Quatorze ans après sa sortie en France, retour sur Dingo et
Max, dessin animé dédié au célèbre personnage de Disney et à son fils.
Premier long-métrage à avoir pour héros le célèbre
personnage de Disney, Dingo et Max ne paie de prime abord pas de mine.
Pourtant, il se révèle un dessin animé original et touchant.
Conçu pour une grande part dans le studio Disney de
Montreuil, ce film sorti chez nous au cinéma en 1996 (1995 aux Etats-Unis) raconte
l'histoire de Max, jeune adolescent méprisé par ses camarades et amoureux de la
belle Roxanne, qu'il tentera, à la veille des vacances, de conquérir grâce à un
concert improbable qui remplacera le discours de fin d'année du proviseur. Mais
son père, Dingo, coupe court à ses espoirs en décidant de l'emmener camper...
S'il se destine d'abord à une cible familiale, Dingo et Max se
révèle bien différent de la majorité des dessins animés. De fait, le film est
centré sur la relation entre père et fils, qu'il traite avec justesse,
notamment au travers des chansons (traduites en français ou interprétées par
Tevin Campbell, dont est inspiré le personnage de la rockstar Powerline),
toutes très accrocheuses, qui ponctuent les moments forts de l'histoire. Les nombreux
gags et les situations loufoques se situent certes dans la droite lignée des
dessins animés Disney, mais ils n'enlèvent rien à l'originalité du film, voire
s'y mêlent parfaitement.
A lui seul, le début de l'histoire résume les qualités de
celui que l'on appelle, en version originale, A Goofy Movie. Le film s'ouvre
par un rêve de Max, puis son réveil pour le dernier jour d'école. Très vite, on
en apprend beaucoup sur ces personnages attachants et leur caractère, comme la
fragilité de Max, prêt à tout, à quelques heures des vacances, pour séduire
Roxanne. Mais ce n'est qu'un exemple, car on retrouve tout le long de
l'aventure une maturité peu commune aux dessins animés Disney, entre un Dingo
qui veut sauver son fils de la chaise électrique et une scène angoissante et
apocalyptique.
Bien qu'inégal (avec quelques passages moins intéressants à
un tiers environ de l'histoire), le film ne se départit jamais de sa sensibilité,
à l'image d'une scène où Max et Dingo, assis sur leur voiture, qui flotte sur
l'eau après leur dispute et un accident, chantent ensemble pour l'un des plus
beaux moments de l'aventure. Dans ce long voyage qui mènera finalement père et
fils jusqu'à Los Angeles, on retrouve toujours aussi le mélange entre la
maturité inhabituelle évoquée plus haut et l'extravagance des situations,
parfois complètement farfelues.
Un détail en dit long sur les qualités de Dingo et Max : ici,
si Pat (le célèbre ennemi de Mickey, cette fois collègue de Dingo et père de
P.J, lui-même ami de Max) a en quelque sorte le mauvais rôle, il n'existe pas de
méchant à proprement parler. Mélange de gags et de scènes touchantes, ce dessin
animé qui aborde comme rarement les relations entre père et fils, sublimé par
un joli dessin, s'avère à la fois sensible et juste. Et dire qu'il date de 1995...
On pourrait d'ailleurs le croire oublié, mais les commentaires nostalgiques
fleurissent à son sujet sur YouTube.
Une suite à ce Dingo et Max a plus tard vu le jour. Dingo et
Max 2 Les Sportifs de l'Extrême (2000), en effet, raconte quant à lui l'entrée
de l'adolescent à l'université, où il essaiera, avec ses amis Boby et P.J. (tous
deux déjà vus dans le premier épisode), de remporter le grand tournoi de sports
extrêmes organisé chaque année. Mais Dingo, renvoyé de son travail, sans diplôme
et triste de voir son fils s'éloigner, va revenir s'asseoir à ses côtés sur les
bancs de l'école...
Ce Dingo et Max 2 m'a en revanche beaucoup déçu. Et autant
expliquer ce qui m'a plu dans le premier épisode est difficile, autant les
défauts de cette suite me paraissent bien clairs, tout en faisant ressortir les
qualités de l'opus original.
Tout d'abord, Dingo et Max 2 reprend le thème principal de
son prédécesseur, mais cette fois sans talent : la relation entre père et
fils est similaire à celle du premier épisode, avec plus de lourdeur (le film
en fait parfois trop pour montrer un sentiment). Et d'un autre côté, Les
Sportifs de l'Extrême renie parfois l'identité de la série, en supprimant le personnage
de Roxanne et en faisant de Boby, camarade de Max autrefois utile mais peu en
vue, son meilleur ami avec P.J. (Dingo, quant à lui, n'est plus photographe
dans un supermarché, mais travaille à l'usine).
De plus, les trois « sportifs de l'extrême » fans de skate passent leur temps à lever la main en l'air et crier
« Ouais, on va gagner ! » comme des gamins, loin des personnages
crédibles et attachants du premier épisode. Dans l'ensemble, la relation entre
père et fils, malgré ses défauts, se révèle d'ailleurs plus intéressante que la
nouvelle vie de Max à l'université - bien que les deux soient mêlés -, qui
introduit des personnages sans intérêt. Enfin, contrairement au premier Dingo
et Max, les méchants - tricheurs et manipulateurs - sont clairement identifiés...
Seules deux scènes réussies (la danse et surtout le rêve de
Dingo), accompagnées par de très bonnes chansons - en anglais cette fois-ci -, apportent
un peu d'intérêt à ce Sportifs de l'Extrême. Moins plaisante esthétiquement,
cette suite n'est au bout du compte qu'un dessin animé standard, très loin de
ce qu'apportait l'opus original.
Si j'ai vite oublié cette suite qui n'en est pas vraiment une, le premierDingo et Max me plaît, lui, toujours autant. Pour son humour, son originalité et sa
justesse, je le regarde à chaque fois avec le même plaisir.