chapitres
rapides qui ne sont là que pour placer le scénario et dont l'intérêt
ludique est bien moindre. Mais finalement, ma première partie a été
très intéressante et j'ai adoré ce jeu.
Cependant, il fallait bien un cependant, le jeu perd tout son
charme quand on le rejoue, puisqu'on se rend compte que la liberté que
l'on croyait avoir n'est qu'illusoire. Quoi que vous fassiez, la trame
reste la même et ceci casse tout...

Niveau graphisme, le moteur tient la route sans non plus être au
summum, même si je donnerais une mention spéciale aux visages des
personnages et aux diverses animations qui sentent bon la
motion-capture.

Niveau musique et voix, c'est la classe, avec des musiques de Monsieur Badalamenti(compositeur de musiques de films) ou des musiques connues des années
80. De plus, les voix françaises sont très bonnes même si l'on perd la
synchronisation labiale. On retrouve les voix françaises de Keanu
Reeves, de Will Smith ou encore d'Angelina Jolie (pour les principaux
personnages). Bref, ça fait plaisir à entendre.

Pour en finir, je dirais que ce jeu vaut la peine d'être joué et
j'espère sincérement qu'on aura prochainement un "Fahrenheit" avec une
fin un peu moins "baclée" (NDMoi-même : sans doute "Heavy Rain") et
avec différentes trames, ce qui lui apporterait ce petit plus qui lui
fait cruellement défaut.

PS : Comme
vous pouvez le constater, ce test ne comporte pas de note. À l'époque,
je m'étais abstenu d'en mettre et je ne me voyais pas en mettre une à
posteriori. De plus, cela fait quelques temps que le principe de note,
avec son côté scolaire et de classement (un jeu ayant 7 étant forcément
meilleur qu'un jeu ayant 6), ne me paraît plus valable.

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/me s'est refait une partie de "Fahrenheit", juste avant la sortie de "Heavy Rain ^^