Après une série de vidéos qui m'a permis de vous montrer quelques titres Neo Geo peu communs (Billet 1, Billet 2, Billet 3), je reviens une nouvelle fois sur cette ludothèque que j'affectionne tout particulièrement. Mais cette fois-ci, la thématique sera plus maitrisée, et le propos plus étayé.

Un gros morceau des jeux sortis sur Neo Geo sont des représentants du Beat Them Up, ou jeu de combat en versus. Nous sommes d'accord, la ludothèque est essentiellement connue pour cela. Des King of Fighters, aux Fatal Fury, en passant par les  Art of Fighting et autres Samurai Spirits, on a vite fait d'avoir une vue d'ensemble très orientée. Cela dit, il serait fort dommage de passer à côté des autres genres qui gratifient une ludothèque légendaire d'un peu moins de 150 cartouches sorties officiellement.

Comme à l'accoutumée, je vous propose une version vidéo afin de bénéficier de belles illustrations animées (le texte de ce billet a été écrit pour les spécificités du support vidéo).

Dans ce billet (1ère partie), je vous propose de nous attarder sur les Beat Them All du support, en les passant en revue un à un tout en les classant par ordre de mes préférences. Bien sûr, je vous invite à vous manifester dans les commentaires dans le cas où votre avis serait différent, je serais ravis d'en discuter ;)

 


8/ NINJA COMBAT : Commençons sans plus tarder par Ninja Combat. Et cela tombe bien car il s'agit du premier Beat Them All sorti sur le support. Réalisé par Alpha Denshi, qui deviendra plus tard l'excellent studio ADK, il s'agit d'un titre très honnête compte tenu de son ancienneté. Très clairement, le jeu a été conçu dans la continuité de Gang Wars, un Beat Them All du même studio sorti un an plus tôt. Cette fois-ci, les Ninjas remplacent la plèbe urbaine pour un titre au gameplay plutôt old-school mais néanmoins pas dénué d'intérêt pour autant (j'y reviendrai).

Côté réalisation, c'est ma foi plutôt bon pour une Neo Geo en début de carrière avec de beaux zooms, de belles explosions ainsi que des musiques et bruitages très corrects pour 1990. Quel dommage que le visuel soit entaché par un design à l'élégance plus que discutable, dotant le jeu d'un aspect kitch subi fort regrettable. Du côté du gameplay, et c'est très original, les deux personnages principaux ont un coup de base qui s'utilise à distance. Le lancer de shuriken nous fait appréhender le jeu presque comme un Shoot Them Up par moment, c'est assez étrange aux premiers abords mais se révèle vraiment chouette avec le temps. Rassurez-vous, il est possible de ramasser diverses armes pour attaquer au corps à corps, de réaliser des acrobaties pour se sortir de situations délicates et même de charger un sort dévastateur qui fera le ménage sur tout l'écran.

Petit regret cependant, le feedback des ennemis est très peu perceptible la plupart du temps (soit un rapide clignotement blanc ou une frame d'animation éclair) et leur recovery est bien trop succinct ! Ce qui fait que souvent, en attaquant un adversaire, il parvient tout de même à se rapprocher de vous tranquillou pour vous toucher avant de mourir. Cela a pour effet d'augmenter considérablement la difficulté du jeu et pour y remédier il faudra vous positionner avec beaucoup d'attention et surtout, gardez vos distances ! Sinon, autre petite originalité, à la fin des 3 premiers niveaux, on recrute de nouveaux personnages vaincus qu'il sera alors possible de sélectionner à votre guise avant chaque niveau. Et c'est vraiment très cool car ça offre pas mal de variété à un gameplay qui ne propose ni enchainements de coups ni choppe. Eh oui, apparemment, les gars de chez Alpha Denshi n'ont pas souhaité puiser dans les idées d'un certain Final Fight qui révolutionna le genre avec ses enchainements de coups jouissifs. Reste un jeu, certes un peu brut de décoffrage, mais qui vaut tout de même que l'on s'y penche, car il est un très bon symbole du genre Beat Them All avant les nouveaux standards instaurés par Final Fight.

 


7/ EIGHTMAN : Bin tiens, nous parlions des nouvelles normes brillamment fondées par Capcom, voici un autre titre qui leur tourne le dos de manière magistrale. 8Man est en effet plus proche des Beath Them All préhistoriques tels que Kung Fu, Vigilante et consorts. Au programme, un seul plan de déplacement, pas d'enchainement, une palette de mouvements limitée et des vagues linéaires d'ennemis. Bon avant tout 8Man, c'est quoi ? Il s'agit de la seule et unique adaptation vidéoludique d'un manga culte au Japon écrit par Kazumasa Hirai et dessiné par Jiro Kuwata. Ce manga de science-fiction des années 60 aurait prétendument inspiré le fameux film Robocop de Verhoeven. Dans 8Man, le détective Yokoda a été assassiné et son corps fut récupéré par le professeur Tani qui réussit (après 7 échecs sur 7 autres corps, d'où le titre 8Man) à transférer son énergie vitale dans un androïde capable de se déplacer à une vitesse incroyable. Enfin bref, l’œuvre a beaucoup influencé la figure du cyborg dans la création japonaise et il n'est donc pas étonnant de voir un jeu sortir sur ce personnage emblématique même 30 ans après.

