Grand est le continent, long est le chemin. Le plus chiant, c'est quand les pays sont grands, en plus. 'Manquerait plus qu'ils soient à cheval sur deux continents pour ça nous retourne le cerveau. Ben ouais, sauf qu'ici, c'est le cas. Considérant, comme hier avec la Turquie, que la majeure partie du territoire en question est en Asie, permettons-nous une liberté, servez-vous une vodka pour entrer dans l'ambiance, et direction...
ESCALE n°4 : L'EX-URSS
A vrai dire, j'ai un peu galéré pour écrire cette partie du dossier. Parce que les jeux utilisant l'ancien territoire soviétique ne courent pas les rues. C'est vrai quoi, ça intéresse qui, par chez nous, les histoires de tsars et de types qui picolent de l'alcool à brûler dans une cahute en acacia sec ? Très difficile de trouver quelque chose de plus historique que les jeux parlant de la guerre froide, ou bien ceux dans lequel le grand ennemi s'appelle KGB.
On est bien aidé par James Bond, heureusement, puisqu'au même titre que le film, le jeu GoldenEye se déroule principalement en Russie ou, comme dans la mission illustrée par cette musique "Soviet Missile Silo", au Kirghizstan.
Vous avez compris que je fais un truc sur l'ex-URSS et pas sur la Russie juste pour caser le Kirghizstan ou pas ?
Le problème des musiques russes traditionnelles, c'est que ce sont donc plutôt des hymnes à l'apéro ou des trucs comme ça, bien joyeux. Pas le genre de sonorités qui coïncident avec l'image que le pébron américain de base souhaite apporter à l'URSS, à l'ennemi, au communiste qui se dope à la graisse de buffle de Sibérie.
D'ailleurs, franchement, le thème de Zangief dans Street Fighter 2 ne fait même pas peur, on se croirait en soirée disco.
A l'inverse, quand on veut s'imprégner du folklore local pour composer des musiques, problème : ce sont des gammes relativement identiques à celles que nous connaissons, tous occidentaux que nous sommes, donc difficile de vraiment donner une patte "russe" à un morceau. A moins d'aller piquer directement dans la chanson traditionnelle de base, ce qui se fait nettement plus qu'on ne le pense.
Prenons le thème de l'équipe soviétique du jeu Super Dodge Ball, par exemple. Peut-être en manque d'imagination, les développeurs ont tout juste boosté "Katyusha", chanson traditionnelle datant de 1938 parlant d'un soldat parti au front qui écrit à sa copine. Elle sera beaucoup chantée aux soldats pendant la Seconde Guerre Mondiale. Remarquez, c'est dangereux aussi, le dodgeball
L'exemple le plus connu est, comme tout le monde peut s'en douter, celui de Tetris, créé par les russes (plus précisément par un certain Alexei Pajitnov) en 1984. Nintendo a été malin en reprenant à son compte le jeu pour la GameBoy : plus de 30 millions de cartouches écoulées, 5e jeu le plus vendu de tous les temps (derrière la première version de Pokemon, Super Mario Bros, Mario Kart Wii et Wii Sports) et une musique qui demeure aujourd'hui un hymne geek par excellence. Ca en devient presque malsain quand on voit écrit "Original Tetris Theme" sur les vidéos d'interprétation de la musique originelle donc, morceau du folklore russe nommé « Korobeiniki », écrit en 1861 par un certain Nikolai Aleksevitch Nekrasov, poete réputé.
Ci-dessus, inutile de présenter le thème de Tetris, que je ne mets vraiment que pour la comparaison.
Ci-dessous, l'orchestre Ossipov, l'un des tous meilleurs de Russie, composé de balalaïkas, de zhaleikas et d'accordéons pour la touche instrumentale locale, interprète "Korobeiniki" en 2006.
Donc, on doit bien l'avouer, mettre ça dans des jeux récents, c'est quand même ultra chaud. Heureusement, le rock russe est ultra-prolifique ! Souvenez-vous des Pussy Riot qui ont pris quelques années de taule... Et pas que.
J'en profite pour faire un peu de pub pour Radio Campus Montpellier, qui possède l'émission "Rouski Tchas" qui ne diffuse que du rock russe une heure par semaine. Et c'est vraiment bon, je vous jure.
Le rock russe a une empreinte vraiment bien définie. On peut la découvrir entre autres sur la radio Vladivostok FM dans Grand Theft Auto 4. Ici c'est une chanson de Glukoza qui s'appelle "Schweine"
Ces russes sont plutôt étonnants, en fin de compte. Et s'il fallait les jeux vidéos pour exporter leur musique, aussi bien moderne que traditionnelle, je ne regrette pas la découverte.
Euh, au fait... Il nous reste une escale à faire demain !