Le jeu met donc en scène 8Man ainsi que son acolyte 9Man (dans le cas où vous jouez à deux joueurs), dans un combat contre une invasion de cyborgs. Fort naturellement, c'est le gimmick de la vitesse qui sera au cœur du jeu. Le personnage tape très vite, les coups pulsent si vivement que l'on ne peut qu'apercevoir les déplacements d'air. Plutôt chouette comme effet visuel et si cela enlève l'impact des coups que l'on a l'habitude de ressentir dans les Beat Them All, il est très plaisant d'éprouver ce petit trip supersonique très rafraichissant. 8Man n'a pas beaucoup de coups, il a sa rafale fulgurante dont on vient de parler, un coup circulaire, une glissade, un saut et peut glaner des supers pouvoirs ponctuels. Les vagues d'ennemis sont parsemées de quelques éléments de level-design fort sympathiques, ça permet de casser la monotonie de la progression old-school et les ennemis se renouvellent plutôt convenablement dans leurs patterns d'attaques.

La grosse plus-value du jeu, ce sont ses niveaux de sprint absolument grisantes. Le scrolling différentiel ultra rapide est exceptionnel, et les ennemis qui bondissent du premier et arrière plan me font un effet certain. J'adore ces phases où il vous faudra réagir vite et durant lesquelles le placement du personnage est essentiel. Malheureusement, le jeu s'avère assez répétitif et peine à se renouveler dans ses différentes phases, mais il n'en reste pas moins marqué d'une identité forte, d'un dynamisme remarquable, d'un gameplay old-school assumé qui possède ses propres originalités. Perso, je prends beaucoup de plaisir à relancer la cartouche de temps à autre.

 


6/ BURNING FIGHT : Bon, l'ombre de Final Fight plane sur ce classement et c'était inévitable, nous voici face à un clone direct : Burning Fight. Réponse de SNK à Capcom, le jeu se déroule dans les rues malfamées d'Osaka et met en scène 3 personnages. Le cachet japonisant du jeu est appréciable et WHOUHOU, on peut même choisir un clone de Saiba Ryo, le héros de City Hunter, l'un des personnages les plus classes que le Japon ait crée !!! Plus sérieusement, Burning Fight repompe pas mal d'éléments de Final Fight et le feeling est sensiblement le même.

Alors oui, les coups ont un peu moins d'impact, les éléments copiés sautent aux yeux de manière évidente, certains coups ennemis ont des priorités abusées et SNK aurait pu peaufiner quelques éléments ici et là mais Burning Fight ne peut être considéré uniquement que comme une pâle copie de son modèle. C'est qu'il a quelques atouts bien à lui le bougre ! Déjà parce que, comme je vous le disais, son ambiance "Japon malfamé" est cool, que de beaux efforts dans la mise en scène rajoutent pas mal de vie et de consistance à l'univers de jeu, que le nombre d'armes à ramasser ajoute pas mal de variété au gameplay, qu'il y a des phases de destruction fort plaisantes dans les différentes enseignes qui parsèment le jeu et WHOUAOU il y a le Colt Python de City Hunter. Bref, c'est un clone OK, SNK aurait pu fournir un dernier coup de polish mais il a indéniablement ses charmes.

 


5/ SENGOKU DENSHÔ : Ceux qui suivent mes productions depuis mes Pixel Tests le savent, je suis passionné par le Japon féodal et ce n'est certainement pas un hasard si j'ai fait une maitrise avec des recherches universitaires centrées sur le Bushidô. Le traitement de ce thème dans la POP culture me fascine également et c'est donc tout naturellement que le jeu qui suit suscite mon intérêt le plus vif rien que par son titre : je parle de Sengoku. Bizarrement, le jeu commence dans un contexte urbain dévasté qui semble envahis par des créatures mythologiques tels que des Yôkai et autres Oni. Pour la petite histoire, il s'agira ici de faire face à la vengeance d'un démon vaincu à l'époque des guerres civiles japonaises. Grosse particularité du titre, et certainement ce qui en fait le plus intéressant des quatre présentés jusqu'ici, c'est que le jeu ne lasse jamais. Sans cesse, le joueur fera moult allés-retours entre l'époque moderne et féodale. Et qu'est ce que c'est une bonne idée ! ça casse à la racine la moindre once de lassitude que l'on pourrait éprouver.

De plus le gameplay est plutôt riche avec pas mal de coups que l'on peut upgrader au fil des orbes que l'on récolte et il propose également diverses transformations avec chacune leurs palettes de coups, leurs avantages et inconvénients. Il faudra faire preuve d'un certain discernement pour jongler avec pertinence et effectivité entre ses métamorphoses afin de braver tous les dangers que nous réserve le jeu. Petite ombre au tableau, j'ai décelé quelques imprécisions dans la détection des hitbox, mais rien de rédhibitoire rassurez-vous. Et si les graphismes pâtissent tout comme Ninja Combat d'un aspect kitch un peu rebutant, la réalisation est solide pour un jeu de première génération. Et tout particulièrement les musiques et bruitages qui sont tout bonnement exceptionnels ! Rien qu'au niveau sonore : des incantations diaboliques aux cris de guerre de samurai en passant par le martellement martial de taiko, une atmosphère complètement délectable est posée. 

Voilà, c'est sur ces notes que nous achevons cette première partie de mon TOP des Beat Them All sur le support Neo Geo. Croyez-moi, ce qui arrive (les 4/, 3/, 2/, 1/) vaut le détour !